Ces problèmes financiers ne tombent pas au meilleur moment pour celui qui est le co-aménageur du Val d’Europe au côté d’EPA-France. Et c’est le moins que l’on puisse dire, vu que le programme d’aménagement de la Phase IV, en gestation depuis déjà quatre ans, vient enfin d’être signé. Si en terme de développement touristique, cette 4ème phase est plutôt «modeste» (dans le sens où elle reprend en très grande partie des programmes qui auraient déjà dû voir le jour lors de la phase III, notamment en ce qui concerne le développement du Disney Village et la création du centre des congrès, et en excluant le projet Villages Nature de l’équation, puisque déjà acté par le 8ème avenant à la Convention de 1987), il n’en est pas de même en matière de développement immobilier. En effet, cette nouvelle phase marque le début de l’extension du Centre Urbain, avec à l’Ouest la ZAC des Studios et des Congrès dans sa partie habitat, et à l’Est, la ZAC du Pré-de-Claye. Ces extensions s’inscrivent concomitamment avec l’extension du Centre Commercial du Val d’Europe, construit sur dalle au-dessus de la ligne à grande vitesse, et la poursuite du développement immobilier de la partie nord de la ZAC du Centre Urbain du Val d’Europe. Il faut bien dire qu’après quelques années de flottement, le développement immobilier repart de façon très forte sur le secteur, porté par des taux d’intérêt bancaire en chute libre depuis 2015.
Côté parcs, l’année 2015 commence encore une fois sur les chapeaux de roues en terme de rénovations d’ampleurs, et cela, alors même que la recapitalisation n’a pas encore dégagée de l’argent frais pour les comptes du groupe. C’est du côté de Discoveryland que cela se déroule durant tout le premier semestre de cette année, avec les fermetures de Space Mountain Mission 2, du restaurant Hypérion et de la salle de spectacle attenante Videopolis (JTA), ainsi que quelque temps plus tard, le départ définitif de Captain EO.
Pour Space Mountain Mission 2, qui célébrait ses 10 ans d’existence, et les 20 ans de l’attraction cette année-là, il s’agit avant tout d’une réhabilitation technique, la rénovation du «show» se concentrant essentiellement sur un important nettoyage des décors et du bâtiment, notamment en ce qui concerne le canon.
Du côté du complexe Hypérion/Vidéopolis, le travail est un peu plus poussé. Outre la rénovation générale du bâtiment, le chantier conduit à une remise à niveau générale de la cuisine du plan grand fast-food du parc, afin d’améliorer l’expérience gustative des visiteurs. Mais le plus gros des travaux, c’est sur la scène même de Vidéopolis qu’il se déroule. En effet, à sa réouverture, la salle accueillera un nouveau spectacle, la Jedi Training Academy, une animation qui permet aux enfants d’apprendre à devenir un chevalier Jedi, et surtout d’affronter le terrible Dark Vador.
Enfin, l’ancien Imagination Institut devient officiellement le Discoveryland Theater. Et pour sa première saison sous ce format éphémère, c’est le preview du film Marvel Ant-Man qui est mis à l’honneur.
En matière d’événementiel, le début 2015 est marqué par la seconde saison du Swing Into Spring. Si en termes de décors et de personnages, cette nouvelle édition est plus poussée que la précédente, côté spectacle, c’est quelque peu la douche froide. La Promenade Printanière, le grand spectacle unanimement salué par tous lors de la première saison, est remplacée par une variante, La Garden Party de Dingo, mais le résultat est moins convainquant. Quant au spectacle mettant en avant les habitants de Main Street USA, il disparaît tout simplement de la circulation.
Mais l’année 2015 est surtout l’occasion de lancer une toute nouvelle saison, La Fête Givrée, centrée sur le film à succès des studios d’animation Disney, La Reine des Neiges. La principale animation de cette saison, c’est le spectacle «Chantons la Reine des Neiges», qui prend place au Chaparral Theater, trois ans après la fin de Tarzan – La Rencontre. Il s’agit d’un show sous forme de karaoké géant, où chanteurs, danseurs, et personnages du film, invitent le public à chanter les tubes du film. Outre cela, Disney Dreams! se voit une nouvelle fois modifié pour cette saison, une séquence sur La Reine des Neiges remplaçant temporairement celle de Rebelle.
En juin 2015, la recapitalisation du groupe est enfin achevée. Tom Wolber annonce alors officiellement la mise en place d’un plan d’investissement destiné à redonner au complexe la splendeur qu’il avait à son ouverture, et à améliorer l’expérience des visiteurs, Il s’agit bien sûr du fameux «plan de réenchantement de la magie». Ce plan a en réalité commencé dès le début 2014, avec la rénovation d’Indiana Jones et le Temple du Péril, mais il a été quelque peu freiné par les problèmes financiers rencontrés par le groupe à la fin de cette même année. Mais il faut aller vite, car la date pour l’échéance de toutes ces rénovations est fixée à 2017, année du 25ème anniversaire de la destination. Le plan prévoit la rénovation d’une dizaine d’attractions, dont certaines majeures, l’arrivée de nouveaux spectacles et le remplacement de certains, sans oublier les multiples rénovations ponctuelles, notamment les rénovations de sols un peu partout dans le Parc Disneyland, nouveau fer de lance de la Direction avec le retour de l’entertainment.
Suite à l’annonce de ce plan, les premières attractions à fermer à la fin de l’été 2015 sont le Disneyland Railroad et It’s A Small World. Pour le premier, il s’agit de procéder à une importante opération de Renouvellement Voie Ballaste, à un défrichage des abords de la voie, mais surtout, à une rénovation complète des bâtiments des gares de Main Street USA et de Frontierland. Le Disneyland Railroad sera ainsi complètement fermé jusqu’en février 2016, mais ne reprendra un service opérationnel qu’à l’été 2016, avec la réouverture de Main Street Station.
Pour It’s A Small World, il s’agit d’une rénovation technique (notamment en matière d’éclairage) et esthétique, notamment à l’extérieur de l’attraction, où la façade bénéficie d’un important ravalement, avec modification du code couleur. Le pastel disparaît donc, pour des tons beaucoup plus chaleureux. À l’intérieur, les célèbres poupées de l’attraction sont progressivement remplacées par des modèles plus récents. Cette opération de substitution s’étendra jusqu’à la fin 2017.
Début novembre 2015, à la fin de la saison d’Halloween, c’est Big Thunder Mountain qui arrête toute exploitation des trains de sa mine maudite, ainsi que Riverboat Landing, pour une réhabilitation majeure qui dura plus d’une année. Là aussi, il s’agit d’un chantier œuvrant à la fois sur la technique de l’attraction, et sur sa thématisation. Le lac de Frontierland a ainsi été totalement vidé pour la première fois de son histoire, la montagne complètement repeinte, et la scène du lift C (celui de la mine explosive) a été revue comme dans la version californienne de l’attraction.
Fin janvier 2016, c’est le spectacle des Walt Disney Studios, Animagique, qui baisse définitivement le rideau après 14 ans de représentation. Il sera remplacé quelques mois plus tard par un nouveau spectacle de type comédie musicale.
Enfin, en mars 2016, l’astroport de Star Tours ferme lui aussi ses portes. Les vols commerciaux à destination de la lune forestière d’Endor cessent ainsi toute activité sur Terre. Avec une année de travaux de transformation complète, Star Tours – l’Aventure Continue proposera aux visiteurs des voyages aléatoires, comme cela existe déjà dans les autres versions de l’attraction depuis déjà quelques années.
Pour pallier à toutes ces fermetures, la Direction met le paquet sur les spectacles en salle. Au Parc Disneyland, le début de l’année 2016 voit ainsi l’arrivée de La Forêt de l’Enchantement – Une aventure Musicale Disney. Ce spectacle d’acrobaties et de chants en live (une première pour un spectacle à Disnayland Paris), met en scène l’histoire d’une forêt magique, où les animaux et les éléments de la nature, sous la direction d’Enchantella, nous font revivre certaines scènes mythiques de Disney, du Livre de la Jungle à Rebelle, en passant par Tarzan ou Pocahontas. Chaparral Theater retrouve ainsi un véritable grand spectacle, dans la lignée des shows du Cirque du Soleil, et pas un simple karaoké.
L’autre grand spectacle de 2016, c’est le successeur d’Animagique, qui prend ainsi place à l’Animagique Theater des Walt Disney Studios. Mickey et le Magicien est un mélange entre grand show de Broadway (pour le côté danse et comédie musicale) et les spectacles de magie. Il met en scène Mickey Mouse (qui utilise pour la première fois la tête parlante du personnage dans une animation à Disneyland Paris), en tant qu’assistant d’un magicien. Alors que notre brave souris nettoie l’atelier de son maître, il est confronté à diverses rencontres magiques, qui lui apprendront à contrôler son pouvoir. Avec Mickey et le Magicien, Disneyland Paris renoue définitivement avec les grands spectacles de qualité.
Instigateur de la politique de retour des spectacles, Tom Wolber ne profitera cependant pas très longtemps de la nouvelle impulsion qu’il a donnée au groupe. À peine un an et demi après son arrivé, il quitte ses fonctions à la tête d’Euro Disney SCA pour retourner à Disney Cruise Line. Pour la première fois de son histoire, c’est une femme, Catherine Powell, qui devient présidente du gérant d’Euro Disney. Cette dernière est également novice dans la gestion des complexes touristiques, puisqu’elle vient de la division merchandising et marketing de la Walt Disney Company… tout comme Robert «Bob» Chapek, le nouveau président de Parks & Resorts, la division en charge de chapeauter l’ensemble des complexes Disney dans le monde.
Il est dès lors très clair que la nouvelle politique de la Walt Disney Company concernant ses parcs, sera à présent accès sur les franchises. Et il faut dire qu’outre les produits maisons, le Groupe a fait une razzia sur bon nombre de nouvelles marques depuis le début des années 2010, notamment avec les rachats de Marvel et de Lucasfilm, et le partenariat avec Lightstorm Entertainment sur la franchise Avatar. Dès lors, il paraît logique que la stratégie de développement du groupe devra s’axer quasi-exclusivement sur l’utilisation de ces franchises dans les parcs.
Malgré le plan de recapitalisation de 2015, Catherine Powell doit faire face à une situation économique des plus critiques. Si l’exercice 2015 fut marqué par un léger mieux par rapport à 2014, l’effet «Ratatouille» n’a cependant pas eu lieu. La fréquentation ne remonte que très légèrement, mais sans repasser au-dessus des 15 millions de visiteurs, et le résultat net, tout comme le résultat d’exploitation, restent désespérément dans le rouge, avec des pertes respectives de 102 et 57 millions d’€uros.
Mais l’exercice 2016 fut celui de tous les dangers pour Euro Disney SCA. Outre les importants investissements réalisés dans le cadre du «plan de réenchantement de la magie» et dans la préparation des festivités du 25ème anniversaire, qui engendrent de nombreux désagréments et une baisse de la satisfaction des visiteurs, le groupe est soumis à des facteurs externes qui vont avoir une influence sur l’ensemble du secteur touristique en France durant cette année. Il s’agit en premier lieu de la vague d’attentats qui touche l’Europe, et notamment la France, depuis le 13 novembre 2015. S’ajoutent à cela d’importants mouvements de grève au premier semestre 2016, le tout couplé à une météo mauvaise et des inondations en région parisienne en début de haute saison.
Facteurs internes et externes couplés conduisent une nouvelle fois le groupe français vers une situation financière critique. Les résultats tombent le 10 novembre 2016, et c’est la douche froide: Euro Disney enregistre une perte record de 858 millions d’€uros, dont 242 millions d’€uros en perte d’exploitation et 565 millions d’€uros de dépréciation d’actifs. Du côté de la trésorerie, les signaux repassent également à l’orange: au rythme où le groupe brûle son cash, sa trésorerie sera à nouveau proche de zéro d’ici la fin de l’exercice 2017. Enfin, les indicateurs touristiques plongent eux aussi, le groupe perdant 1,5 million de visiteurs par rapport à l’exercice précédent.
La situation provoquée par la dépréciation d’actifs est telle que le groupe n’a plus le choix: il a deux ans, soit pour recapitaliser, soit pour entamer une procédure de liquidation judiciaire. Dans ce contexte, la Walt Disney Company se décide enfin à mettre fin à cette partie de poker-menteur pour milliardaire. Le 10 février 2017, la maison mère annonce ainsi son intention de lancer une Opération Publique d’Achat (OPA) sur le capital restant d’Euro Disney SCA qui n’est pas encore en sa possession. Elle propose ainsi un rachat à 2€ par action (soit 2 centimes d’€uro si l’on fait fi du regroupement d’actions de 2007-2008), soit la somme par action qui a été versée au Prince Al-Waleed pour lui racheter 9 des 10% du capital du groupe qu’il possédait (à ceci près que son altesse royale n’a pas été payée en monnaie sonnante et trébuchante… mais en actions de la Walt Disney Company).
Pour rappel, l’action avait été créée en 1989 avec une valeur de 1,52€ (soit 152€ à la cotation actuelle du titre), et mise en circulation sur le marché par cette même Walt Disney Company, au prix de 10,97€ (soit 1 097€ à la cotation actuelle du titre). En somme, la maison mère propose aux actionnaires de racheter 2€, un produit financier qui en valait 76 fois plus lors de la création du groupe (alors que celui-ci ne possédait encore rien à l’époque, les travaux de construction du premier parc venant à peine de commencer), et qu’elle a vendu 550 fois plus cher aux actionnaires de l’époque, lors de l’ouverture du capital d’Euro Disney SCA, que ce qu’elle propose aujourd’hui pour reprendre la totalité de ce capital. Une opération donc très rentable pour TWDC, qui prendrait ainsi le contrôle financier complet d’un groupe dont elle a déjà la gérance pleine et entière depuis sa création, sans débourser le moindre centime, les infrastructures du complexe ayant été financées par les petits actionnaires et la dette auprès des banques par les remboursements de la filiale française, et le rachat d’Euro Disney SCA étant largement couvert par la plus-value réalisée initialement lors de l’ouverture du capital du groupe français.
Quoi qu’il en soit, que l’OPA réussisse ou échoue, une nouvelle recapitalisation d’Euro Disney SCA sera nécessaire, afin de dégager à nouveau des liquidités pour permettre au groupe de fonctionner.
En parallèle de ces problèmes financiers, le groupe poursuit la mise en place de son «programme de réenchantement de la magie», à commencer par la réouverture de Big Thunder Mountain, le 17 décembre 2016. Parmi les différentes attractions impactées par le plan, le célèbre train de la mine est la première à revenir dans une configuration «mise à jour» par rapport à l’expérience précédemment proposée aux visiteurs, notamment avec la mise en place d’une nouvelle scénographie dans la scène finale de l’explosion de la mine. Si la réhabilitation est plutôt un succès en matière de rénovation de la montagne et de ses abords, il n’en est malheureusement pas de même en ce qui concerne la fiabilité de l’attraction et de sa nouvelle scène finale. La catastrophe est telle, que Big Thunder Mountain, qui devait être vendue aux visiteurs dans le programme des 25 ans, disparaît purement et simplement de toute promotion faite par Disneyland Paris.
Début janvier 2017, deux nouvelles attractions majeures ferment leurs portes pour passer à la moulinette du «programme de réenchantement de la magie». Il s’agit de Space Mountain: Mission 2, et de Pirates of the Caribbean. Dans les deux cas, il s’agit de réhabilitations essentiellement thématiques, devant permettre aux visiteurs de vivre une expérience nouvelle. Space Mountain devient ainsi Star Wars Hyperspace Mountain: Rebel Mission dès le 7 mai 2017, et Pirates of the Caribbean a enfin droit à l’intégration de Jack Sparrow en son sein, onze ans après les versions américaines de l’attraction. Les attractions, qui jusque-là n’étaient pas forcément centrées sur une franchise cinématographique du groupe (pour rappel, c’est l’attraction Pirates of the Caribbean qui a inspiré les films de la saga Pirates des Caraïbes, et non l’inverse), commencent donc à se franchiser.
Pour pallier à ces fermetures en nombre à l’approche du 25ème anniversaire, une nouvelle saison est lancée pour la première fois aux Walt Disney Studios, la Saison de la Force. De janvier à mars 2017, les visiteurs pouvaient ainsi se plonger dans l’ambiance de la célèbre saga Star Wars, avec de multiples rencontres avec les personnages, des spectacles, mais aussi un tout nouveau show nocturne utilisant pour toile le bâtiment de la Tour de la Terreur. Et pour une première, l’essai est plutôt réussi. Il faut dire que la majeure partie des animations proposées est une simple transposition de la saison équivalente, existant dans les parcs américains depuis l’année précédente.
Plus que le «programme de réenchantement de la magie», ces dernières réhabilitations avec changement thématique rentrent pleinement dans le programme promotionnel des festivités du 25ème anniversaire de Disneyland Paris. La première grande attraction à rouvrir à cette occasion, c’est bien entendu Star Tours: l’Aventure Continue. Reprenant le principe du fonctionnement de son aîné, c’est-à-dire une agence de voyage spatial, cette nouvelle version de l’attraction sublime l’expérience, notamment avec le système des voyages aléatoires, offrant ainsi aux visiteurs plus de 90 expériences différentes.
Le 25ème anniversaire est également marqué par de nombreuses nouveautés en matière de spectacles, qui prennent place en grande partie au Théâtre du Château, lequel retrouve ainsi pleinement sa fonction de scène principale du Parc Disneyland, après des années d’abandon. En soirée, le spectacle nocturne Disney Dreams! est remplacé par un nouveau show, Disney Illuminations, très largement repris du spectacle nocturne de Shanghai Disneyland, Ignite the Dream. Et le résultat est cette fois pour le moins très décevant par rapport à ce que le parc proposait avant. Mais la bonne surprise et grande nouveauté entertainment de ce 25ème anniversaire, c’est bien entendu la nouvelle parade de jour, la Disney Stars on Parade. Pour la première fois depuis des années, Disneyland Paris renoue avec le principe d’une parade très dynamique musicalement parlant… et surtout utilisant le principe des musiques propres à chaque char, une chose qui avait été abandonnée cinq ans plus tôt lors du 20ème anniversaire, avec la Magie Disney en Parade.
Avec ce 25ème anniversaire, la Direction a voulu mettre les petits plats dans les grands, et ce n’est pas moins de quatre journées spéciales qui mettent en avant ces festivités entre fin février et début mai, réunissant notamment le Président de la République de l’époque, François Hollande, le casting de Pirates des Caraïbes: La Vengeance de Salazar, ou bien encore les traditionnels people et journalistes européens. Mais le point d’orgue restera très certainement le 12 avril 2017, journée anniversaire du parc, où un spectacle digne de la grande ouverture de 1992 fut donné aux visiteurs présents ce jour très particulier.
Nous arrivons à la fin de notre histoire, et peut-être même à la fin de Disneyland Paris tel que nous l’avions connu jusqu’à présent. La tentative d’OPA de la Walt Disney Company sur Euro Disney SCA pourrait rabattre pour partie les cartes dans l’avenir de la destination européenne du géant américain du divertissement. Deux options sont possibles: soit une réussite, et dans ce cas nous pourrons définitivement tourner la page de l’histoire financière du groupe, puisque tout sera «caché» à l’avenir; soit un échec, et dans ce cas la partie de poker-menteur pourra continuer encore un peu entre les actionnaires minoritaires et la maison mère américaine.
Deux choses sont cependant certaines : en premier lieu, si l’OPA réussit, Disneyland Paris ne deviendra jamais un complexe géré directement par TWDC, comme peuvent l’être les resorts américains. La société française Euro Disney SCA existera toujours, et devra toujours reverser à sa maison mère, des frais de licence et de gérance pour l’utilisation de la marque et l’exploitation de la destination touristique ; elle devra toujours payer à prix fort les frais de maîtrise d’œuvre d’Imagineering, et l’ensemble des contrats de services liant maison mère et filiale sera maintenu.
En second lieu, que l’OPA aboutisse ou non, une recapitalisation d’Euro Disney SCA sera obligatoire pour que l’activité du groupe français puisse se poursuivre. Reste à savoir à quoi serviront les liquidités dégagées par cette nouvelle augmentation de capital, la 5ème depuis la création du groupe il y a 30 ans. Reste à savoir à quoi serviront ces «1,5 milliards d’€uros de recapitalisation», annoncés par la Direction. En toute vraisemblance, la majeure partie de cette somme devrait servir à rembourser complètement la dette du groupe, qui s’élevait encore à 1,135 milliard d’€uros à la fin de l’exercice fiscal 2016. Resteraient donc un peu moins de 400 millions d’€uros, qui viendraient renflouer la trésorerie, et permettre une nouvelle fois d’investir.
Mais investir dans quoi ? Avec une telle somme, Euro Disney SCA ne pourra pas aller bien loin dans l’exubérance, d’autant que des échéances à venir en matière de rénovations post-25ème anniversaire vont déjà grandement tirer sur cette cagnotte. Il y a tout d’abord la poursuite du plan de rénovation des Hôtels Disney, avec l’important chantier de l’Hotel New-York, qui demandera la fermeture complète de l’établissement pour au moins 18 mois à partir de début 2018. Restera ensuite la rénovation du Disneyland Hotel, dernier établissement à profiter de ce plan pluriannuel, mais les choses ne sont à ce jour pas encore figées le concernant.
Du côté du «programme de réenchantement de la magie», nous savons dès à présent que celui-ci va se poursuivre. Et cela a déjà commencé avec la fermeture de Cinémagique le 30 mars dernier, dans l’optique d’accueillir un futur show qui serait centré sur les licences Marvel. Au Parc Disneyland, Phantom Manor sera la prochaine grande attraction à fermer ses portes afin de bénéficier d’une rénovation à la fois technique et thématique, tandis que la rumeur de fermeture de Blanche-Neige et les Sept Nains, pour faire place à un nouveau «Pavillon des Princesses» au format XXL, se fait de plus en plus persistante.
À ces éléments s’ajoutent les obligations du Groupe vis-à-vis de son partenaire public EPA-France, qui ont été contractualisées dans le 4ème Phase de développement du Val d’Europe. Les objectifs de cette phase prévoient notamment la construction d’un nouvel hôtel Disney face au Santa Fe, l’extension majeure du Disney Village entre le Lac Disney et l’avenue Paul Séramy, et la création tant attendue, de l’autre côté de cette avenue, de la première tranche du Centre des Congrès et de son hôtel associé. Fait important, il est à noter que le groupe est déjà en retard sur ces objectifs-là, qui concernent le développement de l’activité touristique, alors que sur l’ensemble des autres objectifs, notamment l’augmentation de l’offre de logements et de bureaux, les résultats seront atteints, et même dépassés, avant l’échéance de la 4ème Phase en 2024.
À moins d’un revirement complet dans la gestion du groupe par la maison mère, couplé à un financement offert d’une extension majeure des parcs, l’avenir de Disneyland Paris semble donc tout autant incertain pour les cinq prochaines années. Mais comme le dit l’adage, «Wait and See», nous ne sommes pas à l’abri d’éventuelles surprises, puisque «l’espoir fait vivre». Il est certain que pour le bien des fans, toujours en recherche de nouveautés, nous espérons aussi que cette analyse finale sur les perspectives à venir du groupe sera déjouée. Mais l’Histoire d’Euro Disney SCA, 30 années de hauts, mais surtout de beaucoup de bas, ne nous appelle cependant pas à nous tourner béatement vers une vision optimiste de l’avenir de Disneyland Paris.