Le rachat de la dette du groupe EuroDisneyland courant septembre 2012 a pris tout le monde à contrepied. Nous avons demandé à la société de répondre à quelques questions pour éclairer les tenants et les aboutissants de cette opération. Beaucoup d’événements s’étant accumulés depuis (chiffres annuels, démission du Président du conseil de surveillance, nomination de sa remplaçante, annonce des chiffres du 1er trimestre), les réponses de la société ne nous parviennent que maintenant. Nous vous invitons à les découvrir afin que vous arriviez à l’assemblée le mieux informés possible sur cette opération très importante pour le devenir de notre société.
Pourriez-vous nous faire une présentation succincte de l’opération de rachat de la dette d’Euro Disney Associés S.C.A ?
Le 18 septembre 2012, le groupe a annoncé le refinancement de la dette du groupe Euro Disney (à l’exception des financements déjà consentis par The Walt Disney Company) par des prêts octroyés par The Walt Disney Company et deux de ses filiales françaises, pour un montant global de 1 332 millions d’euros.
Le nouveau financement, mis en œuvre le 27 septembre 2012, comprend deux prêts d’un montant total de 1 232 millions d’euros ainsi qu’une ligne de crédit réutilisable de 100 millions d’euros disponible jusqu’au 30 septembre 2017 et utilisée en totalité dans le cadre de l’opération. Ces financements, non assortis de sûretés, porteront intérêts, respectivement, aux taux annuels de 4 % et de Euribor + 2 %.
Ce refinancement nous permet de réduire le coût de notre dette dès 2013, avec un taux d’intérêt moyen de la dette refinancée passant de 5.1 % à 4 % et de bénéficier d’une plus grande flexibilité opérationnelle avec la suppression des contraintes financières imposées par les précédents accords de financement.
Le nouvel échéancier de remboursements, plus graduel, avec une maturité allongée de seulement deux ans, à 2030 contre 2028 précédemment libère, pour les 5 années à venir, 225 millions d’euros de liquidité supplémentaire, qui pourront notamment nous permettre de reconstituer de la trésorerie et soutenir nos efforts de maintenance et de développement pour poursuivre l’amélioration de l’expérience Disney pour nos visiteurs.
Dans le cadre du refinancement, le groupe est devenu propriétaire de l’ensemble des actifs qu’il exploite en exerçant les options d’achat qu’il avait sur le parc Disneyland, 5 hôtels et le Disney Village.
Pouvez-vous nous indiquer pourquoi cette opération s’est faite à ce moment précis ?
Les conditions de marché nous offraient la possibilité, par l’intermédiaire de TWDC, de refinancer notre dette à un taux favorable, de réduire nos coûts et de bénéficier d’une plus grande flexibilité dans nos décisions d’investissements et de gestion opérationnelle, pour poursuivre le développement de notre produit. Il nous a semblé tout à fait stratégique de saisir cette opportunité.
Avez-vous rencontré des difficultés ou les banques ont-elles accepté aisément cette opération ? Le président Gas mettait en avant les excellentes relations qu’il entretenait avec la Caisse des Dépôts et consignations. Par conséquent, n’aurait-il pas été utile de conserver un créancier si proche de l’Etat français et destiné à investir dans les sociétés françaises ?
Nous n’avons pas rencontré de difficultés particulières avec les banques lors de la mise en place de cette opération. D’ailleurs, nous restons très proches de la Caisse des Dépôts et Consignations et maintenons une relation forte avec les pouvoirs publics, notamment dans le cadre du développement de la zone IV de Marne la Vallée, que nous réalisons sur la base de concertations et phases de développement définies conjointement et dans le cadre de la Convention avec l’Etat.
Le nouveau calendrier des remboursements n’est pas encore disponible. Mais nous savons déjà que sur les 5 prochains exercices les remboursements seront plus faibles que dans le précédent échéancier (225M€). Cela implique des intérêts plus élevés au final. N’est-ce pas repousser le problème de la dette sans le régler ?
L’échéancier de remboursement de la dette, plus graduel, nous permettra de reconstituer et préserver notre trésorerie dans les années à venir, nous assurant ainsi la capacité de financer le développement de Disneyland Paris et le remboursement de notre dette. Vous trouverez en note 12.7 aux états financiers du Groupe (p 106 du document de référence 2012), l’échéancier de remboursement pour les 5 prochains exercices.
Nous ne repoussons pas le problème puisque la maturité de la dette est seulement allongée de deux ans, à 2030 contre 2028 précédemment, et que les remboursements devraient rester, même dans les années où ils sont les plus importants, en ligne avec ce que nous étions censé rembourser précédemment. Avec TWDC qui est désormais notre seul prêteur et qui partage notre vision à long-terme, nous disposons d’une garantie supplémentaire en ce qui concerne le remboursement de la dette.
L’activité de la société nécessite des investissements permanents, ce qui entraîne un endettement important. Comment voyez-vous l’évolution du niveau d’endettement sur les 10 prochaines années, soit jusqu’au 30ème anniversaire ?
Depuis plusieurs années, notre stratégie consiste à générer de la trésorerie pour assurer le remboursement de la dette et financer nous-mêmes l’investissement nécessaire au maintien de la qualité de l’expérience Disney.
Nous estimons aujourd’hui être en mesure de respecter l’échéancier de remboursement de la dette et de disposer des moyens nécessaires pour assurer le développement de notre activité dans le futur. L’échéancier plus graduel de remboursement devrait nous permettre de préserver 225M€ de trésorerie au cours des cinq années à venir. Cette liquidité supplémentaire pourra être réutilisée pour soutenir l’investissement dans notre produit et contribuer à l’amélioration de notre performance et donc, de notre trésorerie.
Dans le cadre du refinancement, vous avez obtenu une ligne de crédit de 100 M€ qui a été immédiatement utilisée. La trésorerie de la société était-elle insuffisante pour mener à bien cette opération ?
Le refinancement de notre dette s’est fait par le biais de deux prêts d’un montant total de 1 232 millions d’euros et d’une ligne de crédit réutilisable de 100 millions d’euros disponible jusqu’au 30 septembre 2017 et utilisée en totalité dans le cadre de l’opération. Cette ligne de crédit fait partie intégrante du refinancement.
Le principal de la ligne de crédit peut être remboursé à tout moment jusqu’au 30 septembre 2017, ce qui nous donne la possibilité, si nous le souhaitons et que notre trésorerie le permet, d’anticiper le remboursement de ce montant et donc d’une partie de notre dette.
Les accords précédents prévoyaient des possibilités de report de certains versements (royalties, frais de gérance) à la maison mère. Qu’en est-il de celui-ci ?
Les engagements que nous devions respecter envers nos anciens prêteurs et qui portaient principalement sur des restrictions en matière d’investissements et d’endettement, la communication de certaines informations financières et le respect de certains ratios financiers, ont été supprimés avec le refinancement de la dette. De la même façon, les reports conditionnels de paiements de redevances de licence et de rémunération du Gérant dues à TWDC , comme ceux des intérêts dus à la CDC, ont été supprimés.
Désormais, TWDC est notre unique prêteur et partage notre vision à long terme pour le développement de Disneyland Paris. Nous sommes convaincus que ce partenariat stratégique est un atout très positif pour l’avenir de notre Groupe.
Beaucoup estiment que le taux d’intérêt fixé par TWDC est trop élevé. Vous avez indiqué qu’il était très avantageux au regard de la situation d’EDA. Avez-vous chiffré l’économie que cet accord apportera sur la durée ?
Avec ce refinancement, le taux d’intérêt moyen de la dette refinancée passe de 5,1 % à 4 %. C’est un taux avantageux, qu’il nous aurait été impossible d’obtenir sans l’aide de TWDC.
Le refinancement nous apporte également de nombreux avantages. Nous n’avons désormais qu’un seul prêteur avec qui nous partageons la même vision à long-terme. Dans les cinq années qui viennent, nous allons faire l’économie d’environ 50M€ de charges financières et préserver 225M€ de trésorerie, grâce à un échéancier de remboursement plus graduel. Nous éliminons les contraintes financières imposés par nos précédents accords de financement et pouvons donc, sereinement, regarder l’avenir et le développement de notre destination à court comme à long-terme.
Certains actionnaires ont peur que la dette, qui reste très importante et ne diminuera pas dans les toutes prochaines années, soit convertie en capital. Que leur répondez-vous ?
Il n’est aujourd’hui pas envisagé de convertir tout ou partie de la dette en capital.
Nous ne considérons donc pas le poids de la dette comme un problème et sommes convaincus que le refinancement nous donne davantage de moyens de la rembourser sereinement, en assurant, en même temps, le développement de notre activité.
L’élimination des créanciers permet une totale liberté de gestion à la direction. ED S.C.A étant pénalisée par sa situation de holding, ne serait-il pas judicieux d’opérer une fusion entre elle et sa filiale à 82 % EDA ? Outre une rationalisation des coûts, cela permettrait d’éliminer un niveau dans l’organigramme. Le moment semble s’y prêter, les capitaux propres d’EDA étant historiquement faibles et vos perspectives d’avenir assez optimistes.
La liberté de gestion que nous permet effectivement le refinancement de la dette ne s’accompagne pas d’une modification de nos plans d’investissements. Notre liberté n’est pas totale. Nos choix opérationnels et d’investissements, même s’ils peuvent être plus facilement appliqués, sont toujours sont toujours définis avec prudence en ligne avec notre stratégie de développement à long-terme et l’environnement économique.
Le refinancement de la dette a simplifié la structure du Groupe, en déconsolidant les sociétés de financement de la Phase IA et de la Phase IB. Nous n’envisageons pas pour l’heure d’autres modifications à l’organisation juridique de notre Groupe.