Après la genèse du projet Euro Disney, notre aventure se poursuit, avec la gestation de 5 ans, qui donna naissance à Euro Disneyland, le 12 Avril 1992.
III. Cinq ans de travaux et d’espoirs (1987-1992):
Même si la Convention est contraignante pour les deux principales parties signataires (à savoir, l’État français et TWDC), elles comptent tout de même en tirer un avantage certain.
Pour la France, c’est un plus indéniable dans sa conquête du titre de « nation N°1 du tourisme » dans le monde. De plus, les investissements qu’elle a consenti à faire sont finalement une goutte d’eau comparée à l’argent qu’elle va en retirer via les divers impôts et taxes.
Pour la Walt Disney Company, il s’agit surtout d’éviter les erreurs commises avec la création de Tokyo Disneyland. En effet, ce complexe, qui s’est révélé être le plus rentable de tous les resorts Disney, n’appartient pas à « l’Oncle Picsou », mais à l’Oriental Land Company, une société japonaise indépendante, qui ne fait que « louer » l’image de Disney, ainsi que les services d’Imagineering, la filiale de Disney qui imagine et conçoit les attractions.
Une batterie de juristes, embauchés par TWDC pour mettre en place la société d’aménagement et de gestion du site d’Euro Disneyland, va donc s’atteler à cette tâche ardue. Finalement, le modèle choisi n’est pas si éloigné que ça de celui mis en place à Tokyo, à ceci près que la Walt Disney Company sera l’actionnaire principale de ladite société créée. De plus, il est choisi d’opter pour la création d’une Société en Commandite par Actions (SCA), qui dispose une structure juridique particulière, idéale pour protéger la gouvernance de l’entreprise lorsqu’on en est le créateur et que l’on choisit de ne pas en posséder la majorité du capital boursier, afin de faire rentrer un maximum d’argent venu de l’extérieur.
Via ce montage financier habile, TWDC peut ainsi contrôler à 100% les activités d’Euro Disney SCA, tout en profitant du concours financier de divers investisseurs, et en ayant elle-même investi finalement très peu au départ. L’investissement est énorme, puisqu’il représente près de 30 milliards de Francs (4,57 milliards d’€uro), dont 22 milliards de Francs (3,35 milliards d’€uro) uniquement pour le volet loisir sur projet. Mais paradoxalement, la part de la Walt Disney Company ne s’élève qu’à 726 millions de Francs (110 millions d’€uro).
La filiale Euro Disneyland devient Euro Disney SCA en 1989. Avant la mise sur le marché la Walt Disney Company a émis à son profit des actions à 10F. Actions qu’elle remettra quelques temps plus tard sur le marché à 72F, réalisant ainsi une très belle plus-value. Le capital boursier de l’entreprise est ouvert le 8 Octobre 1989, et la cotation du titre débute le 6 Novembre de la même année. 51% des actions d’EDSCA sont ainsi mises sur le marché, les 49% restant seront en possession de la Walt Disney Company (qui ne peut descendre à moins de 16,67%, d’après les termes de la convention de 1987).
Cérémonie d’introduction de l’action, en 1989, au sein de l’indice CAC40
Côté conception, Disney fait appel aux meilleurs architectes. Un grand concours est même organisé pour déterminer quels seront les projets hôteliers choisis pour être construits sur le parc.
Du côté d’Imagineering, les meilleurs des meilleurs sont sur le projet:
* Tony Baxter: responsable général du projet Euro Disney.
* Eddie Sotto: responsable du développement de Main Street USA et de Central Plazza.
* Jeff Burke: responsable du développement de Frontierland.
* Chris Tietz: responsable du développement d’Adventureland.
* Tim Morris: responsable du développement de Fantasyland.
* Tim Delaney: responsable du développement de Discoveryland.
Trombinoscope d’Imagineering, avec de gauche à droite: Tony Baxter, Eddie Sotto, Jeff Burke, Tim Morris, Tim Delaney
Ils voient grand, ils voient beau, mais ils vont surtout tenter de répondre aux attentes du public européen, jugé plutôt sévère vis-à-vis de la qualité. Mais ils doivent surtout jongler avec un impératif de la Convention, promouvoir la culture française et européenne.
Ce fut un travail de longue haleine, qui demanda de multiples créations de maquettes et de dessins préparatoires.
Plan du projet original d’Euro Disney Resort, comprenant les phases I, II et III
Plan masse du Château de la Belle au Bois Dormant
Côté travaux, ceux-ci commencent le 2 Août 1988, et dureront jusqu’à l’ouverture, en Avril 1992. Le chantier est énorme, puisqu’en plus du parc et de ses 55 hectares, il faut également construire les 7 hôtels à thème, ainsi que le centre de divertissement, Festival Disney (qui deviendra le Disney Village en 1996) et l’immense parking de plus de 10 000 places. Des gens venant de toute l’Europe viendront travailler sur le chantier, afin que celui-ci soit livré en temps et en heure.
Des émissions sont même consacrées à cet immense chantier, d’une envergure comparable à celui de l’Eurotunnel.Main Street USA
Frontierland
Adventureland
Fantasyland
Discoveryland
http://www.youtube.com/watch?v=iV7t45iYNso
Le 6 Décembre 1990, à Serris, ouvre l’Espace Euro Disney, un immense hall d’exposition présentant le parc et les travaux, au travers de films, photos et maquettes. Il fermera ses portes le jour de l’ouverture du parc. A l’intérieur, on pouvait y trouver les toutes premières brochures promotionnelles du resort. Vous pouvez d’ailleurs en télécharger ici:
Le bâtiment de l’Espace Euro Disney, à Serris, en 1991
Les maquettes du complexe, visibles à l’intérieur de l’Espace Euro Disney
Entrée de la salle de projection, dans laquelle on pouvait découvrir le film de promotion reprenant les images de Walt Disney World, ainsi qu’un film sur l’avancée du chantier
Au cours de l’année 1991, la future division spectacle du resort crée un show promotionnel, « Euro Disney, Feel the Magic ». C’est un véritable succès, dans toute l’Europe. En France, le spectacle est fusionné avec celui d’Anne, la jeune égérie Disney, pour donner « Anne au Pays d’Euro Disney », visible ici, en intégralité:
Voir la Playlist Complète
En Mars 1991, la Centre de Renseignements et de Réservation téléphonique ouvre. La presse en fait les échos, et il se murmure déjà que l’année d’ouverture, ce sera complet tous les jours; on parle même de réservations allant jusqu’à l’an 2000.
Le 2 Septembre 1991, le Casting Center accueille ses premiers demandeurs d’emploi. A un peu plus de sept mois de l’ouverture, la grande campagne de recrutement des premiers Cast Members commence, créant d’ailleurs une polémique dans la presse française, sur les conditions d’embauche.
Le 12 Octobre 1991, à six mois de l’ouverture, la presse internationale est invitée à venir visiter le chantier. Plus de deux mille journalistes sont présents, afin de contribuer ainsi à faire la promotion du parc.
Le 13 Février 1992, lors de l’Assemblée Générale des actionnaires, on commence déjà à s’interroger sur la capacité de la société à gérer convenablement le parc. En effet, certaines entreprises responsables de la construction du parc se retrouvent sur la paille, à cause d’impayés de la part de Disney. Cependant, Robert Fitzpatrick assure que ces affaires sont en cours de résolution.
A quelques jours de l’ouverture, la pression monte de plus en plus. Les journaux télévisés annoncent le 12 Avril comme un jour de blackout total dans tout l’Est parisien. On prévoit plus de 4h de bouchon pour les 40 kilomètres d’accès au parc et le préavis de grève, déposé par les syndicats de la RATP pour le jour de l’ouverture, n’arrange pas la situation.
Du côté des communes du Val d’Europe et surtout de Chessy, la grogne commence à monter concernant l’intensité sonore des feux d’artifice, en test depuis déjà 2 semaines.
Les médias font monter de plus en plus le buzz à l’arrivée du jour J, comme le montre ce reportage d’Antenne 2, qui fait une rétrospective générale du projet.
Mais finalement, le 11 Avril 1992, la grande cérémonie d’inauguration a enfin lieu, et est retransmise en mondiovision, sur les plus grandes chaînes de télévision du monde.