Philippe GAS en partant aura laissé à ses très chers actionnaires une belle bombe à retardement : une augmentation de capital qui risque de les mettre dehors à vil prix.
Philippe Gas et Mark Stead lors de la dernière Assemblée Générale des Actionnaires
Pour une fois, on ne pourra pas reprocher au communiqué d’avoir été écrit à l’encre rose : la situation décrite est catastrophique : la société est en cessation de paiement au 30 septembre. Mais on ne perd quand même pas les bonnes habitudes à la communication : c’est la faute des autres… Les prévisions, pourtant prudentes, n’ont pas été atteintes et la société ne peut faire face à ses engagements.
La situation rappelle curieusement celle du refinancement. Les banques nous empêchaient d’utiliser notre trésorerie à bon escient. On s’en est donc « débarrassé ». Deux ans plus tard, la société est en cessation de paiement, beau résultat !
Prévision des indicateurs clés pour l’exercice 2014
Personne ne voulant nous aider aujourd’hui (qui le voudrait, à la lecture du bilan de la société ?), il a fallu de nouveau se tourner vers la WDC. Et comme il y a trois ans, elle vient nous secourir, mais à ses conditions… Si vous avez suivi l’épisode un, la suite ne vous surprendra pas. Aucun cadeau n’est fait aux petits porteurs. Soit ils suivent, soit ils dégagent. Là où n’importe quelle société soucieuse de son image aurait lancé immédiatement une OPA avec une prime de 20% sur le dernier cours coté, histoire de clore l’aventure avec une sucrerie pour les actionnaires, la WDC n’hésite pas à dévaluer délibérément le titre de sa filiale pour pouvoir le racheter encore plus bas. Je me demande si les petits actionnaires ne devraient pas proposer d’offrir leurs titres à la WDC… En payant les frais de transfert, bien évidemment.
Car en filigrane de cette expulsion violente du capital d’une société qui n’a pas hésité à les solliciter en 1994 et en 2004 avec deux opérations où les actionnaires ont beaucoup perdu, c’est surtout un resort complet que la société américaine va récupérer pour moins de 100 Millions d’euros de cash, même pas le prix de Ratatouille !
Comment en est-on arrivé là ? Je ne vais pas reprendre l’historique d’EuroDisney, d’autres l’ont déjà bien fait (lire le livre de Sébastien ROFFAT en particulier). Mais la WDC a enchainé les erreurs depuis 1987, tout en s’arrangeant depuis 1994 pour ne pas en avoir à en assumer les conséquences. Et aujourd’hui, on demande aux actionnaires de repasser à la caisse ou de quitter le navire qu’ils ont majoritairement contribué à construire.
Le document présenté indique laconiquement que cette opération se fera aux conditions de la WDC ou ne se fera pas. Et que sans accord, la société se dirigera vers la faillite. Mais si la menace est claire, elle n’est que du poker menteur. Les actionnaires ont moins à perdre que les salariés, l’Etat français et surtout la WDC, elle-même. Car outre le fait que son statut de commandité l’oblige à rembourser les dettes d’ED et d’EDA, la pire perte serait en terme d’image. La simple idée de voir la WDC en couverture du Financial Times avec un titre comme « la WDC met en faillite sa filiale européenne de parcs à thèmes » devrait gêner B. IGER…
Mais bien évidemment, nous n’arriverons jamais à cette extrémité. L’accord de Bercy a déjà été obtenu contre la promesse qu’il n’y aurait pas de plan social, l’expert « indépendant » va déclarer l’offre parfaitement équitable pour tous les actionnaires et la présidente du conseil de surveillance va, une fois de plus, donner sa bénédiction. Ne reste que l’AMF qui pourrait s’auto-saisir du dossier et retoquer le montage curieux de l’opération. Quant aux petits actionnaires, il faudrait qu’ils se regroupent enfin pour montrer leur ras-le-bol du mépris de la maison mère lors de l’assemblée générale appelée à statuer sur l’augmentation de capital. Mais cela ne suffirait pas. Celui qui détient la dernière carte maîtresse est Son Altesse le Prince Al Waleed. Mais même s’il y a peu de chances que ce soit le cas, il pourrait s’opposer à l’opération, en demandant de meilleures conditions pour tous. Cela rendrait plus difficile la reprise en main par la WDC.
J’ai démontré que cette opération était préparée depuis longtemps. La fameuse « théorie du complot » chère au Président GAS se réalise donc aujourd’hui, malgré ses dénégations. Et que les fans ne se réjouissent pas. La reprise en main totale par la WDC n’annonce pas de jours meilleurs. Les 250 millions d’argent frais apporté correspondent à 2 ans de pertes du groupe environ. Autant dire que cela ne changera rien de profond. La société elle-même annonce que cet argent ne servira qu’à continuer l’entretien de l’existant. Rien de ronflant à attendre donc… Quant aux salariés, sans attraction nouvelle, pas d’embauche à prévoir. La joie des syndicalistes à la sortie du CE démontre qu’ils n’ont rien compris.
Surtout que dans le même temps rien n’est fait pour changer les mauvais résultats : pas de gel des dépenses et aucune politique sérieuse pour augmenter le résultat. Les vieilles recettes vont continuer : hausse des tarifs d’un côté, promotions de l’autre. On a déjà vu les effets depuis 3 ans : les pertes s’accumulent, pire elles s’accentuent. L’opération présentée n’a pas pour but d’améliorer le résultat, juste de permettre à la société de recevoir un peu de trésorerie. Trésorerie qui va servir en priorité à payer les redevances, les frais de gérance et les intérêts des emprunts à la maison mère, qui auparavant étaient gelés… Bref, comment demander de l’argent aux actionnaires pour le donner au principal d’entre eux ! Pire, l’avance de trésorerie voit son taux nominal augmenter (et oui, la WDC ne gagne pas assez d’argent par ailleurs !) et le délai de remboursement des emprunts raccourci.
Résultats au terme du premier semestre de l’exercice 2014
Même si c’est peine perdue, j’appelle tous les actionnaires à voter contre l’augmentation de capital ou de donner des pouvoirs en ce sens aux actionnaires présents.