Depuis un mois, et à l’occasion des 30 ans de la Convention pour la Création et l’Exploitation d’Euro Disney en France, nous vous proposons de découvrir ou de redécouvrir la grande épopée de l’Histoire de Disneyland Paris et de sa maison mère, Euro Disney SCA. Dans le dernier épisode de notre série, nous évoquions la nouvelle crise qui avait touché le groupe entre 2003 et 2005, suite à l’ouverture du second parc à thème, les Walt Disney Studios, en 2002, et les solutions alors adoptées pour tenter de redresser une nouvelle fois la barre à l’approche des festivités du 15ème anniversaire de la destination (et des 20 ans du groupe). Aujourd’hui, nous allons voir si les choix retenus ont porté leurs fruits, et permis au groupe de traverser la grande crise mondiale qui s’annonçait alors.
2007-2012: Une nouvelle lueur d’espoir ?
Le samedi 31 mars 2007, un parterre de célébrités est là pour l’inauguration des festivités du 15ème anniversaire. Pour l’occasion, une bonne partie du parc a subi une cure de jouvence pendant les mois précédents, avec des rénovations et des ravalements en tout genre. Du côté du Château de la Belle au Bois Dormant, les flèches ont été remplacées par des statues à l’effigie de célèbres personnages Disney, portant chacune une bougie (le château en comporte ainsi quinze, pour les 15 ans). Tous les soirs, une grande cérémonie a lieu à la tombée de la nuit, avec l’illumination du château, la Bougillumination.
Avec les 15 ans, une nouvelle parade fait également son apparition sur le Parc Disneyland. La « Once Upon A Dream Parade » innove par son côté interactif, avec ses chars à double thème, sa distribution de bonbons et ses diffusions d’odeurs, propres à chaque char. C’est la première parade Disney à jouer autant sur les 5 sens humains: vue, odorat, goût, ouïe et toucher.
En juin, c’est au tour de Toon Studio d’être inauguré en grande pompe. Crush’s Coaster et Cars Quatre Roues Rallye permettent ainsi d’augmenter l’attrait et la capacité du parc. Le nouveau show itinérant High School Musical fait également son apparition, et met en scène de jeunes chanteurs et comédiens, qui reprennent les chansons du célèbre film de Disney Channel.
Enfin, la Tour de la Terreur ouvre au public dès décembre 2007, même si son inauguration officielle n’aura lieu que quelques mois plus tard en avril 2008.
Le quinzième anniversaire, une fête grandiose comme le resort n’en avait pas connu depuis des années.
Les 15 ans se révèleront être une année complètement bénéfique pour Euro Disney SCA. Le chiffre d’affaires augmente fortement, tout comme la fréquentation, qui passe pour la première fois la hausse symbolique des 14 millions de visiteurs. Les festivités du quinzième anniversaire seront prolongées en 2008. Cette année-là, c’est Stitch Live qui ouvrit aux Studios, en remplacement de l’attraction Disney Channel. Et le résultat sera lui aussi totalement bon pour la société, puisqu’elle fera son premier bénéfice depuis 2001. La barre des 15 millions de visiteurs est même franchie.
Afin de rendre le titre plus attractif, la Direction décide de procéder à un regroupement d’actions. La valeur nominale de l’ancien titre, à 0,01€, est ramenée à 1€ pour le nouveau titre. La valeur d’échange sera donc de 100, c’est à dire qu’une action nouvelle sera équivalente à cent anciennes. Le regroupement commence le 3 décembre 2007 et s’achèvera au bout de deux ans. Dès le premier jour, plus de 90% des actionnaires y souscriront.
Avec l’argent restant du plan d’investissement, la Direction en profite pour modifier l’attraction Disney Channel, qui a perdu tout intérêt depuis l’arrêt des émissions enregistrées en Direct. Stitch Live y prend donc place, et ouvre pour la saison 2008.
Sur la même période, un projet très polémique émerge sur le Val d’Europe, celui d’un circuit de F1. En effet, début 2008, la Fédération Française de Sport Automobile annonce officiellement qu’elle arrête de financer le Grand Prix de F1 de France, à Magny-Cours. Dès lors, elle part à la recherche d’un nouveau site d’implantation. On ne sait pas vraiment d’où vient cette idée (en tout cas pas d’Euro Disney SCA et de sa Direction), mais dès le mois de juin 2008, le site du Val d’Europe se retrouve à avoir les préférences de bon nombre de professionnels de la F1, en particulier de Bernie Ecclestone, le grand argentier de ce sport. Il est question d’un circuit semi-permanent et semi-provisoire, empruntant ainsi une partie de la voirie communale de Chessy, Serris et Magny-le-Hongre. Dès lors, une vive opposition se fait entendre chez les potentiels futurs riverains. Le point d’orgue de cette colère sera atteint lors d’une manifestation des habitants du Val d’Europe devant l’entrée des parcs, pendant l’automne 2008. Malgré la présence de l’ancien champion de F1 Alain Prost et du groupe Lagardère, aux commandes du projet, celui-ci finit par capoter dès l’hiver 2008.
Plan du projet de circuit de F1, autour de la zone de l’Érable, destinée à accueillir à terme le 3ème parc et de nouveaux hôtels Disney
Lors de la publication des résultats du premier semestre de l’année 2008, Karl Holz annonce son prochain départ de la Direction. Il sera remplacé par Philippe Gas, jeune cadre dynamique, travaillant chez Disney depuis l’ouverture d’Euro Disney en 1992. Le choix de Gas n’est pas anodin: sa présence dans l’entreprise depuis sa création symbolise l’ascension sociale du Cast Member. Il faut cependant souligner que Philippe Gas n’était tout de même pas un Cast Member de base en 1992, il était déjà un cadre. Certes, en bas de l’échelle de cette catégorie, mais un cadre tout de même. De plus, sa formation professionnelle dans les ressources humaines devait être un point qui devait marquer les employés du groupe, qui est en proie à des grèves à répétition depuis quelques années; la renégociation du temps de travail et des 35h ayant laissé des traces durables dans les relations entre la Direction d’Euro Disney et les syndicats de l’entreprise.
La présidence de Philippe Gas marquera durablement l’histoire du groupe, d’une part par sa longévité (6 ans, contre 2 à 3 ans en moyenne chez Euro Disney jusqu’à présent), mais aussi par sa relation particulière vis-à-vis des actionnaires d’une part (avec la création des fameuses tables rondes), et avec les communautés de sites de fans Disney d’autre part (et le début des invitations de ces derniers aux événements institutionnels organisés par le groupe).
Philippe Gas prend la présidence d’Euro Disney le 1er septembre 2008. Outre ses talents de communiquant, sa marque de fabrique c’est son sourire « ultra bright », d’où son surnom de ColGas, donné par certains actionnaires.
L’année 2009 commença sous de sombres auspices pour Euro Disney. La crise économique étant passée par là dès la fin 2008, tout le monde s’attendait donc à voir la société replonger dans le rouge. Mais en cette année 2009, l’humeur est avant tout à la célébration. En effet, après deux années de festivités des 15 ans, qui ont vu l’arrivée de nouvelles attractions et d’une nouvelle parade, la Direction décide de poursuivre sur la même ligne. Exit donc les saisons à thèmes (Printemps, Eté, Halloween, Noël) et bonjour aux événements annuels. Et cette année, nous célébrions alors les 80 ans de Mickey et Minnie Mouse (en réalité, les deux personnages ont fêté leurs 80 ans fin 2008), quoi de plus logique donc de faire « la Fête Magique de Mickey ».
Pour l’occasion, les Walt Disney Studios sont une nouvelle fois à l’honneur et accueillent un nouveau show permanent au sein du bâtiment de Disney Channel: « Play House Disney Live on Stage », qui met en vedette les plus célèbres personnages de la chaîne de télévision pour jeunes enfants, Play House Disney.
Play House Disney Live on Stage, le nouveau spectacle permanent des Walt Disney Studios, dernier investissement du plan de relance de 2005.
De plus, les Studios bénéficient également d’un nouveau show ambulant, « High School Musical Party! », qui reprend le principe des shows High School Musical des deux précédentes années, en faisant un spectacle medley, incluant également des chansons du troisième opus de la saga de Disney Channel.
Après une année sans parade, les Walt Disney Studios accueillent leur nouvelle cavalcade, avec la « Disney’s Stars’n’Cars », tout droit venue des Disney’s Hollywood Studios de Walt Disney World. Mélange entre parade traditionnelle et show, la « Disney’s Stars’n’Cars » met en scène les plus célèbres personnages Disney, qui défilent dans de luxueuses voitures de l’âge d’or de l’automobile américaine.
Avec la nouvelle saison, des nouveaux show itinérants font leur apparition: la « Disney’s Stars’n’Cars », nouvelle parade des Studios, et « High School Musical Party! », successeur des précédents spectacles HSM.
Au niveau de la restauration, Backlot Express subit un changement du thème. De l’entrepôt des objets de cinéma, on passe à une recréation de plateaux de cinéma, qui reprennent le thème de High School Musical et de la saga cinématographique Pirates des Caraïbes. Du coup, le restaurant change également de nom, et devient le Blockbuster Café.
Pour une meilleure visibilité, Backlot Express change d’orientation.
Mais le Disneyland Park n’est pas en reste. Cela passe d’abord par une redécoration du château. Adieu les bougies et bonjour aux têtes de Mickey. De plus, pour l’occasion, il accueille deux nouveaux spectacles qui innovent à Paris par leur côté ultra-interactif.
Le premier, prend place sur Central Plaza, sur la nouvelle scène à 360° du Hub, entre le Château et Main Street USA. « Place à la Fête… avec Mickey et ses amis » met en lumière les plus célèbres personnages des grands classiques Disney, dans un show endiablé, où Mickey Mouse et son équipe de danseurs tentent d’apprendre au public, la chorégraphie de l’année à thème.
Le second spectacle se situe à Discoveryland du côté de Star Tours, et met en scène Stitch et ses danseurs de l’espace. « Place à la Dance… à Discoveryland » tente ainsi de faire danser le public sur des airs techno de grands classiques Disney, en se servant du principe du jeu de société Twister Dance (une machine donne des couleurs aléatoirement, et le « danseur » doit suivre le rythme en posant son pied sur la pastille colorée correspondante).
Enfin, un show de dernière minute, la Colonie de Vacances de Dingo, prend place au Chaparral Theater, et reprend étrangement le thème du spectacle hivernal de cette salle, mais dans une version estivale.
Avec la Fête Magique de Mickey, Disney nous propose des shows en relation avec le thème de l’année.
Du côté du Disney Village, la transformation se poursuit, avec la fermeture de « Buffalo Trading Company », la boutique d’articles Western et Country. En remplacement, un nouveau bar/café du groupe Starbucks Coffee prendra place, dans un concept écolo-compatible, nouveau pour la marque.
Certains restaurants subissent également un petit lifting, avec l’ajout de terrasses couvertes, plus adaptées au climat parisien que les anciennes, totalement ouvertes.
De nouveaux arbres sont également ajoutés, et l’office du tourisme d’Île-de-France, présent sur l’esplanade de la gare depuis 1992, fait entièrement peau neuve, pour adopter un style plus proche du néo-haussmannien.
À partir de novembre 2009, la patinoire de l’Hôtel New-York passe du naturel au synthétique, toujours dans un souci de préservation de l’environnement, dixit la Direction.
Enfin, notons que courant 2009, le complexe change une nouvelle fois de nom, pour revenir à son ancienne appellation de « Disneyland Paris »; le terme « resort » étant jugé trop flou pour une grande majorité des Européens.https://www.youtube.com/embed/8PkJc5TByb8
Des nouveautés à foison en cette année 2009 pour le Disney Village.
Cependant, sous ces abords joyeux, tout n’est pas rose dans la Fête Magique de Mickey, et Euro Disney subit de plein fouet les critiques de certains fans et actionnaires du groupe, qui se font de plus en plus entendre grâce à l’explosion d’Internet depuis le milieu des années 2000.
Tout d’abord, des critiques concernant le principe même de cette fête, qui ressemble étrangement à ce qui se fait déjà depuis deux ans, avec la célébration des 15 ans: spectacle sur le Hub, train des personnages Disney, décoration de Main Street et du Château, rénovation inutile du Backlot Express, etc. Ensuite, une critique générale concernant la politique des spectacles du parc. En effet, l’apparition des deux nouveaux show temporaires de l’année a mystérieusement provoqué la suppression des deux Grands Show du Disneyland Park, à savoir « La Légende du Roi Lion » à Vidéopolis et « Tarzan, la Rencontre » au Chaparral Theater. De plus, il semble que l’interactivité des nouveaux shows ait beaucoup de mal à passer auprès du public Européen.
À cela, s’ajoutent la mise en place d’horaires décalés pour l’ouverture de certaines attractions et le gel des embauches du personnel saisonnier, ce qui fait peser une charge de travail supplémentaire sur les Cast Members. Enfin, une politique des promotions à tout-va, que certains actionnaires dénoncent comme étant dangereuse pour l’image à long terme et les résultats du groupe, est mise en place.
Niveau décoration, la nouvelle saison ressemble étrangement à ce que fait le parc depuis déjà 2 ans. Et la nouvelle scène de Central Plaza fait polémique à raison, puisque de « permanente », elle sera finalement provisoire
Les résultats annuels tombent finalement courant novembre, et c’est la douche froide. Malgré la légère augmentation de fréquentation, le chiffre d’affaires chute lourdement. Et avec la Crise, la Direction n’a pas pu compter sur le secteur immobilier pour atténuer le choc.
Malgré les compressions budgétaires que nous vous avons décrites ci-dessus, les charges diminuent très peu. Par conséquent, le résultat net replonge dans le rouge, à une valeur bien pire qu’avant l’embellie des années 2007 et 2008.
Chose paradoxale parmi tant d’autres, alors qu’une grande majorité des parcs concurrents ont réalisé une année record en cette période de crise, Euro Disney est l’un des seuls à ne pas arriver à en tirer profit. Mais comme il faut « comparer des pommes avec des pommes », dixit ce cher Philippe Gas, comparons donc avec les autres parcs Disney. Du côté des États-Unis, les deux resorts ont réalisé une très bonne année, avec des hausses de fréquentation moyenne de 1 à 9% (contre 0,4% en France). Du côté du Japon, malgré une baisse de la fréquentation (-4% en moyenne), les résultats financiers se sont révélés au-dessus des prévisions.
Avec ces résultats, quel avenir alors pour Euro Disney? En 2010, la Direction a choisi de recommencer sur une nouvelle année à thème. « L’Année de la Nouvelle Génération » nous amène à découvrir ou redécouvrir certains des personnages les plus récents de l’univers Disney, en particulier les personnages de Pixar.
Sur la scène du Hub au Parc Disneyland, « l’Incroyable rendez-vous Disney » met en scène les personnages de cette année, dans un show moins interactif que celui de l’année passée, mais beaucoup plus abordable par tous les visiteurs.
À Discoveryland, « Chérie, j’ai rétréci le Public » a fermé ses portes pour faire place au retour de « Captain EO », hommage du groupe Disney à Michael Jackson, qui avait disparu tragiquement en 2009.
Aux Studios, la « Disney’s Stars’n’Cars » accueillit un nouveau char, sur le thème de Ratatouille.
Et toujours dans ce parc, un nouveau mini-land, « Toy Story Playland », ouvrit à la fin de l’été 2010, avec trois nouvelles attractions: RC Racer, Slinky Dog Zig-Zag Spin et Toy Soldiers Parachute Drop. Mais la rumeur la plus folle, c’est bien entendu celle d’un Dark Ride et d’un restaurant sur Ratatouille, qui devaient ouvrir à l’occasion du 20ème anniversaire du complexe, et des 10 ans des Walt Disney Studios.
Avec l’Année de la Nouvelle Génération, de nouveaux shows et de nouvelles attractions font leur apparition… ou leur retour
Le 14 septembre 2010, un véritable coup de tonnerre a lieu, et un nouveau tour de force pour la Walt Disney Company: dans le plus grand secret, la firme américaine a réussi à renégocier avec l’État français une partie des termes de la Convention de 1987. Celle-ci n’échoua désormais plus en 2017, mais en 2030, grâce à la signature du 8ème avenant à la Convention pour la Création et l’Exploitation d’Euro Disney en France. Ce 8ème avenant étend également le périmètre du PIG au sud de l’autoroute A4 sur plus de 300 hectares, permettant enfin de lancer concrètement la création des Villages Nature. D’autres modifications sont également apportées par cette signature, notamment en matière de transport et de développement immobilier du Val d’Europe. Nous vous ramenons à notre article de l’époque pour en savoir plus.
Malgré cela, et la politique ultra-agressive de prix (avec notamment les multiples opérations de distribution de Passeports Annuels gratuits), l’année 2010 est marquée par un tassement des résultats touristiques pour le groupe, qui perd près de 400 000 visiteurs cette année-là. Le taux d’occupation des hôtels, bien que toujours extrêmement élevé, repasse sous la barre des 85,5%. D’un point de vue économique, ce n’est guère mieux, car malgré une amélioration du résultat d’exploitation, le résultat net reste lui toujours dans le rouge, avec une perte de 45 millions d’€uro.
Devant une telle situation, les principaux créanciers du groupe influent de façon à geler tout nouveau gros projet d’investissement. La phase III est donc temporairement arrêtée sur le volet touristique. Cela concerne bien entendu les parcs, mais également le projet de Centre des Congrès ainsi que de nouveaux hôtels. L’accent est mis sur la rénovation de l’existant, qui commence à accuser le contre-coup de 20 ans de non-entretien. C’est ainsi que le programme de remise à neuf des hôtels Disney est approuvé (à commencer par le Santa Fe, le Sequoia Lodge, et le Ranch Davy Crockett).
Ces contraintes imposées par les créanciers à la trésorerie du groupe viennent aussi des engagements à moyen terme qui pèseront prochainement sur celle-ci. Ainsi, la filiale EDA devait racheter les hôtels, dont les crédits baux s’achevaient sur l’exercice 2016-17, et le Parc Disneyland à la même époque. De plus, le groupe doit recommencer à rembourser son énorme dette de 2 milliards d’€uro qui ne diminue que très peu année après année. En effet, pour tenir ses engagements auprès des créanciers, la société s’endette encore plus, mais cette fois auprès de la TWDC qui petit à petit devint le principal créancier du groupe.
Enfin, si l’activité ne s’améliorait pas rapidement, EDA devait obligatoirement être recapitalisé; ses pertes récurrentes ayant déjà sévèrement écorné ses capitaux propres. Une nouvelle augmentation de capital paraissant délicate, la maison mère ED SCA n’ayant que peu de liquidités, l’appel à la TWDC semblait inéluctable. Celle-ci n’aurait qu’à convertir tout ou partie de ses créances pour lui donner une bouffée d’oxygène. Mais cette opération se ferait au détriment des actionnaires actuels de la société côtée. Si ce scénario ne fut pas la première des options retenues, il finit bien par se réaliser quelques années plus tard.
L’année 2011 est donc marquée par pas mal de chantiers de remise à neuf du Parc Disneyland à l’approche du 20ème anniversaire. Les plus visibles concernent le Château de la Belle au Bois Dormant et le Galion du Capitaine Crochet. Pendant de longs mois, ces deux emblèmes du parc seront entièrement remis à neuf, derrière d’imposants échafaudages. Sur la partie concernant Fantasyland, la route de la parade est également fermée pour de long mois. La raison de cela est la réfection totale des sols de toute cette partie du parc. Exit les grandes dalles en béton, qui s’étaient fissurées avec le temps, et place à de nouveaux sols en pavés… les premiers d’une longue liste de rénovation de sols qui marqueront durablement le Parc Disneyland pour les années qui suivront.
Le programme de rénovation des Hôtels Disney commence également à rentrer en phase opérationnelle. Outre une remise à niveau général des différents établissements, ce programme doit également permettre d’amener une touche « Disney » au sein même des hôtels, tel que semblent le réclamer les visiteurs. Les premiers à bénéficier de ce plan sont l’Hotel Santa Fé, qui voit sa thématique « Nouveau Mexique » évoluer vers celle plus large de la mythique Route 66, permettant ainsi l’intégration des personnages de la franchise Cars; et le Séquoia Lodge, dont la thématique générale reste celle des « Grands Parcs Naturels américains », mais où les personnages de Bambi font une discrète apparition.
Cependant cette année 2011, c’est Big Thunder Mountain qui fut sous les feux des projecteurs, suite à deux incidents en six mois d’intervalle. Le premier et plus important, concerne la chute d’un des rochers – élément de décor, sur les visiteurs, engendrant notamment des blessures graves pour l’un d’entre eux. Le second concerne un déraillement partiel du train sur l’un des systèmes de sécurité de l’attraction. Ces événements sont survenus alors que l’attraction devait rentrer en rénovation à partir de juin pour de longs mois, mais suite à cela, celle-ci est annulée.
Pour palier aux multiples travaux, ainsi qu’à l’absence des spectacles permanents ou saisonniers, une nouvelle année à thème voit le jour, l’Année des Moments Magiques. Autant dire que le service minimum est assuré, essentiellement par la multiplication de nombreux points photos avec les personnages Disney aux quatre coins du parc, ainsi que par celle de quelques mini-spectacles, comme celui du bal des princesses sur Central Plaza, ou de Peter Pan à Adventureland.
Cette année-là, les résultats touristiques se rapprochent grandement de ceux de 2009, et la fréquentation atteint le niveau record de 15,6 millions de visiteurs. Mais il en est malheureusement de même du côté des résultats financiers, avec une perte qui recommence à se creuser à 64 millions d’€uro. Pire, le résultat d’exploitation commence sérieusement à se rapprocher du point fatidique où la seule activité première du groupe, c’est-à-dire faire tourner le complexe touristique, fera perdre de l’argent à la société, là où jusqu’à présent le résultat net était uniquement plombé par la dette et les frais de licence et redevance au gérant.
Du côté du Disney Village, la mutation se poursuivit, avec l’arrivée d’un nouveau Restaurant, « Earl of Sandwich », qui ouvrit au printemps 2011. Une nouvelle grande boutique, World of Disney, commence également à voir le jour à l’angle de la rue principale du Disney Village et de la prolongation du boulevard Séramy, permettant ainsi d’achever le côte Nord-Est de la nouvelle artère. Elle ouvrira en 2012, au début des festivités du 20ème anniversaire.
L’arrivée du World of Disney est également l’occasion de revoir l’ensemble des circulations sur l’esplanade François Truffaut, la place entre les Parcs Disney et le Disney Village. Depuis quelques années maintenant, des contrôles de sécurité ont été instaurés juste à l’entrée des Fantasia Gardens, des Walt Disney Studios, et du Disney Village. L’objectif est de créer une seule et unique zone sécurisée entre ces trois lieux, évitant ainsi aux visiteurs de repasser à chaque fois les contrôles. Les démarches seront cependant longues avant d’aboutir, ce projet se heurtant à l’opposition des élus locaux, puisque la zone sécurisée limite de fait la libre circulation piétonne sur le domaine public entre le parking Vinci (et plus loin les nouveaux quartiers de Serris) et le pôle gare de Marne-la-Vallée.
Le Disney Village poursuit sa lente mutation, avec l’arrivée d’un nouveau restaurant, Earl of sandwich, et d’une nouvelle grande boutique, World of Disney
Le Val d’Europe continua également son agrandissement, avec l’achèvement en 2010 du nouveau lac du Centre Urbain, point de départ du nouveau « Quartier du Lac ». Le géant du bricolage, Castorama, ouvrit un magasin au niveau du Centre Commercial, reprenant le style architectural des grands magasins parisiens, tandis que l’on commençait déjà à parler de la nouvelle extension sur dalle du Centre Commercial au-dessus de la ligne à grande vitesse. D’autres programmes immobiliers commencèrent à voir le jour dans le Quartier de la Gare, afin d’achever définitivement cette partie du centre urbain. Et l’hôpital de Jossigny / Marne-la-Vallée ouvrit ses portes courant 2011. Après les difficultés initiales, le parc d’entreprise Paris-Val d’Europe poursuivit lui aussi son développement, mais plus lentement que prévu à l’origine.
Depuis 2002, le Val d’Europe poursuit son développement. Après les quartiers de la gare et du parc, c’est au tour du quartier du lac de débuter sa construction (en haut). D’autres équipements voient également le jour, comme le nouveau Castorama (en bas à gauche), et l’hôpital de Jossigny / Val d’Europe (en bas à droite).
Alors que les 20 ans du complexe approchent, la lueur d’espoir permise par la bouffée d’air apportée par les 15 ans semble déjà bien éteinte. Et Disney s’apprête à vivre cinq nouvelles années très perturbées, aussi bien sur le plan touristique qu’économique. Mais pour revivre cette période récente, rendez-vous dans 15 jours, avec le chapitre final de notre série.
Enfin, avec cette 5ème partie, nous achevons également la période couverte par Sébastien ROFFAT dans son livre Disney et la France, Les vingt ans d’Euro Disneyland, édition l’Harmatan, collection Questions contemporaines (ISBN: 978-2-296-02989-7), dont nous ne pouvons que très vivement vous conseiller la lecture, pour approfondir votre connaissance sur l’histoire de Disneyland en France, et des parcs d’attractions dans notre pays de façon plus générale.