Le vendredi 24 août, la folie a de nouveau saisi le cours de l’action EuroDisney. La raison ? Un article du magazine de société américain « Time » (rien à voir avec le Financial Times…), sorte d’Express à l’américaine.
Cet article que vous pouvez retrouver sur le forum indiquait que la société mère, la Walt Disney Company, réfléchirait à un rachat des quelques 60% des actions qu’il lui manque dans sa filiale EuroDisneyland SCA. Cette rumeur est cependant récurrente. Le Figaro parlait déjà d’un retrait de la cote en février 2011…
La répartition des actions qui fait que la WDC est minoritaire est propice à ce genre de rumeurs. Mais la structure juridique, la commandite, et plus encore le statut de holding avec une autre participation de 18% dans la filiale qui exerce l’activité (EuroDisney Associés SCA) lui assure la majorité du groupe consolidé.
La question qu’il faut donc se poser, c’est pourquoi un rachat aujourd’hui ? Quel évènement passé, présent ou futur expliquerait la mise en place de cette opération à plusieurs millions d’euros ?
Evolution du cours depuis un mois, suite aux récentes rumeurs
La société est lourdement endettée et les remboursements importants effectués chaque exercice sont compensés en grande partie par des emprunts nouveaux auprès de la maison mère et de la Caisse des Dépôts. La dette globale diminue donc peu, au final. Le rachat de la totalité de la société obligerait la WDC à éponger les dettes seule alors qu’en ce moment tous les actionnaires paient… Pas très encourageant. En revanche, si le principal créancier de la société EuroDisney était la WDC, cela aurait du sens puisque la dette pourrait être annulée d’un coup de crayon. Mais nous n’en sommes pas encore là…
Certes les créanciers ont un droit de regard important sur les investissements, comme nous avons pu le voir pour Ratatouille dont l’arrivée a clairement été décalée d’un an du fait de leur réticence. Mais là encore, un petit coup de pouce des Américains et la situation s’est débloquée. Alors, est-ce vraiment un problème si la WDC se décide enfin à épauler sa filiale au lieu de la traire comme une vache laitière ?
Philippe Gas a beau sourire constamment,
la situation financière du groupe ne fait que se détériorer d’année en année
Bref, cette rumeur n’est pas sérieuse en soi. Il est clair que le rachat a été étudié. Mais ce n’est pas nouveau et les données sont rafraichies régulièrement. Quelle société ne surveillerait pas le moment optimal pour racheter les titres d’une filiale dans les meilleures conditions ? Donc dire que la société n’étudie pas ou n’a jamais étudié le rachat et le retrait de la cote, c’est prendre les actionnaires pour des imbéciles. (Encore qu’en ce qui concerne les actionnaires d’EDL, je doute que la majorité d’entre eux fréquentent les salons boursiers et lisent les Echos…). Mais de là à dire que le rachat va avoir lieu bientôt, c’est se livrer à un exercice de voyance, surtout au regard des événements objectifs qui vont avoir lieu dans les prochaines années :
– fin des travaux et ouverture des Village Nature : ce serait bête de télescoper deux évènements médiatiques …
– rachat du crédit bail du parc 1 moyennant un remboursement des dernières sommes dues
– rachat du NewPort, sous les mêmes contraintes,
– fin du remboursement des emprunts de la phase 1…
Tout ceci nous amènera à la fin de 2016. A partir de là, une fenêtre s’ouvrira pour un rachat d’un groupe moins endetté vers « l’extérieur », propriétaire de la quasi-totalité de son parc immobilier et plus d’autre projet d’envergure que le parc 3, prévu pour la fin des années 2020. Clairement, le projet deviendrait beaucoup plus intéressant. En convertissant les dettes en actions, la WDC aura finalement peu de cash à sortir pour acquérir un patrimoine immobilier important et deux parcs d’attractions, les studios ayant encore grandi. Pourquoi s’en priverait-elle ?
Mais d’ici là elle doit préparer le terrain auprès des élus locaux (qui se feront un plaisir d’être d’accord après le traitement de faveur reçu depuis 20 ans), auprès des représentants de l’Etat (qui, on l’a vu lors de la négociation sur la convention sont prêts à lâcher beaucoup de lest contre de l’emploi). Après il restera à convaincre le conseil de surveillance. Mais avec une prime de 25% sur le dernier cours coté (4,25 par exemple), celui-ci rendra bien vite les armes tant l’intérêt des actionnaires (surtout historiques) lui est étranger.
Malgré la récente hausse, le titre en est toujours à -90% sur 10 ans.
Donc, comme nous l’avons dit à plusieurs reprises, achetez le titre à un prix estimé raisonnable (4€) ou plus bas, et revendez-le dès qu’il dépasse 5€… ou plus si vous êtes joueurs. 25% de plus value, même taxée, ce n’est pas si mal en ces temps de crise. D’ici 2016, une ou deux autres rumeurs devraient bien voir le jour. Mais faîtes vite, comme tout soufflé le cours grimpe vite (deux-trois jours) et retombe, piégeant les naïfs. La situation semble se confirmer. Après un plus haut à 8 euros, le titre redescend déjà sur les 6 €…
Pour conclure, le silence de la société n’est pas surprenant, loin de là. Tout comme pour celle du Figaro en 2011, et comme ses consoeurs cotées, la société ne commente jamais les rumeurs…