Depuis trois semaines, et à l’occasion des 30 ans de la Convention pour la Création et l’Exploitation d’Euro Disney en France, nous vous proposons de découvrir ou de redécouvrir la grande épopée de l’Histoire de Disneyland Paris et de sa maison mère, Euro Disney SCA. Alors qu’il y a quinze jours, nous évoquions l’ouverture du parc, et surtout les deux années difficiles qui s’ensuivirent, avec notamment la restructuration de 1994, dans cette troisième partie, nous allons nous pencher sur les solutions mises en place pour redresser la barre de façon spectaculaire durant la seconde moitié des années 1990.
1994-2002 : D’Euro Disney à Disneyland Paris, le succès est enfin là !
Avec l’affaire «Euro Disney», la Walt Disney Company fait désormais profil bas, et laisse Bourguignon mener la politique qu’il veut. Celle-ci passe d’abord par le fait de laisser plus d’initiatives aux Cast Members, sans qu’ils n’aient forcément besoin d’en référer à leur supérieur. Ainsi, chaque manager boutique sera responsable de cette dernière, chaque hôtel devra gérer ses factures impayées… Euro Disney devient comme une coopérative de 200 «Small Worlds» ce qui est totalement nouveau chez Disney. La restructuration passe également par un plan social drastique, avec la suppression de près de 1000 emplois, en plus du non renouvellement d’une partie des démissionnaires, déjà acté depuis 1993.
À tout cela, il faut rajouter la poursuite de la politique de prix agressifs, ainsi que la restructuration des prix des hôtels, boutiques et restaurants, mise en place par la Direction dès l’été 1993. Cette dernière compte également sur sa nouvelle politique de spectacles, renouvelés au rythme des saisons, ainsi que sur l’augmentation de près de 25% de sa capacité, assurée pour moitié par la construction de 10 nouvelles attractions entre 1992 et 1995.
Pour redorer l’image du parc, Bourguignon profite de la visite de l’ancien président Bush, en juillet 1994. Il demande à celui-ci d’inviter François Mitterrand, pour un repas à l’Auberge de Cendrillon, l’un des restaurants gastronomiques du parc. Ce sera chose faite et le président français viendra ainsi visiter le parc pour la première fois. En plus de ce coup, il faut ajouter le départ de la dernière étape du Tour de France 1994, qui s’est fait depuis Main Street USA et qui a permis une large couverture médiatique du parc. Enfin, la Direction espère que l’ouverture de la gare TGV de Marne-la-Vallée/Chessy, qui a eu lieu le 21 mai 1994, permettra de ramener plus de visiteurs, notamment avec les futures liaisons Eurostar, qui seront mises en place prochainement avec l’arrivée du Tunnel sous la Manche.https://www.youtube.com/embed/videoseries?list=PL6C8B09E2ABE83663Vidéo de promotion de 1994/1995. Vous pourrez y découvrir l’ensemble des nouveautés issues du premier plan de relance (1992/1995) de 1 milliard de francs (152,5 millions d’€uro).
Côté financier, le 1er juin 1994, la Direction annonce l’entrée au capital de l’entreprise, du prince Alwaleed ben Talal ben Abdulaziz al-Saoud, neveu du roi Fahd d’Arabie Saoudite. Le prince compte investir de 1 à 2 milliards de francs (152,5 à 305 millions d’€uro) dans la société, estimant que la crise que vient de traverser Euro Disney, était plus d’ordre ponctuel que chronique.
La restructuration financière de l’entreprise est approuvée par l’Assemblée Générale Extraordinaire du 8 juin 1994, et elle est définitivement signée le 10 août de la même année. Les grandes manœuvres boursières commencent dès la signature officielle de la restructuration. 595 millions de nouvelles actions Euro Disney SCA sont émises. Comme prévu par les accords de 1987, TWDC en souscrit pour 49%, et les prêteurs souscrivent aux 51% restants. Parmi les prêteurs, USCB, la banque du Prince Al-Waleed, souscrit pour près de 114 millions d’actions.
L’argent dégagé par cette augmentation de capital (près de 5,8 milliards de francs, soit 884 millions d’€uro), permet comme prévu, de faire baisser la dette du groupe.
Le Prince Al-Waleed, premier investisseur individuel d’Euro Disney SCA, en nombre d’actions détenues.
En octobre 1994, le Prince acquiert près de 74,5 millions d’actions supplémentaires, auprès d’EDL Holding Company, la société qui détient les actions Euro Disney SCA, pour la Walt Disney Company. Cette opération a pour but de faire baisser la participation de TWDC de 49% à 39%. Le Prince se retrouve ainsi en possession de près de 24% des actions d’Euro Disney. Comme prévu par un accord, cette participation devra diminuer dans l’année, le Prince ayant promis de ne jamais monter à plus de la moitié de la participation de la maison mère (soit 19,5%). En plus de cette participation, le Prince s’est également engagé à apporter à Euro Disney, un montant maximum de 560 millions de francs sur 3 ans, afin de développer et construire un centre de congrès, capable d’attirer le tourisme d’affaire, pour palier au manque de fréquentation en semaine.
Suite aux opérations boursières, l’action passe à 10 francs, prix convenu lors de la restructuration. Mais de fortes variations du cours, causées par des déclarations d’analystes anglais qui jugent que le cours réel ne devrait pas être de 10F, mais de 1,6F, oblige l’AMF à suspendre la cotation du titre à plusieurs reprises.
Dans un souci de clarté et pour marier l’image de la marque Disney avec celle du glamour de Paris, capitale mondiale du tourisme, il est décidé un changement de nom du parc. Le 1er octobre 1994, Euro Disney devient Disneyland Paris. Cette idée de débaptiser le complexe fourmillait depuis déjà quelque temps dans la tête de la Direction, mais c’est une rencontre entre Bourguignon et Gilbert Trigano (ancien patron du Club Méditerranée) qui précipite les choses. En effet, le nom de Disneyland Paris est une idée de cet homme. Les liens entre le Club Med et Euro Disney sont même plus forts qu’on ne le pense, puisqu’en plus du fait que Philippe Bourguignon deviendra plus tard le patron du Club Med, il était aussi question, en 1994, d’un rapprochement entre les deux entreprises. Mais cela fut rejeté par la Walt Disney Company, qui trouvait l’image du Club Med trop «sexy».
En 1994, Euro Disney change de nom, pour devenir Disneyland Paris. La destination gardera cette appellation jusqu’en 2002, avant de la reprendre en 2009.
En novembre 1994, les résultats de l’exercice 1993/1994 tombent. Comme prévu, c’est une nouvelle perte nette d’1,8 milliards de francs (274,4 millions d’€uro), mais bien moins impressionnante que celle de l’année passée. Comme programmé par les accords de la restructuration, la Direction se donne 2 ans (c’est à dire, jusqu’à l’exercice s’achevant le 30 septembre 1996) pour revenir à un résultat net bénéficiaire. Cette année-là, la fréquentation atteindra son plus bas historique, à 8,8 millions de visiteurs.
Vient enfin l’année 1995. Pour Philippe Bourguignon, c’est «l’année de la renaissance». En effet, le 1er juin 1995, est inaugurée en grandes pompes, l’attraction la plus chère jamais construite à l’époque: Space Mountain, de la Terre à la Lune. Le projet Space Mountain de Tim Delanay n’est pas une nouveauté. Il aurait du faire partie des attractions du parc à l’ouverture de 1992. Mais l’envolée des coûts de construction de la Phase IA et son budget pharaonique de 650 millions de francs (99 millions d’€uro) provoqua son report à la phase IC (les développements du complexe allant de 1992 à 1997, dont l’enveloppe de 1 milliard de francs faisait partie).
Space Mountain n’est pas une attraction comme les autres. C’est la seule montagne russe au monde à utiliser un système de catapultage des trains, semblable aux lanceurs d’avions de chasse sur les porte-avions. Mais l’attraction est aussi le premier «looper coaster» (montagne russe avec des inversions) à embarquer la technologie audio-synchronisée directement à bord des trains. Le célèbre documentaire, Shoot for The Moon, de la BBC, retrace l’aventure fantastique de cette attraction, de sa conception à son ouverture.
L’attraction est directement inspirée du livre De la Terre à la Lune de Jules Verne, LE personnage représentatif de Discoveryland, et apporte ainsi ce fameux côté culturel que le public français rechercherait tant. En complément, un parcours scénique mettant en scène le célèbre Nautilus de 20 000 Lieues Sous les Mers, est installé au pied de la «montagne de l’espace», qui ouvrit quelques mois auparavant.
Bien plus qu’une attraction, Space Mountain est le projet qui a fédéré l’ensemble des Cast Members pendant les 3 ans de difficultés qu’a traversés le parc. Pour la promouvoir, la Direction finance même la tournée d’Elton John. En échange, le chanteur fera la promotion de Disneyland Paris et commencera ses concerts par la chanson «Rocket Man…» (l’Homme fusée). À cela s’ajoute l’énorme campagne de Pub TV pré et post ouverture. Le 31 mai 1995, l’attraction est inaugurée en grandes pompes, devant un parterre de célébrités. Le journal de 20h de France 2 en a même fait un reportage.
Publicité TV pré et post-ouverture de l’attraction en 1995.
Journal de France 2 avec reportage sur l’inauguration de Space Mountain
1995 était bien l’année de la renaissance. En effet, les résultats sont très bons. La fréquentation remonte de plus de presque 2 millions de visiteurs, à 10,7 millions. Le taux d’occupation des hôtels remonte à 68,5%, passant au-dessus de la moyenne nationale en France et le résultat net est positif, à 114 millions de francs (17,4 millions d’€uro). La restructuration a donc porté ses fruits et la Direction est arrivée à remplir son objectif avec un an d’avance. Durant les 6 exercices suivants (jusqu’en 2001), le résultat net ne repassera jamais dans le rouge, oscillant toujours entre 100 et 300 millions de francs (entre 15,25 et 45,74 millions d’€uro).
En 1996, pour palier à l’augmentation de la fréquentation, une campagne de recrutement de plus de 1000 personnes est lancée. C’est la première depuis 1992.
Hommage à Jules Verne, Space Mountain de la Terre à la Lune est l’attraction la plus chère jamais construite à l’époque. La qualité, pour 650 millions de francs ! (soit environ 100 millions d’€uros), mais cela a rapporté
Fin 1995, le journal de France 3 proposait déjà un bilan de 10 ans d’aventure Disney en France
Forts de ces résultats, les accords et investissements reprennent petit à petit. Cela commence avec l’ouverture en 1996 du Cinéma Gaumont et du restaurant Planet Hollywood, à Festival Disney. Ces deux projets, d’un montant total de 150 millions de francs (22,9 millions d’€uro), sont tous deux financés par leur société respective, Disney ne faisant que louer le terrain. Pour l’occasion, Festival Disney change même de nom, et devient Disney Village.
En 1997, c’est le nouveau centre des congrès du Newport Bay Club qui ouvre ses portes, afin d’augmenter l’offre de tourisme d’affaire de la destination Disneyland Paris. Cet investissement, d’une valeur de 200 millions de francs (30,5 millions d’€uro) sera totalement financé par la Walt Disney Company, qui louera ensuite cet équipement à Euro Disney SCA par un crédit-bail.
Pour EPA-France, ces investissements marquent le début de la Phase II de la Convention de 1987 et certains projets commencent à ressortir des cartons. Mais chez le SAN-Val d’Europe, l’inquiétude monte de ne voir toujours rien venir. En effet, malgré les retombées fiscales non négligeables, les communes ont investi à tel point que leurs équipements sont largement surdimensionnés. Alors qu’elles espéraient atteindre les 15 000 habitants sur le secteur en 1997, elles peinent à atteindre les 7500 habitants. Afin de ne pas devenir des cités dortoirs, le SAN décide de conditionner le développement urbain annoncé, au développement de l’activité économique du secteur. Sans cela, les communes menacent de refuser les permis de construire, pour ralentir Disney.
En 1996, Festival Disney s’agrandit, avec Gaumont et Planet Hollywood. L’occasion de changer de nom, pour devenir le Disney Village !
Alors que le parc se prépare à fêter ses 5 ans tout au long de l’année 1997, une nouvelle tombe comme un coup de massue: Philippe Bourguignon, PDG d’Euro Disney SCA depuis 4 ans, démissionne de ses fonctions, le 17 février 1997, pour prendre la tête du Club Méditerranée. Il est remplacé par Gilles Pélisson, Directeur Général de Disneyland Paris depuis 1995 (il avait pris la place de Steve Burke, après le retour de ce dernier aux États-Unis). Pélisson n’est pas un inconnu dans le milieu du tourisme, puisqu’il est l’héritier d’Accor, le célèbre groupe hôtelier français (Hotel F1, Ibis, Mercure, Novotel, Sofitel, etc.).
Afin de réduire les coûts, Pélisson lance une réorganisation interne. Toujours en conservant l’esprit des «Small Worlds» mis en place par la précédente direction, une organisation matricielle (Administration, Opération, Support Opérationnel) est mise en place parallèlement à l’organisation géographique (Parc, Hôtels, Disney Village). Cette opération se fera non sans soucis, puisqu’elle déclenchera des conflits sociaux entre 1998 et 1999.
Avec les 5 ans du parc, c’est tout un renouveau des spectacles et animations qui se met en place. Le château se pare d’un déguisement de fou du roi pour l’occasion, hommage au film Le Bossu de Notre-Dame des Studios Disney, inspiré de l’œuvre de Victor Hugo, sortie l’année précédente. C’est d’ailleurs l’ensemble des festivités des 5 ans qui rend hommage au roman de l’auteur français.
Cette année sera un véritable succès commercial, puisque malgré une augmentation des charges de 200 millions de Francs (30,5 millions d’€uro), le résultat net se maintient nettement dans le vert. La fréquentation sera record cette année-là, avec 12,8 millions de visiteurs et un taux d’occupation des hôtels à 78%. Et pourtant, c’est la première année où les prix seront légèrement repartis à la hausse, mais toujours sous la barre psychologique des 200F (30,5€) pour le billet d’accès adulte.
Pour les 5 ans du parc, le château se pare d’une tenue de fou du roi… ou roi des fous!
En 1998, la Walt Disney Company fête les 75 ans de sa création. Pour l’occasion, le parc célébrera «l’Année des Grands Classiques Disney». Tout au long de cette année 1998, de nouveaux spectacles viendront se jouer dans le parc, accompagnés d’événements saisonniers repris à l’année des 5 ans.
L’un des plus gros changements, c’est celui de la Parade, avec l’arrivée de la « La parade du Monde Merveilleux de Disney ». En effet, c’est la première fois depuis l’ouverture, que le parc change de parade (malheureusement, celle-ci ne restera qu’une saison, avant de revenir en partie de 2003 à 2007). L’autre gros changement, c’est le remplacement de l’attraction « Captain EO », qui ferme ses portes en août 1998. Elle sera remplacée par « Chérie, J’ai rétréci le Public », qui ouvrira ses portes en mars 1999, au moment du changement de saison.
Pour palier à l’augmentation de la fréquentation, de nouvelles campagnes de recrutement sont lancées à travers l’Europe. Cette nouvelle année se révèlera toujours aussi bonne pour l’entreprise, car malgré un léger tassement de la fréquentation (12,5 millions de visiteurs), l’ouverture du centre des congrès du Newport Bay Club permet de dépasser le taux de 80% de remplissage des hôtels. Cette année, le résultat net atteindra la somme record de 290 millions de Francs (44,2 millions d’€uro).
Une première depuis le début, Disney va jusqu’à vendre des vidéos de promotion chez les buralistes de toute la France.
En 1999, selon certains analystes financiers, Euro Disney a trouvé son «rythme» de croisière. La fréquentation annuelle se stabilise autour de 12 millions de visiteurs et le résultat net, malgré un nouveau record, a tendance à baisser en raison de l’augmentation des charges financières effectives à partir de 1999. Afin de créer un relais de croissance, il est décidé, notamment sous la pression du gouvernement français, de procéder au lancement complet de la Phase II (notamment le volet touristique), jusque là mise en stand-by par les problèmes financiers d’Euro Disney. La convention de 1987 avait fixé l’année butoir de 2011 pour la réalisation de ce second parc. C’est donc avec 12 ans d’avance sur le calendrier conventionnel (mais 7 ans de retard sur les prévisions de 1992), que cette décision est prise, et annoncée le 29 janvier 1999.
Le premier plan des Walt Disney Studios, version 2002. À l’époque, le parc ne comptait que 8 attractions, et une forme légèrement différente.
Présentation promotionnelle des Walt Disney Studios
Dans la tête de Pélisson, l’idée est d’ouvrir ce second parc le 12 avril 2002, pour les 10 ans du complexe. Il annonce officiellement le projet aux actionnaires le 29 septembre 1999, dans une lettre qui leur est adressée. Ils y apprenaient que le thème principal retenu serait celui des coulisses du cinéma et que le parc s’étendrait sur une superficie de 25 hectares (soit moitié moins que son grand frère d’à côté). L’action est alors cotée autour des 9 francs (1,37€).
Cependant, il faut trouver les financements d’un tel projet, estimé à 4 milliards de francs (610 millions d’€uro). Une première enveloppe de 2,5 milliards de francs (380 millions d’€uros) est apportée par le Caisse des Dépôts et Consignations (CDC), qui consent à un nouvel accord de financement, afin de ne pas faire s’envoler à nouveau la dette du groupe. Le complément de cette somme (1,5 milliards de francs, soit 230 millions de d’€uro) sera assuré par une nouvelle augmentation de capital, avec émission de 288 millions de nouvelles actions, au prix de souscription de 5,25 francs (0,80 €uro). L’augmentation de capital est approuvée par l’Assemblée Générale Extraordinaire du 2 novembre 1999.
Grâce à ce financement, le nouveau parc sera ainsi détenu directement par Euro Disney SCA (sans contrat de location ou crédit-bail) et la dette générale du groupe n’augmentera pas (15,9 milliards de francs en 1999, soit 2,42 milliards d’€uro)
Les Concept Art des Walt Disney Studios. À gauche, la future entrée du parc. À droite, le bâtiment «imagination», regroupant les installations pour les Cast Members.
Les premiers travaux commencèrent en juillet 1999 (soit avant le bouclage du financement) et nécessitèrent plus de 1 000 ouvriers pendant 2 ans et demi. Ayant impliqué plus de 300 imagineers, le parc comprendra 9 attractions à son ouverture.
Pendant 2 ans et demi, des centaines d’ouvriers s’affaireront à la construction du second parc
Avec le lancement de la phase II, c’est enfin le développement du centre urbain du Val d’Europe qui débute. Les investissements immobiliers sont estimés à près de 600 millions d’€uro, entièrement financés par le secteur privé. Euro Disney, en sa qualité d’aménageur privé du secteur IV, est donc chargé de la réalisation du projet, en collaboration avec le SAN-Val d’Europe (le syndicat intercommunal regroupant les municipalités de Chessy, Serris, Bailly-Romainvilliers, Magny-le-Hongre et Coupvray) et EPA-France (l’établissement public en charge du développement immobilier du secteur IV de Marne-la-Vallée). Disney fournira les terrains à des promoteurs sélectionnés, qui réaliseront les constructions et les ventes des nouveaux biens immobiliers, qui comporteront des immeubles de bureaux, en plus des immeubles d’habitation.
La pierre angulaire du projet repose sur la création du Centre Commercial. À l’origine, Disney voulait l’implanter près de l’autoroute, mais le SAN s’y refusa, préférant le voir plutôt à cheval entre la tranchée de la LGV, et celle du RER A, afin de réduire l’impact des deux tranchées sur le futur centre urbain. Sur ce point, Disney finira par plier. Autour du Centre Commercial, le Centre Urbain s’articulera autour de 4 quartiers: le quartier de la Gare, le quartier du Parc, le quartier du Lac et le quartier du Nord. Lors de la phase II, les deux premiers quartiers seront construits. Les deux autres le seront au cours des phases suivantes.
D’un point de vue architectural, plusieurs styles seront développés. Les secteurs résidentiels à faible densité, entourant les bourgs historiques, verront se construire des pavillons de grand standing, dans un style purement briard. Le centre urbain, à la densité plus importante, sera quant à lui axé sur un style néo-haussmannien, mêlant de légères variantes européennes (style néo-florentin de la place de Toscane par exemple) en fonction des quartiers.
En octobre 1998, la seconde phase est donc officiellement lancée, avec la pose de la première pierre du centre commercial. Pour s’articuler avec le reste du centre urbain, l’architecture du centre adopte elle aussi un style très parisien. Du côté quartier de la gare, on fait face à un style proche des anciennes halles, dont le Pavillon Baltard est l’un des derniers vestiges encore existants aujourd’hui. La partie centrale reprend le thème des rues de Paris. Enfin, le quartier des restaurants s’inspire grandement des serres de Formigé, à la porte d’Auteuil à Paris.
Dans la prolongation du centre commercial, la Vallée Village Outlet Shopping reprend le style d’une rue d’un village typique de la région briarde. La Vallée Village est un concept unique en France, puisqu’il s’agit de magasins de grandes marques de luxe (Dolce & Gabbana, Cacharel, Givenchy…) proposant à prix réduits les invendus de la saison précédente, à l’image des célèbres magasins d’usine de Troyes.
Parallèlement aux travaux du secteur privé, l’État et les collectivités locales réalisent les travaux d’infrastructures nécessaires, dont le nouvel échangeur sur l’A4 et sa pénétrante, la nouvelle gare du RER A, le bouclage du boulevard circulaire. En plus de cela, les collectivités construisent de nouveaux établissements scolaires (maternelles, primaires, collège et lycée). Il est même déjà question de l’implantation du futur hôpital de Marne-la-Vallée, en remplacement de celui de Lagny, devenu trop vieux et sous-dimensionné.
Pour compléter cela, Euro Disney signe un contrat avec l’entreprise Arlington, spécialiste dans le développement de parcs d’entreprises, pour la réalisation d’un parc d’activités de 150 hectares, le long de l’A4, sur les secteurs des ZAC du Prieuré (Est et Ouest).
les plans de développement du centre urbain.
Parallèlement aux développements de la phase II, la société Euro Disney continue son chemin. Pour le réveillon du passage à l’an 2000, le parc et les hôtels sont complets. Cependant, l’ensemble des festivités prévues ne pourront avoir lieu, à cause de la tempête du 26 décembre 1999, dont les dégâts entraîneront la fermeture totale du parc la journée du 27 décembre 1999, une première pour un parc Disney. Malgré cela, la fête aura bien lieu et diverses nouveautés seront présentées à l’occasion du nouvel an, comme le spectacle « Tarzan, la Rencontre », ou la nouvelle Disney’s ImagiNations Parade et ses chars géants, qui nécessitera la destruction de l’arche d’entrée de Fantasyland. Au cours de l’année 2000, un nouveau système de «coupe-file d’attente» fait son apparition: le Fast Pass. Il sera progressivement étendu aux attractions les plus populaires, dont Indiana Jones et le temple du Péril, qui subit une grosse réhabilitation, avec une mise en marche arrière des wagons, et une augmentation de la capacité de l’attraction.
Le nouveau millénaire semble bien parti pour Euro Disney. La phase II est enfin lancée, les résultats sont toujours positifs même avec la reprise des remboursements de la dette, et la prochaine ouverture des Walt Disney Studios promet d’être un excellent relais de croissance.
Mais le 4 mai 2000, Gilles Pélisson présente sa démission. Officiellement, il part pour prendre la tête du groupe Suez. Officieusement, la Walt Disney Company l’aurait poussé vers la sortie, afin de pouvoir maîtriser pleinement les investissements relatifs au nouveau parc. C’est Jay Rasulo, un ancien de chez Disney, directeur général de Disneyland Paris depuis 1998 et chargé du développement des Walt Disney Studios, qui est choisi pour succéder à Pélisson. En 4 ans, la Direction d’Euro Disney SCA aura connu quatre présidents, deux Américains et deux Français.
Entre 2000 et 2002, les grands travaux se poursuivent. Le Centre Commercial du Val d’Europe est livré courant 2000 et ouvre au public le 24 octobre de cette même année. Sa prolongation, la Vallée Village suivra en juin 2001. La première tranche du quartier de la gare est également livrée au cours de l’année 2000.
Avec l’ouverture du Centre Commercial, Euro Disney signe également la mise en place d’une nouvelle phase de développement hôtelier. En effet, pour pallier à la future augmentation de visiteurs, résultant de l’ouverture des Walt Disney Studios, il faut augmenter la capacité hôtelière. Pour limiter les investissements au minimum, Euro Disney délègue la construction et la gestion de ces nouveaux établissements à de grands groupes hôteliers (Envergure, Martiott, Airtours et Six Continents). Si le thème retenu pour les hôtels Disney est celui de « l’aventure américaine », celui des hôtels associés sera celui de la France. Ceux-ci prendront place sur le lieu dit du Val de France, sur la commune de Magny-le-Hongre. Ces hôtels viennent s’ajouter à celui qui est déjà en cours de construction au cœur même du centre urbain, l’Élysée Val d’Europe, ainsi qu’au projet de résidence de tourisme de Pierre & Vacances, prévu pour être construit dans le tout nouveau quartier du parc.
En octobre 2000, le centre commercial, pierre angulaire du centre urbain, ouvre ses portes après 2 ans de travaux.
Fin 2001, les résultats annuels tombent. Malgré la hausse des charges financières et des coûts de pré-ouverture des Walt Disney Studios, le résultat net reste positif, pour la 7ème année consécutive. Jay Rasulo profite de cette occasion pour annoncer l’ouverture du nouveau parc, avec près d’un mois d’avance sur la date prévisionnelle, le 16 mars 2002.
Mais cette ouverture sera-t-elle placée sous de bons auspices, ou bien le groupe retombera-t-il dans les mêmes travers qu’à l’ouverture du complexe dix ans plus tôt? Pour le savoir, rendez-vous la semaine prochaine pour la suite de cette histoire faite de hauts… et de bas.
Présentation virtuelle des Walt Disney Studios, dont l’ouverture est programmée pour le 16 mars 2002.