Notre animateur « Club Actionnaires », vous propose ce soir une courte analyse suivie d’un billet d’humeur suite à la présentation des résultats 2011 d’Euro Disney SCA:
La société Eurodisneyland SCA vient de publier ses résultats annuels consolidés.
Le chiffre d’affaires est en hausse de 5% pour la partie « tourisme », le nombre de visiteurs a atteint un nouveau niveau record à 15,6 Millions, les visiteurs ont dépensé plus, les frais financiers ont baissé… Beaucoup de nouvelles a priori excellentes.
Malheureusement, cette croissance n’a apporté aucun résultat profitable puisqu’au contraire les pertes se sont creusées, à 64 millions d’euros. La trésorerie a fondu de 34 millions. Les dettes ont diminué de 58,4 M dans le même temps, soit une diminution réelle de 24,8M si l’on tient compte de la perte de trésorerie. Il ne reste plus que 1 876,7 M à rembourser…
Le discours de la direction reste identique : la politique menée depuis des années est la bonne et va porter ses fruits.
Mais les chiffres et les faits sont têtus, cette politique d’augmentation des visiteurs n’est pas profitable, au contraire, et année après année cela se vérifie.
Bref comme cela est devenu une habitude, les résultats annuels ne sont pas bons. Mais, finalement, est-ce si important ? Car que reste-t-il de bon dans ce resort où la qualité est partie par pans entiers depuis des années. Il ne reste pour ainsi dire plus que des façades avec rien derrière. A Marne la Vallée, les discours ronflants ont remplacé les actes. Après le désastre de l’ouverture d’Eurodisneyland, un président courageux a forcé la main de sa maison mère américaine pour obtenir une attraction dont on allait parler pendant longtemps : Space Mountain.
Mais aujourd’hui, le retour aux travers est acté ; la société navigue à vue, obligée par sa politique destructrice de valeur à aller pleurer devant les banquiers pour investir de quoi rempoter deux pots de fleurs et repeindre deux bâtiments ; nous sommes loin du discours officiel qui martèle que « la société a les moyens de sa stratégie »…
Il est de tradition de chercher un coupable. En général, il est immatériel et éloigné, histoire de ne vexer personne. Ici, ce sera la crise, là ce sera la météo. La direction d’Eurodisney se complait dans cette communication médiocre qui n’a comme but que de masquer ses erreurs et ses lâchetés.
Quelle société peut se vanter d’avoir amélioré son chiffre d’affaires et ses chiffres-clés tout en ayant un déficit plus grand que l’année précédente ? Cette situation aurait entraîné une vague de contestation des gros actionnaires dans n’importe quelle autre société avec une volée de départs à la clé. Pas ici, au contraire. Car ces chiffres vont satisfaire sans nul doute la Walt Disney Company. Et Philippe Gas devrait voir sa rémunération variable être encore augmentée, pour bons résultats : la société mère va encore plus toucher que l’an dernier, objectif atteint ! Elle au moins ne connait pas la crise…
Eurodisney n’est pas une société comme les autres. Dans ces conditions, difficile de trouver une autre pomme pour faire une comparaison.
Elle est unique de par sa forme juridique, de par son actionnariat faussement minoritaire de la Walt Disney Company, de par son activité, et de par sa direction dont le corps est à Marne la Vallée mais la tête à Burbank.
Unique aussi car les petits porteurs sont de plus en plus des fans qu’il est facile de manipuler en leur tenant des discours volontairement éloignés de la réalité économique et en leur faisant miroiter des informations « exclusives ». Il est patent de constater que la salle de l’assemblée générale ne s’anime que pendant le spectacle chargé de réveiller les spectateurs après le discours soporifique des commissaires aux comptes…
Néanmoins, ce discours risque quand même d’avoir un peu plus de mal à perdurer auprès de nombreux aficionados. Pendant que tous les autres parcs vont présenter en 2012 une nouvelle attraction majeure, Disneyland Paris va lui se contenter d’un (gros) spectacle. Pourquoi ? La faute à la dette, la faute aux banques qui refusent de prêter, etc. la faute aux autres, une nouvelle fois. Pourtant, il aurait suffit de peu de choses pour que nous ayons Ratatouille dès 2012:
1 – que la Walt Disney Company garantisse l’emprunt supplémentaire nécessaire,
2 – ou que la Walt Disney Company prête directement cet argent à la société. Elle a des résultats solides et sa trésorerie n’a rien à voir avec la nôtre. La société Eurodisney verse directement 75 Millions d’euros chaque année et bien plus si l’on compte les « à coté » comme Walt Disney Imagineering, l’informatique, etc.
Était-ce si difficile de se passer d’une année de rentrées de la filiale française ?
Eurodisney s’enfonce dans ses erreurs, et la crise de trésorerie ne fait que commencer. Les remboursements de dettes sont importants jusqu’à 2015, et en 2016, il faudra reprendre le leasing du parc 1… D’ici là, il aura aussi fallu lancer les travaux des Villages Nature et entretenir à minima l’existant, tout en finalisant Ratatouille qui a trop coûté pour qu’on l’abandonne maintenant. Et comme la politique menée ne dégage pas ou peu de marge, il ne faut pas attendre d’amélioration avant longtemps sur ce plan. Cela signifie donc des investissements réduits pour les 5 prochaines années et par conséquent pas d’attraction nouvelle…
Les fans vont-ils avoir la patience d’attendre les 25 ans du resort pour voir l’apparition d’une (vraie) attraction ?
Vous pouvez retrouver la présentation des résultats sur le site officiel de Disneyland Paris:
http://corporate.disneylandparis.fr/COR … nnuels.pdf