Coup de tonnerre dans le petit monde d’Eurodisney. Là où des rumeurs annonçaient le rachat imminent des minoritaires par la société mère américaine, c’est en fait une opération portant sur la dette qui a eu lieu, prenant à contre pied les marchés et les spéculateurs (voir article précédent).
Cette opération est très simple en apparence : la Walt Disney Company rembourse toutes les sommes dues par EuroDisney Associés SCA à des créanciers autres que la Walt Disney Company ou l’une de ses filiales. Dans le même temps, elle fournit une facilité de trésorerie de 100 M€ (un prêt à court terme) et deux de ses filiales françaises (les commandités d’EuroDisney SCA) prêtent la somme de 1 232 M€.
Ce bonneteau financier parait idyllique sur le papier. Plus de banquiers contestataires, refusant certains investissements et mettant leur nez partout sous prétexte d’assurer le remboursement de leurs emprunts. Des taux d’intérêt inférieurs à ceux auxquels étaient soumis les prêts précédents. Plus besoin de reporter les paiements à la maison mère sous prétexte de préserver la trésorerie du groupe…
Pourquoi ne pas avoir fait ce tour de magie avant si cette solution était la panacée ? Parce que certaines clauses empêchaient peut-être ce rachat de dettes avant une certaine date ou sous certaines conditions qui n’étaient pas remplies. Sans doute surtout parce que cela n’arrangeait pas la maison mère qui n’avait aucune envie de geler près de 2 milliards dans une filiale.
Dès lors qu’est-ce qui a pu motiver cette petite révolution financière dans les tuyaux depuis au moins le début de l’année si j’en crois les éléments que j’ai pu recueillir ? Personnellement, je pense que l’épisode « Ratatouille » avec les atermoiements des banques a fortement agacé Philippe GAS et ses patrons américains. Une attraction qui devait sortir pour célébrer les 20 ans et qui ne pourra ouvrir que plus d’un an après la date prévue, cela fait un peu tâche… Cette prise de conscience du fait que malgré la commandite, ils ne puissent pas décider seuls de la gestion d’Eurodisney a du les convaincre de changer radicalement leur fusil d’épaule.
Le retard dans la réalisation du projet Ratatouille, principal déclencheur du réveil de la Walt Disney Company?
De fait maintenant l’argument « c’est la faute des banques » ne pourra plus être opposé pour expliquer les mauvais entretiens ou l’absence de nouvelles attractions. Mais cela risque de ne pas changer grand-chose, du moins à court terme.
En effet, le plan d’investissement que refuse de communiquer la direction est déjà acté (il devait être présenté pour avis au conseil de surveillance en septembre). Cette situation nouvelle ne modifiera donc pas la donne significativement, surtout que la trésorerie reste le point noir de la société même si le calendrier de remboursement des emprunts va être grandement modifié. Inutile donc de rêver à Expedition Everest, Splash Mountain et autre joyeuseté pour les prochaines années. En revanche, les « updates » des attractions existantes, moins couteuses, devraient voir le jour dans les 2 prochaines années, afin de combler le vide entre les 20 ans et l’arrivée en grande pompe de Ratatouille.
Sur un plan plus technique, les partisans de la « théorie du complot » chère au Président Philippe GAS, ne manqueront pas de remarquer que les prêteurs sont les deux autres associées d’EuroDisney Associés… Ce qui signifie que le jour où elles souhaiteront transformer leurs créances en actions, rien ne sera plus facile. Rien de tout cela n’est à l’ordre du jour nous assure-t-on. Néanmoins l’étage un de la fusée est déjà en place…
Pour terminer, beaucoup d’éléments chiffrés (nouvelles échéances, coût réel de l’opération, pénalités contractuelles éventuelles…) nous manquent pour nous faire une opinion définitive sur la question. Mais s’il est patent que l’opération est bien profitable à la société EuroDisney, la maison mère ne nous a néanmoins pas fait un gros cadeau. Le taux d’intérêt accordé (4%) est largement supérieur au taux auquel elle se finance. Même si nous ne sommes pas encore à Halloween, nous sommes encore loin de Noël !
La reprise de la dette devrait permettre d’alléger l’organigramme du groupe, en supprimant les acteurs bleus