Depuis un mois, et à l’occasion des 30 ans de la Convention pour la Création et l’Exploitation d’Euro Disney en France, nous vous proposons de découvrir ou de redécouvrir la grande épopée de l’Histoire de Disneyland Paris et de sa maison mère, Euro Disney SCA. Dans la troisième partie de notre série, nous évoquions la spectaculaire remontée du groupe durant la seconde moitié des années 1990, jusqu’à la mise en place de la Phase II du développement de la destination, avec notamment la création du second parc à thème, les Walt Disney Studios. Mais pourra-t-il assurer un avenir pérenne à la société, ou sera-t-il un nouveau boulet au pied d’une compagnie ayant déjà connu de lourdes difficultés?
2002-2007 : Le retour de la tempête, la deuxième crise d’Euro Disney
En ce début d’année 2002, de nouvelles pubs font leur apparition sur les écrans télévisés. Elles présentent l’arrivée imminente d’un nouveau parc, à côté de Disneyland Paris. Les Walt Disney Studios, dont l’ouverture est prévue le 16 mars prochain, commencent à se faire connaître auprès des visiteurs.
Pour l’occasion, le complexe change une seconde fois de nom. Après Euro Disneyland et Disneyland Paris, il devient Disneyland Resort Paris. La mention « resort », très courante dans le monde anglo-saxon, étant là pour symboliser principalement le fait que désormais, il y a deux parcs à thème: le Disneyland Park, et le Walt Disney Studios Park.
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Début 2002, le complexe change une nouvelle fois de nom, pour s’adapter à l’ouverture prochaine des Walt Disney Studios.
Deux parcs, deux ambiances différentes: le Disneyland Park, et son rose, pour une clientèle plus familiale; le Walt Disney Studios Park et son bleu, pour une clientèle d’adolescents/jeunes adultes.
La date tant attendue du 16 mars 2002 arrive enfin. Une foule commence à se masser devant un bâtiment en forme d’arche, recouvert d’un immense rideau blanc. Devant des milliers de visiteurs, Micheal Eisner, Roy E Disney et Jay Rasulo, accompagnés des fabs five, inaugurent les Walt Disney Studios. Le rideau recouvrant le bâtiment tombe alors à terre, laissant ainsi entrevoir l’entrée du nouveau parc.
Nous sommes cependant très loin du faste de l’ouverture d’Euro Disney, 10 ans plus tôt, et des récentes inaugurations de Disney’s California Adventure à Anheim, et de Tokyo Disney Sea. Officiellement, c’est parce que ce nouveau parc se veut plus intimiste. Officieusement, c’est surtout dû à un manque conséquent de budget.
Rasulo ne désespère pas pour autant, et organise en ce jour, une soirée de gala avec TF1, mettant en scène les célébrités du moment, avec pour toile de fond, les Walt Disney Studios.
Cependant, les premières critiques commencent déjà à fuser. En premier lieu, celle des employés d’Euro Disney. En effet, depuis quelque temps, la tension est grande entre direction et syndicats. La principale cause, c’est le manque d’effectifs. Pour éviter une envolée des coûts, une partie des Cast Members du premier parc est affectée au second, sans qu’il y ait d’embauches significatives. Bien évidemment, ce problème se greffe sur celui des salaires et des heures de travail, ce qui n’est pas pour diminuer la tension sociale au sein de l’entreprise.
À la critique de gestion, vient s’ajouter celle de la conception même de ce nouveau parc. Pour convaincre les membres du conseil d’administration de la Walt Disney Company, Eisner les a invités à venir pour l’inauguration. Bien que le grand patron semble enthousiaste, ce n’est pas vraiment le cas de tous les membres du conseil, en particulier celui d’Andrea Van de Kamp. Elle n’hésite pas à faire remarquer à Bob Iger que le parc est trop petit, ou que tout du moins, il ne propose pas assez d’activités pour être capable de capter une clientèle qui resterait une journée entière sur ce parc. Cette déclaration aura des conséquences importantes sur le devenir de la Walt Disney Company, puisque Eisner, mécontent, fera pression sur le conseil d’administration pour démettre Andrea Van de Kamp de ses fonctions, chose qui sera effective le 28 janvier 2003. Cet événement marquera le début de la grande crise que traversera TWDC au milieu des années 2000.
La fête est somptueuse, mais moins prestigieuse qu’il y a 10 ans. Et alors que les stars défilent sur le tapis rouge, dans les coulisses, la tension monte au sein d’Euro Disney SCA et de la Walt Disney Company
Mais Van de Kamp avait-elle foncièrement tort? Pas tellement à en croire les déclarations des journalistes et des premiers visiteurs. De plus, le prix d’entrée élevé, égal à celui du Disneyland Park, pour un nombre d’activités bien moindre, rebute déjà certains visiteurs potentiels. Malheureusement, pour Euro Disney SCA, la clairvoyance dont aura fait preuve Van de Kamp, se soldera très vite par un retour à des difficultés financières.
Dans le rapport d’activité de l’année 2002, Jay Rasulo note que le lancement des Walt Disney Studios a été un « véritable succès » pour le groupe. « Avec 13,1 millions de visiteurs, et un taux d’occupation des hôtels de 88,2%, le groupe réalise sa meilleure performance depuis l’ouverture d’Euro Disney en 1992 ». Il est vrai que dès ses premiers mois d’exploitation, le nouveau parc se classe second parc d’attractions en France en terme de fréquentation.
Mais derrière les données touristiques, les résultats financiers sont très mauvais. Avec une perte de 33,1 millions d’€uro en résultat net, c’est la première fois depuis 1994, que le groupe repasse dans le rouge. Rasulo explique ce résultat par les frais de pré-ouverture du second parc et estime que dès le prochain exercice, il devrait revenir dans le vert.https://player.ina.fr/player/embed/1977621052/1/1b0bd203fbcd702f9bc9b10ac3d0fc21/300/169/0 https://player.ina.fr/player/embed/VDD05001173/1/1b0bd203fbcd702f9bc9b10ac3d0fc21/300/169/0
Un parc dont l’entrée est trop chère pour certains, et ne proposant pas assez d’activités pour d’autres, les Walt Disney Studios seraient-ils une erreur?
Sous cet optimisme lattant, la réalité est toute autre. En effet, les Walt Disney Studios déçoivent beaucoup et pas seulement les visiteurs. Alors qu’il était attendu près de 4 millions de visiteurs sur les six premiers mois, seulement la moitié (2,2 millions) ont réellement franchi les grilles du nouveau parc. Pire, le Disneyland Park perd même des visiteurs cette année-là, sa fréquentation passant de 12,2 à 10,9 millions de visiteurs.
Au lieu de se compléter, les deux parcs se cannibalisent mutuellement. C’est une première, puisque alors que les ouvertures de Tokyo Disney Sea et de Disney’s California Adventure avaient apporté une hausse de la fréquentation de 32% et 25%, celle des Walt Disney Studios n’a amené qu’une hausse de 7%.
Visiblement, les Américains semblent ne pas avoir appris des erreurs du passé et 10 ans plus tard, ils ont recommencé ce qu’ils avaient fait en 1992: imposer une vision américaine sur un public européen, qui n’a pas les mêmes modes de consommation qu’outre-Atlantique.
Les Walt Disney Studios ne sont pas à la hauteur des attentes. Au lieu d’aider l’entreprise dans sa croissance, ils sont un nouveau boulet à la cheville d’Euro Disney.
La situation dans laquelle est la société ne permet pas d’investir dans de nouvelles attractions pour améliorer l’offre du second parc. Il faut donc rentabiliser au maximum les attractions. Pour cela, un plan de sauvegarde sur 3 ans, les « 5P », est mis en place:
- Performance: tous les secteurs de la société (tourisme et immobilier) doivent faire des efforts pour générer des revenus plus importants;
- Productivité: contrôler les coûts pour dégager une meilleure marge opérationnelle;
- Produit: maintenir la qualité du produit Disney, car c’est lui qui différencie la société de ses concurrents;
- Partenariat: développer des collaborations avec les autres professionnels du tourisme, comme les tours-opérateurs, la ville de Paris, etc;
- Professionnalisme: mise en place d’un nouveau programme de formation des Cast Members, pour une meilleure productivité de la masse salariale.
Pour ajouter à la confusion la plus totale, en septembre 2002, Rasulo démissionne de ses fonctions de PDG d’Euro Disney SCA, suite à sa nomination au poste de Président de la division Parks & Resorts de la Walt Disney Company. Pendant près d’un an, la société va ainsi rester sans présidence. On est même obligé de reporter l’Assemblée Générale à mai 2003, dans l’attente d’une nomination. C’est finalement le 28 mars 2003 que TWDC annonce l’arrivée d’André Lacroix à la présidence d’Euro Disney SCA, mais celui-ci ne prendra ses fonctions qu’à partir du 1er juillet 2003.
Entre Jay Rasulo et André Lacroix, Euro Disney se retrouve sans président près d’un an. Une situation ubuesque, qui n’est pas pour améliorer l’image de la société.
Pour relancer la machine, Lacroix commence par appliquer une nouvelle démarche marketing. Le but est de faire venir les visiteurs n’ayant jamais mis les pieds sur le resort, les fameux « First Timers ». Pour cela, une campagne de pub européenne, « Need Mag? » est mise en place, en respectant les diverses spécificités de chaque pays. Parallèlement à cela, les événements saisonniers subissent une mise à jour, afin de les rendre à nouveau attractifs, et un nouveau restaurant, le King Ludwig’s Castle, ouvre au Disney Village. Le Disneyland Park se voit également doté d’une nouvelle parade nocturne, la Disney’s Fantillusion Parade, que le groupe a acquise auprès de Tokyo Disneyland.
Lacroix va également mettre en place une nouvelle politique RH qu’il applique depuis des années, la « pyramide inversée ». Le but étant d’écouter les propositions de la base et d’appliquer les meilleures dans l’entreprise. Cela aboutira aux « summers camps » de septembre 2003, auxquels 4000 Cast Members participeront.https://www.youtube.com/embed/videoseries?list=PLFF4B8AAC0E14034C
Avec la campagne « Envie de Mag? », la Direction cherche surtout à attirer les visiteurs qui viennent pour la première fois.
Les ennuis financiers de la société recommencent vraiment à partir de mars 2003. À cette date, Euro Disney annonce officiellement à la Walt Disney Company, qu’elle ne sera pas en mesure de lui verser de rémunération cette année. Les problèmes se poursuivent en août de la même année, avec la publication des résultats catastrophiques du troisième trimestre. Lacroix annonce directement que sans négociation, la société ne sera pas en mesure de répondre à ses obligations financières, notamment celles concernant la dette de l’entreprise.
La Direction et la Walt Disney Company mettent ces mauvais chiffres sur la situation touristique désastreuse de 2003 (grèves en France, guerre en Irak, menace du SRAS, canicule de l’été). Mais pour les analystes financiers des créanciers, c’est plus la stratégie générale du groupe, et principalement l’échec du second parc, qui est responsable de cette situation.
Entre septembre et octobre, des tables rondes se tiennent entre la Direction d’Euro Disney SCA et ses principaux créanciers. Début novembre 2003, le groupe obtient de ses prêteurs des renonciations de certains engagements financiers, valables jusqu’à fin mars 2004. Le groupe aura donc 5 mois pour trouver une solution à cette nouvelle crise financière.
Malgré ces nouveautés, le groupe n’arrive pas à remonter la pente. Il doit donc restructurer à nouveau sa dette ainsi que son organisation interne.
Parallèlement à cela, la Walt Disney Company s’enfonce elle aussi dans la crise, mais pas d’ordre financier, plutôt de leadership. Cela commence le 20 novembre 2003, avec la démission de Roy E Disney, de ses fonctions au sein de la société. En effet, depuis des années (en fait, depuis la mort tragique de Wells en 1994), des divergences de gestion et de politique interne, sont apparues entre les Eisner et Disney. Il sera suivi par son ami Stanley Gold. Pendant des mois, les deux hommes feront un lobbying énorme pour tenter de destituer Eisner.
En plus de cela, la Walt Disney Company doit faire face à une OPA hostile lancée par Comcast, dont le président de la division n’est autre que Steve Burke, créateur du concept des Disney Stores et ancien Directeur Général d’Euro Disney SCA. Si Comcast réussit son coup, alors le dernier grand studio indépendant d’Hollywood subirait le même sort que ses rivaux. Face à ces menaces, Diane Disney Miller, la fille de Walt, sort de sa réserve naturelle et demande au conseil d’administration de refuser cette OPA.
Enfin, pour compléter la liste des problèmes, Pixar a décidé de ne pas renouveler son accord de distribution avec la Walt Disney Company, suite à des divergences dans le contrat. Le studio d’animation cherche donc un nouveau distributeur moins gourmand que l’actuel.
Début mars 2004, vient enfin le moment de l’Assemblée Générale de la Walt Disney Company. Celle-ci se déroule dans une ambiance électrique. Contre toute attente, Eisner a autorisé Disney et Gold à s’exprimer pendant 30 minutes. Sous un tonnerre d’applaudissements, les deux hommes vont reprendre leur bataille contre l’actuelle direction et redemandent une nouvelle fois, la démission immédiate d’Eisner. Lorsque viendra le moment des votes en fin d’Assemblée, 43% des actionnaires participants choisirent de ne pas reconduire Eisner, une première dans l’Amérique capitaliste, pour une société dont les résultats sont largement positifs.
Suite à cela, le Conseil d’Administration de la Walt Disney Company décide une réorganisation de la Direction: Eisner n’est plus le PDG, seulement le Directeur Général de TWDC. Mais sous les multiples pressions, il finira par démissionner un an plus tard, un an avant la fin de son mandat.
Quelques mois après l’AG, sous la pression de l’opinion américaine, Comcast finira par abandonner son OPA à l’encontre de Disney.
L’année 2004 fut une année tendue pour Eisner et la Walt Disney Company, puisqu’ils doivent faire face à la démission de Roy E Disney, à une OPA hostile, et à la fin du partenariat avec Pixar.
Pour Euro Disney SCA, l’année 2004 aura été « l’annus horribilis ». La fréquentation retombe à 12,4 millions de visiteurs, le taux d’occupation des hôtels baisse pour la première fois depuis des années et le résultat net s’enfonce encore plus dans le rouge, avec une perte de 145,2 millions d’€uro. Malgré cela, le groupe a investi dans un nouveau spectacle pour la salle Vidéopolis, La Légende du Roi Lion.
Les pourparlers sur la restructuration financière et juridique du groupe s’éternisent jusqu’au 28 septembre 2004, à deux jours de la date butoir à partir de laquelle les créanciers auraient pu exiger le remboursement anticipé de la dette et entraîner ainsi la société vers le dépôt de bilan.
Lors de l’Assemblée Générale du 25 mars 2004, les actionnaires d’Euro Disney autorisent le gérant à procéder à une réduction de la valeur nominale de chacune des actions de la société, dans l’optique d’une nouvelle augmentation de capital. Le 9 juillet de cette même année, la valeur nominale du titre passe ainsi de 0,76 € à 0,01 €.
En pleine tourmente, le spectacle La Légende du Roi Lion fait son apparition, pour le plus grand plaisir des spectateurs.
La restructuration de 2005 a plusieurs objectifs, dont les principaux sont de permettre d’apporter de nouvelles ressources financières au groupe, de réduire et rééchelonner la dette, afin d’assurer plus de flexibilité au groupe pour lui permettre d’investir dans le développement du site et de ses environs. Les principaux éléments du protocole d’accord sont les suivants:
- Réaliser une augmentation de capital d’une valeur de 250 millions d’€uro minimum, souscrite en partie par la Walt Disney Company, le reste devant être souscrit par un syndicat bancaire sous certaines conditions;
- L’octroi par TWDC à Euro Disney SCA, d’une nouvelle ligne de crédit de 150 millions d’€uro, sur une durée de 10 ans, renouvelable. La ligne de crédit sera réduite à 100 millions d’€uro à partir du 1er octobre 2009;
- Report du remboursement de la dette, en partie de façon conditionnelle et en partie de façon inconditionnelle. En échange, les taux d’intérêt seront revus à la hausse;
De plus, les créanciers concèdent l’abandon de l’obligation pour le groupe de constituer des dépôts de garanties. Les dépôts déjà constitués servant à rembourser directement une partie de la dette; - Report de la rémunération du gérant et des redevances de licences à la Walt Disney Company, de façon inconditionnelle (jusqu’à 25 millions d’€uro par exercice, entre 2005 et 2009) et conditionnelle (jusqu’à 25 millions d’€uro par exercice, entre 2007 et 2014), en fonction des performances du groupe. Le groupe aura la possibilité de convertir les rémunérations et licences en dette subordonnée à long terme;
- Octroi des autorisations pour permettre au groupe de lancer un plan d’investissement de 240 millions d’€uro sur 5 ans, financé par l’augmentation de capital citée ci-dessus;
- Réalisation d’une économie de 308,1 millions d’€uro de paiement par la société à Euro Disney Associés SNC (EDA SNC). Pour que le groupe conserve ses droits sur la marque Disney et certaines attractions appartenant à EDA SNC, ce paiement était impératif. Afin de pallier à ce problème, une restructuration juridique est mise en place. EDA SNC devient Euro Disney Associée SCA (EDA SCA), et récupère l’ensemble des actifs et passifs d’Euro Disney SCA (ED SCA). En échange, ED SCA acquiert 82% du capital d’EDA SCA (les 18% restants étant détenus indirectement par la Walt Disney Company, via deux sociétés).
Nouvel organigramme du groupe, suite à la restructuration de 2005.
Pour répondre aux obligations de la restructuration, Euro Disney SAS, une filiale détenue à 100% par la Walt Disney Company, devient ainsi le gérant d’Euro Disney Associé SCA, qui est elle-même le gérant du complexe. Euro Disney SCA n’est donc plus la société gérante du site, mais une Holding, dont la principale activité est de détenir des parts dans la nouvelle société gérante.
De son côté, après 10 ans de présence dans le groupe, le Prince Al-Waleed possède toujours 17% des actions du groupe. Certains journalistes financiers se demandent pourquoi le Prince est toujours confiant après deux restructurations. Mais celui-ci reste toujours très vague dans ses réponses, jugeant que le groupe finira par arriver à dégager des profits, mais que son principal problème reste sa colossale dette. Suite à la restructuration, la dette du groupe passe de 2,45 milliards à 2,05 milliards d’€uro. La participation de la Walt Disney Company au capital d’Euro Disney SCA a été ramenée de 40,6% à 39,8%. De plus, TWDC s’est engagée à détenir, au minimum, 39% du capital du groupe, jusqu’en 2016, contre 16,7% auparavant. La participation du Prince Al-Waleed a pour sa part été réduite à 10%.
Suite à l’augmentation de capital, un plan de relance sur 4/5 ans est mis en place, afin de redynamiser le resort.
Avec la restructuration financière, Euro Disney est une nouvelle fois sauvée de la faillite. Le nouveau plan de sauvetage est définitivement acté par la troisième augmentation de capital en 10 ans, qui a lieu le 23 février 2005.
Il reste cependant énormément de travail pour rehausser l’image du parc, qui se retrouve salie une fois de plus. La Direction décide donc de lancer un grand plan de développement sur 4 ans, afin de faire remonter le Chiffre d’Affaires et la fréquentation des parcs. D’une façon plus globale, ces investissements font partie de ce qui fut communément appelé « le 15ème anniversaire », fêté en 2007, c’est à dire en plein milieu du programme de développement. Pour Euro Disney SCA, ces investissements, qu’ils soient pour le complexe touristique, ou pour le Val d’Europe, font partie de la Phase III du développement général (même si logiquement, ils correspondent plus à une « Phase II-B » qu’à une réelle troisième étape, vu qu’ils ne font que poursuivre ce qui avait déjà été engagé avec la Phase II).
Mais un événement inattendu se produit, dès le début de la mise en place de ce plan. Alors que dans ses précédentes interventions, André Lacroix disait « travailler sur la durée et le long terme », il démissionne de ses fonctions en mai 2005. Ni pot d’adieu, ni au revoir, cela ressemble plus à un licenciement de la part de la Walt Disney Company qu’à un départ volontaire. Surtout qu’au même moment, Eisner se prépare à quitter son poste de Directeur Général de la société et que Karl Holz, le successeur de Lacroix à la tête d’Euro Disney, est un grand ami de l’ancien patron de TWDC. Ce nouveau changement de présidence est probablement le dernier coup de force de ce vieux lion d’Eisner, qui dépose définitivement les armes le 30 septembre 2005.
Karl Holz, Directeur Général d’Euro Disney SCA depuis septembre 2004, prend la place d’André Lacroix à partir de 2005, suite à une démission qui ressemble plus à un limogeage qu’à un départ volontaire.
Avec le départ d’Eisner, beaucoup de choses changent, à commencer par la fin des hostilités entre Disney et Pixar. En effet, TWDC finit par racheter le célèbre studio d’animation et l’intègre dans sa division cinéma. Steve Jobs, le fondateur d’Apple, et ancien actionnaire majoritaire de Pixar, devient donc le plus gros actionnaire individuel de la Walt Disney Company, acquérant ainsi un pouvoir d’influence non négligeable sur le futur de la société.
John Lasseter, l’ancien patron de Pixar, devient quant à lui le président de l’ensemble du secteur animation Disney, chapeautant ainsi les futures créations de Pixar et de Walt Disney Animation (dont il fait rouvrir la division « animation traditionnelle », alors qu’Eisner l’avait faite fermer avant son départ). Il obtient également le titre de « consultant » pour Walt Disney Imagineering. Ainsi, Lasseter se retrouve directement impliqué dans la conception des futures attractions qui viendront s’implanter aux Walt Disney Studios.
Les deux premières années du programme de développement seront consacrées au Disneyland Park, qui n’a pas connu de véritable nouvelles attractions depuis 1999 et le remplacement de « Captain EO » par « Chérie, j’ai rétréci le Public ». Cela commence donc en 2005, avec une mise à jour générale de l’attraction phare du resort, Space Mountain – De la Terre à la Lune qui ferme alors ses portes le 17 janvier 2005. Alors qu’en cette année, nous fêtions le centenaire de la disparition de Jules Verne, tout le monde s’attendait à voir une remise à jour digne de l’inspirateur du land d’autant que le resort accueillait également cette année le plus gros ballon captif du monde, « Panoramagique », sur le Lac Disney. Mais quelle ne fut pas la surprise des plus puristes de découvrir en ce 9 avril 2005, date de réouverture de l’attraction, un rêve devenir un cauchemar. En effet, Space Mountain: Mission 2, a tout simplement été épuré de tout ce qui faisait le charme de la première version, pour en faire quelque chose de plus « Tomorowlandienne », se rapprochant ainsi des versions des autres parcs Disney sur le plan de la thématisation.
Ce changement n’était pas anodin, puisqu’il correspondait en fait à la nouvelle orientation de Discoveryland, plus orienté vers le futur rétro années 50/60 de Tomorowland, que vers le style Steampunk d’origine. C’est la fermeture du Visionarium, le 5 septembre 2004 qui a précipité les choses. En effet, l’attraction n’attirant plus, il a été décidé de la changer. Le bâtiment de ce cinéma accueillera désormais la nouvelle attraction Buzz Lightyear’s Laser Blast, adapté de l’univers populaire de Toy Story. Buzz ouvrit donc le 8 avril 2006, soit un an après la mise à jour de Space Mountain.
Avec les deux premières nouveautés du plan de relance, c’est le visage et l’esprit de Discoveryland qui sont complètement changés; au plus grand déplaisir d’une partie des Disney Fans, dite la frange «puriste».
Heureusement, le nouvel éclairage hivernal du Château est là pour remonter le niveau, malgré la disparition des arches lumineuses sur Main Street USA.
Parallèlement à cela, le Disneyland Park accueille pour sa saison estivale 2005, le show nocturne «Wishes». L’arrivée de ce spectacle n’est pas anodine, puisqu’elle correspond à un partenariat global entre tous les parcs Disney du monde, afin de célébrer les 50 ans du premier Disneyland. Cela correspond également avec l’ouverture d’un nouveau parc Disney dans le monde, Hong Kong Disneyland, qui devient ainsi le 5ème Royaume Magique de la compagnie. Le Noël de cette même année, le resort inaugure une nouvelle cérémonie nocturne. Exit les arcades sur Main Street, et bienvenue au Château des Glaces.
Du côté du Disney Village, ça bouge également et un programme de mise à jour globale est là aussi engagé, à commencer par le retrait du ciel étoilé et la suppression de certaines colonnes. Outre l’arrivée du ballon captif «Panoramagique», le cinéma Gaumont s’agrandit et propose désormais 15 salles, dont la première et unique salle IMAX numérique 3D de France à proposer des films grand public dans ce format d’exception. L’arrivée de la salle IMAX permet de commencer le développement du Disney Village sur une nouvelle rue, dans l’axe du boulevard Paul Séramy. Cette extension, dans un style Pueblo Deco / Art Nouveau, est accentuée par le nouveau parking Vinci, qui prend place à côté des Walt Disney Studios, sur la dalle au-dessus des voies ferrées.
Depuis 2005 ans, le Disney Village subit un lifting important: suppression du ciel étoilé, mise en végétation, agrandissement du cinéma et nouveau parking
Malgré l’arrivée de ces nouveautés, la fréquentation n’augmente guère sur les exercices 2005 et 2006, tout comme le Chiffre d’Affaires. Et pire, le résultat d’exploitation tombe même dans le rouge, entraînant avec lui le résultat net.
Pendant ce temps, les Walt Disney Studios entament leur longue et profonde mutation. Celle-ci commence courant 2005, avec le début des travaux de « The Twilight Zone: Tower of Terror », une attraction emblématique, inspirée de la célèbre série TV des années 60, La Quatrième Dimension, et dont le budget est estimé à 80 millions d’€uro. Tout comme Space Mountain pour le Disneyland Park, la Tour aurait dû ouvrir dès l’ouverture des Studios en 2002. Mais son budget conséquent retarda sa réalisation à la prochaine phase d’investissement. Contrairement à bon nombre d’attractions, le bâtiment abritant la tour est un véritable immeuble, nécessitant plus de 2 ans de travaux pour son achèvement. Pour compléter l’intégration de l’attraction, un grand placemaking (refonte thématique) est mis en place début 2007, afin de créer un véritable mini-Hollywood Boulevard, entre Studio 1 et l’entrée de Studio Tram Tour.
Toujours dans l’optique d’augmenter l’offre des studios, deux attractions mineures viendront compléter le développement, en prenant place à Animation Courtyard:
- Crush’s Coaster, une montagne russe de type spining coaster, sur le thème du film Disney-Pixar « Le Monde de Nemo »;
- Cars Quatre Roues Rallye, un manège pour enfants sur le principe des tasses de thé, reprenant le thème du film Disney-Pixar « Cars ».
Les travaux de ces deux attractions débutent en 2006 et leur ouverture est prévue pour juin 2007, au début de la célébration des 15 ans du resort. Là aussi, un placemaking est mis en place dans tout Animation Courtyard, qui pour l’occasion change de nom et devient Toon Studio.
Pendant plus de 2 ans, les Walt Disney Studios vont devenir un véritable labyrinthe de palissades de chantier. Mais ce sera pour le bien de ce parc en manque cruel d’attractions depuis son ouverture en 2002.
En 2006, l’action Euro Disney atteint son plus bas niveau, à 0,05€. Il est bien loin le temps où le titre s’échangeait à près de 22€, avant l’ouverture du parc en 1992. En novembre de cette même année, Euro Disney doit faire face à une situation assez étrange. Un mystérieux investisseur allemand, dont la société est basée en Suisse, veut lancer une OPA hostile sur Euro Disney SCA. Situation étrange, car Euro Disney est une Société en Commandite par Actions. Par conséquent, les intérêts de la Walt Disney Company sont complètement protégés d’une telle opération. Mais tout ceci se révèle être en fin de compte, une énorme farce, qui aura cependant permis au titre de voir sa valeur doublée, à 0,10€.
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À l’occasion du quinzième anniversaire, Disney diffuse sur le net une grande rétrospective vidéo de ses 15 ans d’existence.
Parallèlement aux développements du complexe de loisirs, le Val d’Europe poursuit également son extension. Les nouveaux hôtels du Val de France ont ouvert en 2003, et forment le point de départ d’un nouveau quartier résidentiel sur la commune de Magny-le-Hongre. De plus, un nouvel hôtel de luxe ouvre en plein cœur du Golf Disney, en complément de la résidence Mariott, déjà présente sur le green.
Du côté du Centre Urbain, les développements vont bon train également, avec la construction du quartier du parc, dont l’achèvement est marqué par l’inauguration de la place de Toscane et le déménagement de la Mairie de Serris en plein centre de ce nouveau secteur courant 2006.
Finalement, il n’y a que du côté du parc d’entreprise Arlington que ça coince, avec un développement beaucoup plus lent que prévu. En effet, contrairement au Centre Urbain, le parc d’activités Paris-Val d’Europe est loin des principaux axes de transports en commun, ce qui ne tend pas à le rendre très attractif.
Pendant que le parc poursuit son développement, le Val d’Europe continue également son expansion, avec le nouveau quartier du parc et la place de Toscane (en haut), les hôtels du Val de France et du Golf (en centre) et les bureaux du centre-urbain et du parc d’entreprise Arlington / Paris-Val d’Europe (en bas).
Mais le Val d’Europe fera surtout parler de lui à travers un tout nouveau grand projet: les Villages Nature. Il s’agit d’un vieux projet de partenariat entre Euro Disney SCA et le groupe Pierre&Vacances (P&V), datant de 2003. En effet, le groupe P&V possède depuis cette année-là une résidence de tourisme au cœur du centre urbain. Mais le groupe veut aller plus loin, et profiter de l’aura de Disney pour établir un complexe de type Center Parcs (dont P&V est le propriétaire de la marque) proche du resort. Les discussions entre Euro Disney SCA et P&V ont abouti à la création d’une société commune, chargée de développer ce projet aux portes du secteur IV de Marne-la-Vallée, du côté du Ranch Davy Crockett. Le projet est officiellement présenté en février 2007, lors de l’envoi d’une lettre d’intention à l’État Français, signée par les deux partenaires.
Villages Nature, ou comment Disney cherchait à surfer sur la mode écolo
Alors que le groupe se prépare donc à fêter les 15 ans du complexe (et ses 20 ans d’existence), sa situation économique ne semble pas pour autant en voie d’amélioration, malgré un très important plan d’investissements. Les célébrations du 15ème anniversaire, avec leurs lots de surprises, arriveront-elles à inverser cette tendance pour faire repartir le groupe sur de bonnes bases? La Tour de la Terreur sera-t-elle aux Walt Disney Studios ce que Space Mountain fut en son temps au Parc Disneyland? Ou bien tout cela ne sera-t-il finalement qu’un n-ième sursaut avant de nouveaux ennuis? Rendez-vous la semaine prochaine pour le savoir.