En cette période de 20ème anniversaire, le Club Actionnaires a essayé de faire des cadeaux à ses membres. Il a tout d’abord offert des VIP fastpass, puis, pour les plus studieux, la possibilité de participer à deux tables rondes : l’une classique avec le président P. GAS, le directeur financier M. STEAD, et le responsable relations investisseurs O. LAMBERT ; l’autre plus originale, puisque jamais organisée depuis la cotation de l’action, avec A. JEANCOURT-GALIGNANI, président des conseils de surveillance d’EuroDisneyland SCA et d’EuroDisneyland Associés SCA.
Notre forum a eu la chance d’avoir un membre présent dans chacune d’elle.
La première de ces tables rondes s’est déroulée au centre de convention de l’Hôtel New-York, le jeudi 31 mai 2012. Dès le départ, le ton était donné, avec un Philippe Gas toujours enclin à séduire les actionnaires, notamment en leur servant le café. Cette anecdote à part, cette table ronde a été plus tournée sur la gestion du groupe que sur son économie. De nombreux thèmes sont revenus sur la table, comme les futurs développements, la gestion du personnel, celle des stocks de marchandises, ou bien encore la promotion du groupe et son image auprès des guests/consommateurs.
Site de construction de la future attraction Ratatouille
Nous avons ainsi eu droit à une officialisation de l’attraction Ratatouille et de son restaurant (presque 6 mois après le début des travaux, et plus d’un an et demi après le dépôt du permis de construire). Les discussions se sont d’ailleurs plus concentrées sur le restaurant que sur l’attraction en elle-même. Pour le moment, l’option retenue est celle d’un service à table type brasserie parisienne avec une carte simplifiée, leur modèle étant « le relais de l’entrecôte » à Paris. Après Ratatouille, la Direction a prévu un plan de développement pluriannuel, essentiellement centré sur les Walt Disney Studios, qui prévoirait à la fois l’ajout d’attractions et de boutiques/restaurants. Le tout s’étendrait jusqu’en 2017/2018.
A ce propos, le président a tenu à revenir sur les rumeurs de changement de nom pour les Walt Disney Studios. Il s’agirait d’une piste de réflexion, mais si cela intervient, ce ne serait qu’à la fin du programme de développement de ce parc, et après une refonte totale de l’existant.
Le Disney Village devrait continuer sa métamorphose, avec la fermeture prochaine du Disney Store et l’ouverture du World of Disney. La Direction a d’ailleurs fait fuité officieusement le nom d’un potentiel remplaçant pour cet espace, en parlant ouvertement d’un possible magasin Lego. Le reste des boutiques Disney du Village sera également repensé, avec une accentuation sur les produits de gamme supérieure et sur la mode.
Pour répondre à la demande de séjour, de nouveaux projets d’hôtels sont en discussions, dont l’extension du Disneyland Hôtel, mais qui s’annonce plus difficile que prévu au regard des contraintes du site. À ce propos, petit aparté pour signaler le changement de carte et de chef du restaurant California Grill, qui, selon la Direction, propose une cuisine inventive et de qualité. Il est également revenu sur le projet d’hôtel des Studios, qui se situerait à l’arrière de ceux-ci, et n’exclut pas l’idée d’en faire un hôtel de type « value », c’est à dire à bas prix, comme le Santa Fe ou le Cheyenne.
Concernant les Villages Nature, le projet suit toujours son cours, les dernières demandes de permis de construire ayant été déposées dans la dernière semaine de Mai 2012. A ce propos, nous reviendrons très prochainement sur ce sujet avec un article consacré uniquement à ce thème.
Lors de cette table ronde, le président a également énormément parlé des employés et de sa relation avec eux. Il est longuement revenu sur les causes des grèves de Mars de cette année, déclenchées par « une poignée de syndicalistes minoritaires parmi les Cast Members, et qui avaient décidé de faire grève avant le début des négociations salariales de l’année 2012 ». Il en a profité pour rappeler que depuis 2007, les hausses de salaire des employés présents sur le parc avaient été de 12%, alors qu’à côté, il y a eu un gel des rémunérations des cadres et dirigeants du groupe.
Nous sommes enfin revenus longuement sur la grande nouveauté de la saison, le spectacle nocturne Disney Dreams!, qui, au vu des premiers chiffres, semble être un véritable succès populaire, avec un taux de satisfaction maximale de 94% , et même de 98% chez les personnes sans enfants… du jamais vu depuis Tarzan en 1999.
Un actionnaire en a profité pour évoquer le problème de la restauration tard sur le parc. En effet, très peu de restaurants ou de snacks ouvraient leur portes aussi tard jusque là. C’est visiblement un problème en passe d’être résolu, qui se heurtait à la fois à une autorisation administrative pour certains restaurants, ainsi qu’à un manque de personnel le soir sur ces postes. Mais quoi qu’il en soit, le spectacle est déjà rentable par lui-même, le chiffre d’affaires des boutiques de Main Street ayant visiblement augmenté depuis l’arrivée du show et l’ouverture tardive du parc.
Voilà ce qu’il fallait retenir pour cette rencontre avec Philippe Gas, passons à la seconde table seconde qui s’est déroulée le mercredi 6 juin 2012, à l’hôtel Pullman Bercy à Paris en présence du Conseil de Surveillance.
Les rencontres avec le conseil de surveillance, hors assemblée générale, sont tellement rares que les participants auraient du être nombreux. Malheureusement une épidémie de défections de dernière minute a fait que seuls 12 actionnaires étaient présents. Cela n’a pas empêché la tenue des débats, loin de là. Très rapidement le président a du se retrancher sur une position défensive tant son action, ou son inaction plutôt, était critiquée. Très vaillant et habile, quoique parfois très approximatif, il a répondu aux assauts et a fait bonne figure. De nombreux points ont été abordés comme la gestion commerciale de la société (fait-elle trop de promotions ?), l’indépendance du conseil par rapport à la Walt Disney Company (comment être indépendant avec deux membres salariés de la WDC en son sein ?), la rémunération du gérant (basée sur le chiffre d’affaires et non sur les résultats), comparaison avec la société Michelin, référence des Sociétés en Commandite par Actions en France, etc.
Les présences de Lydie BOUSSARD, du service juridique, et d’Olivier LAMBERT, responsable relations investisseurs, ont permis aux participants d’avoir des informations précises sur la société, le conseil de surveillance n’étant pas une entité opérationnelle.
Tous ces points ont donné lieu à des visions souvent opposées et des échanges parfois vifs mais à l’issue de la table ronde les deux camps se sont quittés en se serrant la main, chacun ayant la délicatesse d’avoir un mot aimable pour le camp opposé.
Pour les non-initiés, peu d’informations exploitables sur le présent et le futur du Resort. Néanmoins, nous avons appris qu’un plan d’investissements sur 5 ans était établi. Il ne sera malheureusement pas rendu public, les Américains ne le souhaitant pas. Mais au moins, il existe, ce qui veut dire que la société réfléchit bien à l’ajout d’éléments dans les parcs.
Le Conseil de Surveillance a demandé et obtenu des assurances de la Walt Disney Company et de la Caisse des Dépôts et Consignations, les deux plus gros prêteurs de la société, qu’ils ne « lâcheraient » pas la société en cas de difficultés à rembourser les dettes. Une crise de trésorerie semble donc a priori écartée dans un avenir proche. Il a précisé qu’il était opposé à toute augmentation de capital en l’état actuel des choses, le cours n’étant pas suffisant et les conditions trop mauvaises.
Enfin, A. Jeancourt Galignani a conclu qu’il croyait au projet depuis le début, qu’il n’avait pas changé d’avis et que c’est sur le long terme que l’on jugera la réussite d’Eurodisneyland.