Depuis le début de la semaine, la Gazette Disney a décidé de célébrer, à sa manière, les 15 ans de Space Mountain. Après vous avoir fait découvrir la genèse de ce fantastique projet et vous avoir conduit jusqu’à la Lune, nous allons, pour conclure cet anniversaire, vous parlez de ce qu’est devenu l’attraction de nos jours, à travers…
III. La très contestée Mission 2: Supernova (2005 – nos jours):
Pendant près de 10 ans, Space Mountain, de la Terre à la Lune, sera le joyau de la couronne de Disneyland Paris. L’attraction est la cerise sur le gâteau qu’est Discoveryland.
D’ailleurs, ce land unique fera des petits à travers le monde, notamment à Tokyo Disney Sea, le second parc du complexe nippon. Outre Discovery Bay, qui est une version portuaire de notre land, une étrange impression de « déjà-vu » se dégage de Mysterious Island. En effet, ce land se situe à l’intérieur d’un volcan et comporte de multiples attractions, dont une sur 20 000 Lieux sous les Mers, une autre sur Voyage au Centre de la Terre, ainsi qu’un restaurant et une boutique thématisés sur le célèbre Nautilus.
Cela ne vous rappelle donc rien? Mais bien sur, il s’agit du concept d’origine de Discovery Mountain, le voyage vers la Lune en moins. Comme quoi, avec Imagineering, rien ne se perd.
Cependant, même si Imagineering est capable du meilleur, il est aussi capable du pire; et malheureusement pour nous, c’est Disneyland Paris qui apprendra cette leçon de la façon la plus impitoyable.
Souvenez-vous donc de notre dossier d’il y a quelques semaines, sur l’histoire de notre resort. A partir de 2002, Euro Disney doit faire à nouveau face à une crise financière, suite à l’échec des Walt Disney Studios. Entre 2002 et 2004, des négociations se passeront pour sauver une nouvelle fois le groupe de la banqueroute. Elles aboutiront à une nouvelle augmentation de capital, qui permettra de financer les attractions futures, nécessaires à la croissance de la société.
Seulement, se pose un problème. La première des nouvelles grandes attractions, Buzz l’Eclair Bataille Laser, ne sera prête qu’à partir de 2006. Comment combler ce trou de 2 ans? C’est là qu’entre en scène la réhabilitation de Space Mountain.
Celle-ci commence par une rénovation complète du dôme et du canon Columbiad au cour de l’année 2004. A ce moment, tout le monde pense qu’il ne s’agira que d’une simple grande « mise à jour », un peu comme celle qui fut opérée plus tard sur Big Thunder Mountain à la mi-2006. Peu de changements visibles donc, en dehors d’un très léger changement de couleur des travées, qui sont passées du vert-cuivré au bleu-cuivré.
Ce n’est qu’au tout début de l’année 2005 que l’on apprend la vérité: Exit la Lune, et direction les confins de l’Univers. Space Mountain: Supernova enverra les voyageurs vers des endroits encore jamais explorés par l’Homme. Cette « brillante » idée serait née du cerveau de nos chers amis Cast Members, lors d’un Summer Camp (les fameux rendez-vous de « brainstorming » mis en place par André Lacroix à son arrivée à la direction de l’entreprise).
C’est le canadien Luc Mayrand, d’Imagineering (et créateur du fantastique Mission : Space à EPCOT en Floride), qui est chargé de mener à bien la réhabilitation, estimée à 15 millions d’€uro (soit presque 15% du budget de l’attraction d’origine).
Mais comment justifier une mise à jour de cette ampleur?
La Direction de l’époque et Imagineering avancèrent plusieurs points de vue. Le premier, c’était qu’il fallait redynamiser l’attraction, en perte de vitesse. Soit, cependant, avec une moyenne de 70 minutes d’attente, cet argument semble dur à comprendre.
Le second point de vue, était le fait que Space Mountain et ses effets spéciaux étaient souvent en panne, ou tout du moins, assez difficiles à réparer pour les équipes de maintenance. Le but de la réhabilitation étant donc de simplifier tout cela, par des modifications d’effets, et un changement de trains.
Le dernier voyage vers la Lune eût lieu le 17 Janvier 2005. Pour l’occasion, les heureux passagers ont le privilège de tester le nouveau système de propulsion qui sera mis en place sur Supernova: l’expulsion par le tunnel de chargement et non par le canon. Et bien oui, c’est bien beau d’avoir voulu faire un lancement plus grand que dans l’ancienne version, pour signifier aux passagers que nous allions plus loin que la Lune, le problème, c’est que celui-ci ne se fait du coup plus depuis le canon, mais depuis la rampe d’accès. Pour palier à ce problème de cohérence, une solution simple est mise en place. On a repeint les hublots du tunnel en noir. Ce sont d’ailleurs toutes les ouvertures qui subiront ce traitement.
Le problème de Supernova aurait put s’arrêter là, mais visiblement, Imagineering a décidé de jouer la facilité sur l’ensemble de la rénovation.
Au niveau de la file d’attente, la Voie Stellaire est définitivement comblée par de la taule bleue-marine et les éclairages sont réduits au strict minimum, donnant une véritable sensation de claustrophobie à ce lieu, qui jadis donnait plutôt une impression d’espace et de grandeur. Cette obturation de la Stellar Way a été justifiée par le fait que l’on aurait vu les projecteurs des nouveaux effets de l’attraction depuis la file d’attente.
Dans la gare, le concept de vaisseau victorien est abandonné pour de plus simples drapeaux à l’effigie de la nouvelle attraction.
Au niveau du parcours lui-même, rien n’a vraiment changé, puisqu’il s’agit toujours du même ride, et ce, malgré les publicités mensongères qui laissaient croire l’inverse.
Et ce genre de détail, Supernova en est remplie; des gros astéroïdes de la première version, que l’on a recouvert d’une bâche blanche afin d’y faire des projections dessus, à la Mother of Meteorites, qui est toujours là, malgré le fait qu’elle n’ai aucun rôle à jouer dans cette nouvelle histoire, en passant par l’effet « ciel étoilé tourbillonnant », donnant à l’intérieur du dôme l’aspect d’une discothèque (après tout, ce sont de véritables boules à facettes qui assurent cet effet).
Le summum du ridicule étant atteint par la fameuse Supernova, remplaçante de la Lune bleue de Méliès, et qui donnait son nom d’origine à cette nouvelle version. En effet, cet effet est tellement raté, que l’attraction fut débaptisée en catastrophe, passant de Space Mountain : Supernova, à Space Mountain : Mission 2.
Enfin, l’ultime provocation, c’est la conservation à l’entrée de la gare de la devise « Ad Luna in Flamma Gloria », alors que la nouvelle storyline n’a plus aucun rapport.
Au niveau musical, l’attraction subit le même massacre que pour le reste. La musique hollywoodienne de la file d’attente fait place à un silence assourdissant, entrecoupé de quelques speach de station spatiale, et de cris en boîte.
Et ne parlons pas de la musique du ride, qui subit elle aussi une véritable boucherie acoustique, en passant de la splendeur d’un orchestre symphonique, aux rythmes effrénés de la musique techno. Quand on pense que c’est Michael Giacchino, le compositeur oscarisé de Là-Haut, mais aussi de Ratatouille, des Indestructibles, de Speed Racer, du nouveau Star Trek, ou bien encore des séries Lost et Alias, qui est responsable de cela, c’est à se demander si ce brillant artiste était dans son état normal lorsqu’il a composé le thème.
Après 3 mois de travaux, Space Mountain ré-ouvre donc enfin ses grilles, le 9 Avril 2005. L’effet de nouveauté passé et malgré deux ou trois ajouts finalement plutôt sympathiques (notamment le vortex final de retour vers la Terre) les critiques que nous avons émises ci-dessus, commencent à se faire de plus en plus entendre, principalement par le biais des forums internet de Disney Fans, qui se font de plus en plus actifs à partir du milieu des années 2000.
Même si au début, ces groupes d’irréductibles fans de la Lune sont en minorité, leurs rangs ne font que s’accroitre au fur et à mesure des années, si bien que parmi les fans, on trouve désormais une part franchement majoritaire de personnes souhaitant vivement un retour en arrière.
Que reste-t-il donc aujourd’hui de Space Mountain? En toute honnêteté, plus grand chose, en dehors d’une magnifique coquille vide et d’un gâchis artistique et financier. La promesse d’une maintenance plus facile n’a pas été tenue, puisque les nouveaux effets sont aussi souvent en panne, voire même plus que dans l’ancienne version. Il en va de même pour le confort, qui ne fait que se détériorer d’année en année. Idem du côté de la fréquentation, qui n’a absolument pas explosé cette année là; pire même, car avec une capacité réduite par rapport à De la Terre à la Lune, Mission 2 réalise une attente moyenne similaire, voire même plus faible qu’avant sa mise en place.
Finalement, même Imagineering a reconnu que cette réhabilitation était une erreur; Space Mountain aurait donc été la victime collatérale des problèmes financiers d’Euro Disney.
La question que se pose désormais tout le monde, c’est quel avenir pour cette attraction, jadis mythique?
Avec les années, le ride se fait de plus en plus vieillissant et inconfortable. Malgré le remplacement d’élément du parcours, notamment le « fer à cheval », la structure du rail Vekoma a tendance à se déformer de plus en plus. Il faudra donc tôt où tard, procéder à un changement complet des rails du coaster, comme cela a déjà été fait en Californie et au Japon, avec des versions qui pourtant, souffrent beaucoup moins des contraintes physiques que la notre.
Très récemment, une rumeur en provenance de sites US a même parlé d’un projet de remplacement complet de l’attraction, y compris du parcours, pour revenir à quelque chose beaucoup plus proche de De la Terre à la Lune. Cela serait prévu pour l’horizon 2015, c’est à dire, pour les 20 ans de l’attraction.
Seul l’avenir nous dira ce qu’il adviendra de Space Mountain, un rêve, une légende, un mythe… déchu.