Après quelques jours de repos, nous voici de retour pour la suite de cette fantastique saga sur l’aventure d’Euro Disney en France. Partons maintenant à la découverte des années 1999 à 2002, celles de la tant attendue Phase II du développement du Val d’Europe.
VII. La tant attendue Phase II (1999-2002):
En 1999, selon certains analystes financiers, Euro Disney a trouvé son « rythme » de croisière. La fréquentation annuelle se stabilise autour de 12 millions de visiteurs et le résultat net, malgré un nouveau record, a tendance à baisser en raison de l’augmentation des charges financières effectives à partir de 1999. Afin de créer un relais de croissance, il est décidé, notamment sous la pression du gouvernement français, de procéder au lancement complet de la Phase II (notamment le volet touristique), jusque là mise en stand-by par les problèmes financiers d’Euro Disney.
La convention de 1987 avait fixé l’année butoir de 2011 pour la réalisation de ce second parc. C’est donc avec 12 ans d’avance sur le calendrier conventionnel (mais 7 ans de retard sur les prévisions de 1992), que cette décision est prise.
Le premier plan des Walt Disney Studios, version 2002. A l’époque, le parc ne comptait que 8 attraction, et une forme légèrement différente.
Présentation promotionnelle des Walt Disney Studios
Dans la tête de Pélisson, l’idée est d’ouvrir ce second parc le 12 Avril 2002, pour les 10 ans du complexe. Il annonce officiellement le projet aux actionnaires le 29 Septembre 1999, dans une lettre qui leur est adressé. On y apprend que le thème principal retenu sera celui des coulisses du cinéma et que le parc s’étendra sur une superficie de 25 hectares (soit moitié moins que son grand frère d’à côté). L’action est alors cotée autour des 9 francs (1,37€).
Cependant, il faut trouver les financements d’un tel projet, estimé à 4 milliards de francs (610 millions d’€uro). Une première enveloppe de 2,5 milliards de francs (380 millions d’€uro) est apportée par le Caisse des Dépôts et Consignations (CDC), qui consent à un nouvel accord de financement, afin de ne pas faire s’envoler à nouveau la dette du groupe. Le complément de cette somme (1,5 milliards de francs, soit 230 millions de d’€uro) sera assuré par une nouvelle augmentation de capital, avec émission de 288 millions de nouvelles actions, au prix de souscription de 5,25 francs (0,80 €uro). L’augmentation de capital est approuvée par l’Assemblée Générale Extraordinaire du 2 Novembre 1999.
Grâce à ce financement, le nouveau parc sera ainsi détenu directement par Euro Disney SCA (sans contrat de location ou crédit-bail) et la dette générale du groupe n’augmentera pas (15,9 milliards de francs en 1999, soit 2,42 milliards d’€uro)
Les Concept Art des Walt Disney Studios. A gauche, la future entrée du parc. A droite, le bâtiment « imagination », regroupant les installations pour les Cast Members.
Les premiers travaux commencèrent en Juillet 1999 (soit avant le bouclage du financement) et nécessitèrent plus de 1 000 ouvriers pendant 2 ans et demi. Ayant impliqué plus de 300 imagineers, le parc comprendra 9 attractions à son ouverture.
Pendant 2 ans et demi, des centaines d’ouvriers s’affaireront à la construction du second parc
Avec le lancement de la phase II, c’est enfin le développement du centre urbain du Val d’Europe qui débute. Les investissements immobiliers sont estimés à près de 600 millions d’€uro, entièrement financés par le secteur privé. Euro Disney, en sa qualité d’aménageur privé du secteur IV, est donc chargé de la réalisation du projet, en collaboration avec le SAN-Val d’Europe (le syndicat intercommunal regroupant les municipalités de Chessy, Serris, Bailly-Romainvilliers, Magny-le-Hongre et Coupvray). Disney fournira les terrains à des promoteurs sélectionnés, qui réaliseront les constructions et les ventes des nouveaux biens immobiliers, qui comporteront des immeubles de bureaux, en plus des immeubles d’habitation.
La pierre angulaire du projet repose sur la création du Centre Commercial. A l’origine, Disney voulait l’implanter près de l’autoroute, mais le SAN s’y refusa, préférant le voir plutôt à cheval entre la tranchée de la LGV, et celle du RER A, afin de réduire l’impact des deux tranchées sur le futur centre urbain. Sur ce point, Disney finira par plier. Autour du Centre Commercial, le Centre Urbain s’articulera autour de 4 quartiers: le quartier de la Gare, le quartier du Parc, le quartier du Lac et le quartier du Nord. Lors de la phase II, les deux premiers quartiers seront construits. Les deux autres le seront au cours des phases suivantes.
D’un point de vue architectural, plusieurs styles seront développés. Les secteurs résidentiels à faible densité, entourant les bourgs historiques, verront se construire des pavillons de grands standing, dans un style purement briard. Le centre urbain, à la densité plus importante, sera quand à lui axé sur un style néo-haussmanien, mêlant de légères variantes européennes (style néo-florentin de la place de Toscane par exemple) en fonction des quartiers.
En Octobre 1998, la seconde phase est donc officiellement lancée, avec la pose de la première pierre du centre commercial. Pour s’articuler avec le reste du centre urbain, l’architecture du centre adopte elle aussi un style très parisien. Du côté quartier de la gare, on fait face à un style proche des anciennes halles, dont le Pavillon Baltard est l’un des derniers vestiges encore existants aujourd’hui. La partie centrale reprend le thème des rues de Paris. Enfin, le quartier des restaurants s’inspire grandement des serres d’Auteuil.
Dans la prolongation du centre commercial, la Vallée Village Outlet Shopping reprend le style d’une rue d’un village typique de la région briarde. La Vallée Village est un concept unique en France, puisqu’il s’agit de magasins de grandes marques de luxe (Dolce & Gabbana, Cacharel, Givenchy…) proposant à prix réduits les invendus de la saison précédente.
Parallèlement aux travaux du secteur privé, l’État et les collectivités locales réalisent les travaux d’infrastructures nécessaires, dont le nouvel échangeur sur l’A4 et sa pénétrante, la nouvelle gare du RER A, le bouclage du boulevard circulaire. En plus de cela, les collectivités construisent de nouveaux établissements scolaires (maternelles, primaires, collège et lycée). On parle même de l’implantation du futur hôpital de Marne-la-Vallée.
Pour compléter cela, Euro Disney signe un contrat avec l’entreprise Arlington, spécialiste dans le développement de parc d’entreprise, pour la réalisation d’un parc d’activité de 150 hectares, le long de l’A4.
Les plans de développement du centre urbain.
Parallèlement aux développements de la phase II, la société Euro Disney continue son chemin. Pour le réveillon du passage à l’an 2000, le parc et les hôtels sont complets. Cependant, l’ensemble des festivités prévues ne pourront avoir lieu, à cause de la tempête du 26 Décembre 1999, dont les dégâts entraineront la fermeture totale du parc la journée du 27 Décembre 1999, une première pour un parc Disney. Malgré cela, la fête aura bien lieu et diverses nouveautés seront présentées à l’occasion du nouvel an, comme le spectacle « Tarzan, la Rencontre », où la nouvelle Disney’s ImagiNations Parade et ses chars géants, qui nécessitera la destruction de l’arche d’entrée de Fantasyland. Au cours de l’année 2000, un nouveau système de « coupe file d’attente » fait son apparition: le Fast Pass. Il sera progressivement étendu aux attractions les plus populaires, dont Indiana Jones et le temple du Péril, qui subit une grosse réhabilitation, avec une mise en marche arrière des wagons, et une augmentation de la capacité de l’attraction.
Le nouveau millénaire semble bien partie pour Euro Disney. La phase II est enfin lancée, les résultats sont toujours positifs même avec la reprise des remboursements de la dette, et la prochaine ouverture des Walt Disney Studios promet d’être un excellent relais de croissance.
Mais le 4 Mai 2000, Gilles Pélisson présente sa démission. Officiellement, il part pour prendre la tête du groupe Suez. Officieusement, la Walt Disney Company l’aurait poussé vers la sortie, afin de pouvoir maîtriser pleinement les investissements relatifs au nouveau parc. C’est Jay Rasulo, un ancien de chez Disney, directeur général de Disneyland Paris depuis 1998 et chargé de développement des Walt Disney Studios, qui est choisi pour succéder à Pélisson. En 4 ans, la Direction d’Euro Disney SCA aura connu quatre présidents, deux américains et deux français.
Entre 2000 et 2002, les grands travaux se poursuivent. Le Centre Commercial du Val d’Europe est livré courant 2000 et ouvre au public le 24 Octobre de cette même année. Sa prolongation, la Vallée Village suivra en Juin 2001. La première tranche du quartier de la gare est également livrée au cours de l’année 2000.
Avec l’ouverture du Centre Commercial, Euro Disney signe également la mise en place d’une nouvelle phase de développement hôtelier. En effet, pour pallier à la future augmentation de visiteurs, résultant de l’ouverture des Walt Disney Studios, il faut augmenter la capacité hôtelière. Pour limiter les investissements au minimum, Euro Disney délègue la construction et la gestion de ces nouveaux établissements à de grands groupes hôteliers (Envergure, Martiott, Airtours et Six Continents). Si le thème retenu pour les hôtels Disney est celui de « l’aventure américaine », celui des hôtels associés sera celui de la France. Ceux-ci prendront place sur le lieu dit du Val de France, sur la commune de Magny-le-Hongre. Ces hôtels viennent s’ajouter à celui qui est déjà en cours de construction au cœur même du centre urbain, l’Élysée Val d’Europe, ainsi qu’au projet de résidence de tourisme de Pierre & Vacances, prévu pour être construit dans le tout nouveau quartier du parc.
En Octobre 2000, le centre commercial, pierre angulaire du centre urbain, ouvre ses portes après 2 ans de travaux.
Fin 2001, les résultats annuel tombent. Malgré la hausse des charges financières et des coûts de pré-ouverture des Walt Disney Studios, le résultat net reste positif, pour la 7ème année consécutive. Jay Rasulo profite de cette occasion pour annoncer l’ouverture du nouveau parc, avec près d’un mois d’avance sur la date prévisionnelle, le 16 Mars 2002.
Présentation virtuelle des Walt Disney Studios, dont l’ouverture est programmée pour le 16 Mars 2002.