Cette année Disneyland Paris a 20 ans mais ce n’est pas le seul à fêter son anniversaire puisque l’association Petits Princes a de son côté 25 ans !
Si pour Walt Disney tout a commencé par une Souris, pour Dominique Bayle, la co-fondatrice, c’est la découverte d’une association Américaine qui exauce les rêves d’enfants malades qui fut le déclic. Consciente de la force des rêves des enfants malades, elle fonde l’association en 1987. Cette femme passionnée a su fédérer une équipe autour d’elle, et c’est à présent 16 permanents et 60 bénévoles qui œuvrent sous le joli nom de « brigade des rêves ». Parce que depuis le début c’est le cœur du projet : accompagner des enfants qui affrontent des traitements lourds, pour les aider à retrouver un moment l’innocence qu’ils n’auraient jamais du perdre aussi vite, et trouver le courage d’avancer à la force de leurs rêves. En effet Petits Princes ne réalise pas un rêve et s’en va, c’est un vrai accompagnement de l’enfant et de sa famille qui est organisé. Les enfants peuvent ainsi réaliser plusieurs rêves. Ce soutien dans la durée est une spécificité de l’association, l’enfant y trouve une énergie supplémentaire pour se battre et se projeter dans l’avenir et cette approche rencontre l’adhésion du corps médical.
Le 21 novembre, cet anniversaire était célébré à Disneyland Paris avec l’ensemble des enfants et familles suivis depuis 1987 ainsi que les bénévoles, les salariés de l’association, les hôpitaux et les entreprises partenaires dont fait partie Disneyland Paris notamment via son programme « vœux d’enfant ». C’est donc 2000 personnes qui étaient accueillies pour un programme magique : deux jours sur le parc, une soirée pleine de surprises animée par Nagui et un accès nocturne privatisé.
Petits Princes, vous connaissez tous, au moins de nom, mais que savez-vous réellement de ses actions ? Sa mission est de réaliser les rêves d’enfants et d’adolescents malades, atteints de cancers, de leucémie, et de certaines maladies génétiques. Aujourd’hui cela représente 4300 rêves réalisés, 1800 familles et enfants suivis et un rêve réalisé tous les deux jours.
A cette occasion, nous avons eu la chance de rencontrer sur le parc une petite princesse du jour Laura-Eliza, une ancienne petite princesse : Coralie mais également leurs bénévoles respectives Coralie et Geneviève ainsi que la fondatrice Dominique Bayle. Nous avons pu ensuite assister à la soirée magique et nous allons partager tous ces beaux moments avec vous, pour mieux comprendre ce qu’est Petits Princes.
Commençons par un entretien avec Dominique Bayle qui va nous présenter l’association ainsi que la relation qui existe entre Petits Princes et Disney.
Nous : Quelle est l’ancienneté de la relation entre Petits Princes et Disney ?
Dominique Bayle (DB) : Depuis le début, la première petite princesse a bénéficié du mécénat Disney, (Anne lise qui va bien aujourd’hui) ça a été un baptême pour Disney. C’était la première fois qu’ils accueillaient un enfant malade et nous aussi. C’est une relation de profonde amitié qui dure depuis 20 ans.
Nous : Quand les sollicitez vous et comment aboutissent vos demandes ?
DB : A partir du moment ou l’on reçoit une lettre d’enfant ou de parents qui nous signalent qu’ils rêvent de découvrir Disneyland, c’est très simple, on se rapproche du mécénat et en fonction de la disponibilité ils vont nous proposer des périodes. C’est le plus difficile mais ça se passe très très bien avec Disney. En fonction des traitements et des hospitalisations des enfants, il faut coordonner tout ça de façon à ce que l’enfant puisse bénéficier pleinement du séjour qu’il va passer sur Disney. En général c’est 2 jours.
Dominique Bayle
Nous : Avez-vous un souvenir d’un rêve particulier réalisé à Disney ?
DB : Il y en a plusieurs mais il y en a un qui m’a marqué particulièrement, d’un petit garçon de 5 ans qui rêvait de rencontrer Buzz l’Eclair et je sais qu’à l’époque ils n’avaient pas le costume de Buzz ou qu’il était en réparation. Ils l’ont fait venir de l’étranger je crois et il y a eu une merveilleuse rencontre mais qui n’a pas commencé facilement car le petit en voyant Buzz l’Éclair à eu très peur. Tout s’est arrangé grâce à la patience et à la gentillesse de l’hôtesse qui accompagnait Buzz. Ça a été très émouvant car le petit ne voulait plus quitter Buzz et à un moment quand Buzz lui a dit au revoir et qu’on lui a expliqué qu’il allait partir, le petit est allé se cacher sous une table en se bouchant les oreilles. Les adultes ont été lui demander : mais qu’est ce que tu fais sous la table, viens, viens le voir partir. Et il a regardé tout le monde et il a dit, non, non non, faut pas que je sorte, sa fusée va faire du bruit ! C’est des moments fabuleux. Ce sont des émotions qui sont très fortes quand les enfants rencontrent leur personnage. J’ai des photos à l’association d’enfants dans les bras de Mickey, Minnie…et dans leur regard on voit toute l’espérance qu’ils ont de joie et de bonheur, de cette attente d’un jour rencontrer leurs personnages préférés. C’est une belle histoire d’amour avec Disneyland. Moi j’aurais rêvé de rencontrer Walt Disney, c’était un génie de l’enfance.
J’ai eu beaucoup de chance, sur les 4300 rêves qui ont été réalisés, j’ai eu la possibilité soit de les avoir vécus, soit d’avoir eu l’occasion qu’on me les raconte. Et la façon dont les bénévoles racontent leur rêve, c’est quelque chose de magique car je m’autorise à m’approprier ces rêves, pour m’accompagner au quotidien, me donner l’énergie de poursuivre mon action qui me passionne et puis surtout je crois que ce qui est fabuleux avec les enfants c’est que je n’ai jamais douté. Il n’y a aucune prétention dans ce que je dis, c’est que les enfants, dans leur rêve m’ont accompagnée au quotidien durant 25 ans et que quand vous les voyez espérer malgré la maladie, que vous les voyez croire dans leur rêve, se projeter et construire, faire grandir leur imaginaire… c’est eux qui m’ont portée pour toujours continuer à me battre et ne jamais douter.
Nous : Dans la limite des traitements, il n’y a pas de limite au rêve ?
DB : Il faut savoir qu’un enfant malade ne se met pas en danger. Il sait qu’il est déjà en danger au quotidien, même si il ne l’exprime pas pour protéger son entourage, donc a partir du moment où il va avoir le désir qu’on réalise son rêve, il est évident qu’il va choisir un rêve qui correspond à sa personnalité et à sa faisabilité. Ça c’est une évidence, la maturité d’un enfant malade est exceptionnelle. La chance c’est qu’en 25 ans, certaines choses sont aussi plus faciles à obtenir. Et a partir du moment où il y a la volonté de se battre pour réaliser le rêve d’un enfant, vous déplacez des montagnes. Vous avez des fois une énergie que vous ne soupçonnez pas.
Nous : Les bénévoles qui vous accompagnent restent longtemps à vos côtés pour réaliser des rêves ?
DB : On a beaucoup de chance, on a des bénévoles qui sont là depuis 20 ans, 15 ans. Cela s’inscrit dans la durée. La mission est belle : permettre à un enfant de penser à autre chose qu’à la maladie, de l’aider à se battre contre elle, de puiser de l’énergie, de l’aider à vivre comme un enfant en bonne santé. L’aventure est belle, et c’est enrichissant. Donc vous avez envie d’y rester.
Nous : Pourquoi choisir Disneyland Paris pour les 25 ans de l’association ? L’ancienneté du partenariat ?
DB : Grâce déjà à un grand professionnalisme de Disneyland pour accueillir 2000 personnes. Qu’est ce qui peut symboliser le plus le monde de l’enfance ? C’est Disneyland. C’est évident qu’il y a une conjoncture qui fait que c’était à cet endroit là qu’on devait organiser les 25 ans de Petits Princes. Et je peux vous dire que depuis ce matin on accueille des familles qui sont toutes folles de bonheur d’être ici.
Nous : Comment un particulier peut vous aider sans nécessairement avoir la disponibilité pour être bénévole ? Qu’est ce qu’une entreprise peut faire pour devenir sponsor ?
DB : Il y a le don parce que les rêves ont un coût. Et puis parler de Petits Princes autour de soi. Il peut y avoir des manifestations organisées en contact avec le service communication de Petits Princes. Il y a deux formes de mécénat, en interne pour sensibiliser les salariés à une cause parce que l’entreprise adhère a la mission de l’association, et à une autre échelle, une communication en externe. La société organise quelque chose avec l’association (en partenariat avec le servie communication). Un particulier peut sensibiliser sa direction, son entreprise pour soutenir l’association. Il y a toujours possibilité de faire quelque chose, il faut juste l’envie et l’énergie.
Nous : Qu’auriez-vous envie de dire ou d’ajouter sur l’association ou sur cette journée ?
DB : Petits Princes c’est une fantastique aventure grâce à ce que nous apporte les enfants, grâce a ce que nous apprennent les parents. De dire que c’est une leçon d’humilité extraordinaire. Que j’ai le plus beau métier du monde après Walt Disney. Ça fait 25 ans que je suis à Petits Princes, j’ai la même énergie et la même passion. J’ai envie de dire aux équipes Disney que ce sont de grands professionnels qui aiment profondément ce qu’ils font et qu’on s’entend super bien parce qu’on parle la même langue, celle de l’enfance. Le 20 novembre c’est la journée mondiale de l’enfance et le 21 novembre sera pour moi la journée mondiale de Petits Princes et de Disneyland.
A présent nous allons vous retracer la rencontre avec une petite princesse, une jeune femme anciennement soutenue par Petits Princes et leurs bénévoles, pour vous donner leur vision de l’association et surtout, des rêves.
Nous : Bonjour Laura-Eliza, était tu déjà venue à Disneyland Paris ?
Laura-Eliza (L.E) : Non pour moi c’est la première fois.
Nous : Étais-ce une de tes rêves ?
L.E : J’avais demandé à l’association si je pouvais venir, mon rêve est réalisé.
Coralie, bénévole (C.B) : Aujourd’hui ce n’est pas tout a fait un rêve au sens propre qui a été réalisé pour Laura-Eliza, c’est l’anniversaire de l’association et il se trouve qu’elle n’était jamais venue et en avait très envie. Donc ça se transforme en rêve. Disney est pour nous un partenaire extraordinaire.
Laura-Eliza
Nous : Qu’est ce que tu as préféré aujourd’hui (ils étaient au Walt Disney Studios durant la matinée) ?
L.E : Slinky Dog, et Cars Quatre Roues Rallye. Les voitures étaient à quelques millimètres de la collision et elles y échappent de peu !
DG : Comment êtes vous entrés en contact avec l’association ?
Coralie (C) : C’est ma mère qui est entrée en contact, je ne me souviens plus bien comment
Je crois que maman avait vu une interview de Dominique à la télé et c’est comme ça qu’elle a contacté Petits Princes. Du coup j’ai fais mon premier rêve il y a 8 ans et c’était au Festival de Cannes avec Geneviève.
Parce que mon rêve c’était le cinéma. Ils m’ont emmenée à la clôture du festival, j’ai dormi dans un palace au Majestic et j’ai pu assister au photocall, aux interviews et aux soirées privées. J’ai été maquillée et coiffée pendant 3 jours.
Le soir de la clôture j’étais en coulisses lors de la remise de la palme et le matin on croisait Michael Moore, qui venait de recevoir la palme, au petit déjeuner.
Après je suis restée en contact avec eux et j’ai pu faire la cérémonie des Césars avec une belle robe de soirée.
Maman de L.E : C’est mon mari qui s’en est occupé (c’est eux qui font la démarche). On connaissait de nom l’association et leur action.
Papa de L.E : Je les ai contacté par mail au départ, après il y a la démarche administrative, et ensuite on a tout de suite fait connaissance avec les bénévoles, avec Florence et Coralie.
Geneviève, bénévole (G) : Quand un dossier nous arrive des services pédiatriques, des assistantes sociales ou des parents eux même (il y a des revues dans les services pédiatriques, et l’association est en lien avec 150 services hospitaliers), nous sommes toutes présentes en réunion rêve, ces dossiers sont distribués. Cela se fait en fonction des âges, de notre travail déjà en cours. En fonction de ça on lève le doigt quand Dominique nous présente le dossier. Pour Coralie j’ai levé le doigt et à partir de ce moment là ce dossier j’en suis responsable, comme les autres le sont des leurs. En ce moment il y a 10 dossiers par semaine qui sont distribués, c’est quand même énorme !
On doit prendre contact avec la famille, et une fois la partie procédure (autorisation parentale, médicale…) faite le dossier est ouvert et là je vais mettre tout en œuvre pour réaliser son rêve. Donc par téléphone, mail on va parler, échanger, on va essayer de comprendre ce qu’ils veulent et à partir de là on se met en route. Après il y a des rêves plus faciles que d’autres à réaliser. Disney, on passe un coup de fil et c’est assez facile de réaliser le vœu de l’enfant, il faut gérer le calendrier, le timing mais par exemple le Festival de Cannes c’est un peu moins simple. Maintenant on a des partenariats et le festival de Cannes nous accueille chaque année. Le rêve nous nous en occupons dans sa totalité, l’enfant est pris en charge pour toutes les étapes du rêve. De chez lui à la réalisation du rêve en lui même et jusqu’à son retour. Puis on se quitte, ça fait des souvenirs et il se tisse une relation.
Genneviève, Bénévole
Nous : Justement, comment vous tisser ce lien au départ ? Vous vous rencontrez ? Comment cela évolue dans le temps ?
C.B : Le premier contact qu’on prend c’est par téléphone, on monte le projet avec eux. Avec Laura-Eliza, le premier rêve que j’ai fais, c’est autour du cheval. C’est une cavalière, elle rêvait de remonter sur un cheval, et d’en profiter car elle ne peut plus trop le faire. On a passé un week-end dans un haras, ça a été un moment magique, extraordinaire. On a monté le projet par téléphone, voir avec eux ce que l’on faisait, leur disponibilité et on s’est rencontré le jour du rêve. En fait on ne se rencontre pas avant, en dehors des cas exceptionnels quand on a des petits princes hospitalisés sur paris, sinon on les rencontre sur le rêve.
G : Le jour du rêve est en général le jour ou l’on se rencontre, ça fait tilt. C’est une grande rencontre, on ne se connaît pas donc ce n’est pas évident, il y a de la pudeur et puis ça se fait bien parce que tout le monde est là pour mettre des étoiles au fond des yeux de l’enfant dont nous sommes en charge. La plupart des rêves se font en présence de la famille et de la fratrie. Sauf quelques exceptions comme le cas de Coralie dont seul le papa avait pu l’accompagner pour la montée des marches. Quand on rentre d’un rêve on est lancés et la relation s’installe. On prend des nouvelles régulièrement, on essaie de ne pas les oublier aux anniversaires. C’est la spécificité de Petits Princes. Après un rêve, il y a un autre rêve, et un autre rêve. Il s’installe un vrai suivi que l’on gère. Alors il y a des suivis plus présents si l’enfant médicalement rechute ou si psychologiquement c’est plus difficile, il y a des âges ou c’est parfois plus difficile d’accepter la maladie. On reste alors à l’écoute et on discute afin de ré accompagner l’enfant vers un rêve, une envie. On n’est pas un catalogue, ça doit venir de l’enfant. Après il y a des histoires amicales qui se créent, aujourd’hui Coralie est une jeune femme qui gère sa vie mais on reste en lien, son passé douloureux reste derrière, et on va de l’avant. Dans son cas c’est assez particulier puisque son rêve de départ c’est sa profession d’aujourd’hui. Donc c’est super de participer à ça et on l’a soutenu. Il y a une pièce de théâtre qui a été écrite par un auteur et qu’elle joue seule en scène.
C : Je viens de jouer 1 mois sur Paris, et je l’avais joué à Avignon en 2010, Petits Princes m’a beaucoup aidé.
G : C’est des histoires qui s’écrivent dans une continuité, on est toujours un petit peu là quand on peut ou quand le jeune le souhaite. Parfois certains jeunes ont aussi besoin de tourner la page.
Nous : Comment identifiez- vous le désir de rêve d’un enfant ? Par le biais de la famille ? Vous proposez quelque chose ?
Papa de L.E : Il y a des contacts téléphonique, le contact n’est jamais rompu très longtemps avec les bénévoles. Avec la discussion avec l’enfant on affine son rêve.
C .B : Nous on ne propose rien du tout, c’est vraiment l’idée de l’enfant et on affine au plus pour aller au plus près de son rêve. Pour vous montrer qu’on ne propose rien, on a eu un enfant dont le rêve était de faire la tournée des camions de poubelle. Il avait 3 ans, il était bloqué chez lui sans pouvoir sortir et tous les matins son plaisir c’était de regarder ces camions, c’était son rêve et on l’a réalisé. Il a fait une tournée avec la mairie de Paris qui lui a fait un costume d’éboueur à sa taille. Il a pu toucher à tous les boutons, c’était Star Wars pour lui.
Nous : Les rêves Disney ça revient souvent ?
C.B : On a calculé c’est en moyenne 80 enfants par an, et souvent beaucoup de petits car on suit les enfants de 3 a 18 ans. On a beaucoup de petits qui veulent rencontrer Mickey, rencontrer Minnie, Buzz…après on a des plus grands comme Laura-Eliza qui veulent découvrir le parc. C’est quand même une vraie demande qui revient régulièrement.
Nous : Pour vous les familles, quelle place prend le rêve ?
Papa L.E : Ce sont des respirations. Ce sont des moments où le temps s’arrête et où on focalise non plus sur le quotidien, mais c’est un moment où vous vous laissez porter par les membres de l’association. Alors que notre quotidien à nous c’est plutôt la bagarre, contre à peu près tout mais ce n’est pas le propos ici. Là vous avez des bénévoles comme Coralie qui vous portent, qui organisent quelque chose et vous n’avez qu’une chose à faire c’est vous laisser bercer par cette association et par cette richesse humaine qui vous entoure. C’est une respiration. C’est un moment ou vous soufflez, vous vous occupez de rien, vous vous laissez aller au bonheur de ce moment là, vus ne pensez à rien d’autre. Je pense que c’est ça qui est important pour les enfants et pour leur famille, c’est ce temps, cette parenthèse, cette respiration. C’est des moments où vous vous abandonnez, vous lâchez prise. Ça dure 24/48h peu importe mais ça c’est une chose qui est irremplaçable, parce que dans le quotidien d’enfants malades ; le lâcher prise c’est impossible.
C.B : Nous on dit le rêve c’est avant pendant et après. Avant parce que l’enfant prépare le rêve. On a parfois des enfants qui sont bloqués à l’hôpital et qui sont en traitement lourds et on leur parle de leur rêve. Ils subissent des choses violentes et ils peuvent un peu s’évader en se disant tiens, il va se passer ça, j’ai envie de faire ça, ils se projettent complètement.
Papa L.E : Ça leur donne un point à atteindre. Après il y a le rêve en lui-même Et après on digère un peu les choses, on pense, on reparle du rêve, et cette période peut durer longtemps.
Nous : Qu’est ce qui vous motive le jour où vous franchissez le pas et décidez de devenir bénévole à Petits Prince ?
C.B : On a chacune notre histoire, moi j’en avais entendu parler pendant mes études et je savais qu’il fallait beaucoup de disponibilité et j’en avais pas du tout. Et puis à la naissance de ma deuxième, j’ai décidé de venir à Petits Princes, d’abord parce que le domaine de l’enfance m’intéressait énormément, j’ai fais des études de psychologie clinique, et ce que j’ai adoré c’était ce suivi. On ne laisse pas tomber nos familles, on crée un vrai lien avec elles, et puis je me disais aussi, je trouve ça tellement injuste, la maladie d’un enfant. L’enfant c’est l’innocence et tout à coup ils sont basculés dans un monde violent, dur, ils perdent leur innocence. Et je me suis dis cette association là, ce n’est pas qu’elle répare une injustice mais au moins elle redonne leur part d’enfance aux petits. Clairement sur un rêve, j’ai vraiment l’impression qu’on oublie la maladie. Et les parents aussi. C’est vrai que moi je le vois souvent, ils posent leurs bagages, ce sont des quotidiens tellement lourds, tellement angoissants, on a passé un week-end extraordinaire, c’était la famille, entre nous.
G : Oui il y a un déclic, un moment dans sa vie en fonction de son âge etc. ou on se dit : j’ai la chance parce que ça commence par là, j’ai la chance de ne pas travailler, je peux faire autre chose (un bénévole Petits Princes doit être présent 2 jours par semaines à l’association plus les jours de rêves, donc ce sont des personnes qui ne travaillent pas par ailleurs). En ce qui me concerne ça a été une évidence qu’il fallait que je fasse quelque chose autour de l’enfant. Quoi ? je ne savais pas et j’ai lu une annonce dans un journal, il y a 11 ans , d’une association que je ne connaissais pas car on en parlait moins qu’aujourd’hui. Et je me suis présentée, on m’a dit il vous faudra trois entretiens, une lettre de motivation et un CV, je me suis dis mince c’est comme si j’allais travailler. Parce que je m’étais dis, bénévole, on va m’ouvrir la porte immédiatement trop content de me voir et voila, après j’ai compris pourquoi 3 entretiens et les 3 mois de formation. Ce n’est quand même pas rien. On nous confie quelque chose, ça touche à la maladie, il faut qu’on comprenne bien certains mécanismes, ça s’apprend. Il faut aussi qu’on se prépare, et se dire je suis assez solide, j’y vais, enfin je tente, sans prétention.
Nous : En tant que bénévole « référente », vous organisez seule le rêve ?
C.B : Oui on le monte de bout en bout. On monte le rêve, on prend des contacts. En liaison avec la communication de Petits Princes qui a aussi un carnet d’adresse et un réseau. Le tout en partenariat avec les parents, avec les médecins des enfants. Il y a une validation de l’équipe médicale, rien n’est laissé au hasard. Et les médecins jouent le jeu à 200 %. C’est arrivé que des médecins reculent un traitement de 48h pour que l’enfant puisse faire son rêve. Les médecins sont avec nous.
Papa de L.E : C’est cadré, et encadré. Il ne s’agit pas d’aggraver le problème de l’enfant. L’avantage d’association comme Petits Princes c’est qu’on sait que les choses seront faites de façon cadrées, et sure. C’est rassurant, car si vous aviez le moindre sentiment de vous aventurer dans quelque chose qui n’est pas maitrisé, vous rajouteriez du stress a du stress. C’est impossible d’envisager un projet dans lequel vous avez le moindre doute. C’est rassurant de passer par une association qui a une telle maitrise de ce qu’elle fait. Tous les bénévoles sont tellement impliqués que vous n’avez aucun doute sur le fait que tout va bien se passer. On ne peut pas rajouter de la douleur à la douleur. Il faut que les choses soient faites professionnellement, et la dessus on n’a jamais eu de doute. Vous ne confiez pas votre enfant, malade, à des gens auxquels vous n’auriez pas confiance.
Nous : Est-ce que quand on a commencé le bénévolat on peut envisager d’arrêter ?
G : A Petits Princes c’est très difficile. C’est difficile parce qu’il y a une équipe absolument fabuleuse. On a un leader, c’est Dominique, qui est quelqu’un d’assez exceptionnel, c’est un vrai leader, un vrai coach. Elle a été professeur de gym, de ski mais elle est notre professeur Petits Princes. C’est quelque chose d’assez étonnant. Elle est très fédératrice, on a beaucoup de respect pour ce qu’elle a créé et à travers ça pour ce qu’elle nous donne. Parce qu’on ne fait pas du bénévolat que dans un sens, c’est faux, donner c’est recevoir. Donc une fois qu’on est tombé dans le chaudron Petits Princes c’est difficile d’en partir. Il y a Dominique mais aussi une équipe de femmes pour la plupart, avec les mêmes envies, il n’y a pas de hiérarchie, on travaille toutes ensembles, c’est tonique, dynamique. On y est bien pour ça, on y est pour les rencontres que l’on y fait à travers les enfants et leur famille, on y est bien parce qu’on fait quelque chose d’intéressant. On construit, on organise, on crée, on imagine. Il n’y a pas beaucoup de métiers où l’on peut faire ça.
Nous : Avez-vous en mémoire un rêve marquant ?
G : J’ai vécu des choses exceptionnelles, notamment la montée des marches à Cannes avec Coralie. J’ai une autre image parce que ça fait partie de mes premiers rêves. J’ai l’image d’une jeune fille fan d’animaux. Son rêve était de rencontré Brigitte Bardot. On s’est retrouvés dans la fondation Brigitte Bardot et pour ma génération c’est un personnage emblématique de ma jeunesse. Au fond du couloir j’ai vu « BB » arriver, qui me « claque la bise »…j’étais comme scotchée sur place. C’est la que des fois nous aussi en tant que bénévole, on se dit : je rêve ! On vit des choses très fortes. Mon premier rêve c’était une petite qui voulait rencontrer un orque, parce que toute sa période d’hôpital elle avait regardé le film Sauvez Willy et elle disait, si on peut Sauver Willy, on peut me sauver moi. Et donc on contacte Marineland, la rencontre se fait, et la maman de la petite fille était malvoyante. Je me souviens être au bras de cette maman pour lui raconter tout ce que la petite fille vivait. C’était très fort, 11 ans après c’est encore là. On n’oublie jamais les rêves.
Coralie
Nous : Pour conclure, qu’est ce que vous voudriez ajouter sur l’association ?
C : c’est une association qui permet de croire que les choses sont possibles. Et que quand on est malade et qu’on est petit, on ne connaît que la maladie généralement, parce qu’on a grandit la dedans. Comme on vit des choses extraordinaires avec Petits Princes, des choses qu’on n’aurait pas pensé pouvoir approcher, ça permet de croire. On croit en l’avenir parce qu’on se dit, si ! il y a des choses possibles. Moi ça m’a permis de croire que l’extraordinaire est possible et c’est ce qui m’a porté dans mon adolescence et dans ma vie d’adulte. C’est ca aussi qui m’a permis de croire que je pouvais être comédienne, m’épanouir. Parce que quand j’avais 13 ans que je ressemblais à un poireau fané, et que je disais que je voulais être comédienne, on ne me croyait pas. Cette association m’a permis de voir que si on peut croire dans le sens le plus noble du terme. Ça donne une énergie pour avancer.
Après ces jolies rencontres, nous avons alors pu assister à la soirée magique d’anniversaire.
Elle avait lieu dans l’immense salle derrière Star Tours. Après avoir montré patte blanche, c’est avec les familles que nous avons pénétré dans cette immense lieu, décoré aux couleurs de l’association. De grands panneaux de photos retraçaient des morceaux d’histoire de l’association, et de magnifiques étoiles étaient pendues, préfigurant celles qui prendraient bientôt place dans les yeux des participants.
Il est assez difficile de raconter une soirée surtout lorsqu’elle est comme cette soirée d’anniversaire : remplie d’émotions et de générosité.
Animée de la main de maître de Nagui, secondé par Kad Merad, nous commençons par une vidéo d’anniversaire où certains racontent les rêves qu’ils ont vécu, où les enfants ayant réalisé leurs rêves souhaitent joyeux anniversaire à l’association : première séquence émotion car le sourire de ces enfants est contagieux !
Puis vient le discours d’une des fondatrices : Dominique Bayle. Là encore de l’émotion car son projet depuis 25 ans ne cesse de grandir, tout comme les enfants qu’elle accompagne. C’est rare de rencontrer une personne aussi charismatique, qui fait se lever une salle de 2000 personnes applaudissant à tout rompre sans aucune sollicitation, cela montre bien l’importance de l’action de Petits Princes pour toutes les personnes qui étaient présentes ce soir là.
Mais trêves de plaisanterie : cette soirée nous a permis de découvrir les rêves de certains enfants, en vidéo pour commencer, avec la réalisation des rêves d’origami de Raphaël et son témoignage en direct, face à Nagui, le petit Raphaël ne se dégonfle pas et réalise en fil rouge de la soirée une superbe rose en papier. Bluffant.
Vient alors le tour de Diogo qui a réalisé un numéro de Clown en direct sur scène, en compagnie d’un vrai clown avec qui il avait eu l’occasion de déjà se produire dans un rêve quelques années auparavant.
Nolan a ensuite pu réaliser son double rêve : rencontrer des pompiers dans une caserne et aller à Disneyland (où il a pu rencontrer Mickey habillé en pompier pour l’occasion). Nolan a fait une entrée remarquée, en tenue de pompier et porté en triomphe par les pompiers de Disneyland Paris !
Alexandre a reçu des mains même de son éditeur le livre qu’il a écrit sous les applaudissements des 2000 personnes présentes pour l’occasion.
Enfin trois enfants de l’association qui avaient pu réaliser leur rêve de pâtisserie au Plaza Athénée en compagnie du chef Michalak, avaient confectionné un magnifique gâteau d’anniversaire amené sur scène pour souffler les 25 bougies de l’association.
La soirée s’achève sur une salve d’applaudissements dédiée aux sponsors de l’association, aux bénévoles de l’association, et à la cofondatrice : Dominique Bayle. C’est sur la chanson de Jean Jaques Goldman : Au Bout de mes Rêves, reprise en cœur par tous les membres de l’association sur scène et par les familles dans la salle, que cette magnifique soirée prit fin.
Mais le rêve ne s’arrêtait pas là, pour cette journée exceptionnelle, les familles étaient conviées à se restaurer dans différents restaurants du parc pour profiter ensuite pleinement de la soirée entièrement privatisée dans le Parc Disneyland.
Gageons que l’association continue de faire vivre de pareils moments : car je crois qu’aider quelqu’un à réaliser son rêve est la plus belle chose qui soit.
Autant vous dire que pour moi aussi cette journée a été merveilleuse. Il y a des jours où vous pensez que vous allez donner, de votre temps déjà, et où au final vous recevez. Le 21 novembre pour moi, c’était une journée comme ça. Alors mille merci à Dominique Bayle, à Laura-Eliza et sa famille, aux deux Coralie et à Geneviève, pour leur temps, leur passion, et leur sourire.
Et si vous lecteurs, vous voulez apporter votre pierre à cet édifice, il est toujours possible de faire un don sur le site de Petits Princes (don fiscalement déductibles à hauteur de 66 %) ou d’acheter toujours sur le site, un agenda 2013 au tarif de 15€.
En complément, en cette fin d’année de nombreuses actions sont mises en place pour soutenir l’association comme par exemple :
– C&A qui vend deux petites mascottes en peluche à 9€ intégralement reversés à Petits Princes.
– Fly qui vend 4 mugs collectors à 2€ pièces, chaque mug vendu rapportera 1€ à l’association.
Nous vous souhaitons un Joyeux Noël… et pensez à rêver…