Ce 24 juillet 2017 était marqué par la réouverture officielle de l’ensemble de la zone Pirates of the Caribbean de notre Adventureland. Après une semaine d’avant-premières, marquée en premier lieu par la réouverture de la célèbre attraction, puis par celle de son restaurant depuis quelques jours, quel bilan tirer de cette longue réhabilitation de 7 mois, la dernière de la première phase du « plan de réenchantement de la Magie » ayant conduit à la « franchisation » de l’essentiel du secteur ? On vous livre son avis et vous présente donc cette nouvelle version de Pirates of the Caribbean.
Pour commencer ce tour de la zone refaite de Pirates of the Caribbean, commençons par prendre un peu de distance… en fermant les yeux et ouvrant nos oreilles. En effet, l’audio de toute la zone, jusqu’à l’aire de jeux de la plage des Pirates située au pied du Jolly Rogers, a été revu. Nous disons donc adieu à la bande sonore propre à cette partie d’Adventureland, et bonjour à la bande originale des films de la saga Pirates des Caraïbes. En soi, le changement est assez déroutant la première fois, mais les musiques retenues passent plutôt bien avec l’ambiance de la zone. Nous regrettons toutefois que ce changement musical se soit autant étendu, alors qu’il n’aurait pu se centrer qu’autour de la zone de l’attraction à proprement parler.
Ouvrons à présent les yeux, pour constater une nouvelle fois le magnifique travail de rénovation apporté sur l’ensemble des extérieurs de la zone Pirates of the Caribbean. Le secteur a ainsi retrouvé tout son éclat, grâce à un ravalement de façades plus que mérité et réussi, un léger défrichage de la zone, et un remplacement des sols où, une nouvelle fois, c’est l’option des pavés qui a été retenue. À noter également la création d’un véritable parking à poussettes sur le côté droit de l’attraction, qui devrait contribuer à désengorger les allées de la zone.
Du côté de la file d’attente, aussi bien intérieure qu’extérieure, il n’y a pas de gros changements à signaler en dehors d’un rafraîchissement général. L’ensemble des toitures en bois a été refait, et les garde-corps fixes ont fait leur apparition un peu partout au niveau des serpentins de la file extérieure. La file intérieure bénéficie, elle, d’un passage à l’éclairage LED, ainsi que d’une rénovation générale des peintures. La fausse végétation, au niveau de la zone d’embarquement, a également été élaguée, afin de dégager des vues, depuis la file d’attente, sur le restaurant de l’attraction. Le tout est ainsi un peu plus lumineux qu’auparavant.
Mais les plus gros changements concernent bien sûr l’attraction en elle-même… et cela, dès la première séquence. Ainsi, l’ambiance sonore a changé dans la traversée du restaurant de l’attraction, pour faire place à des gigues pirates, façon Tortuga, et coller au nouveau thème de l’établissement (mais nous y reviendrons un peu plus tard). Vient ensuite le passage de l’épave, où poulpe(s) et crabe(s) sont de retour en forme, toujours à conserver quelques vestiges du trésor. Enfin, la traversée de la baie à la nuit tombée a été magnifiée avec la modernisation de la projection du clair de lune.
Arrive alors la grande remontée, où un nouveau changement sonore a eu lieu. Ainsi, le thème « A Pirate’s Life » a laissé place à une composition plus sinistre, jouée à l’orgue, qui n’est pas sans rappeler les morceaux interprétés par de Davy Jones… Un Davy Jones que vous pourrez retrouver en rideau de fumée au sommet de la remontée, en alternance avec Barbe Noire, et qui nous informe du caractère « maudit » du voyage que nous nous apprêtons à faire. Pour le coup, cette première incursion de la thématique des films dans l’univers de l’attraction, est plutôt bien intégrée, et signifie plus clairement aux visiteurs le rôle un peu « magique » de la remontée dans l’aventure qu’ils vivent.
À noter également que la fameuse réplique « Dead Men Tell no Tales », qu’on entendait autrefois dans les cavernes, est à présent audible au sommet de la remontée. Les plus puristes tiqueront sur la nouvelle traduction française, « Les Morts ne Racontent pas d’Histoires », tout droit issue de la traduction de Pirates des Caraïbes – La Vengeance de Salazar.
Sur la partie haute du fort, peu de changements sont à signaler, en dehors d’une rénovation générale des éclairages et des Audios Animatronics (AA). À noter toutefois la suppression de la projection d’ombres de combattants du fort par une simple projection d’effets de flammes, mais également le retour inespéré du pirate se balançant sur sa corde au-dessus des visiteurs.
Au niveau de l’attaque du fort par l’Inferno, la musique des films vient compléter la scène, dont tous les effets et les AA sont à nouveau fonctionnels. Comme pour le clair de lune dans les premières scènes de l’attraction, les projections nuageuses à l’arrière de l’Inferno ont été modernisées.
Enfin, il n’y a pas de changement à signaler dans la scène du puits, si ce n’est une remise à niveau générale de tous les Audios Animatronics.
Arrive ensuite la scène de la vente aux enchères, autre grande modification de cette réhabilitation. Comme nous le signalions dans notre dernière Gazette, la vente de femmes fait donc place à une vente plus classique des bijoux des habitants de la ville pillée. Personnage emblématique de cette scène, la Rouquine abandonne donc son rôle de victime pour devenir une femme pirate… jalousée par ses camarades masculins.
Dans la séquence suivante, celle de la chasse aux femmes, vous pourrez retrouver le premier Audio Animatronic de Jack Sparrow, présent dans le tonneau occupé autrefois par une servante cherchant à fuir le gros pirate lubrique. Un pirate lubrique qui ne l’est donc plus, puisqu’il se dit être en possession d’une carte au trésor, et qu’il tente d’empêcher Jack Sparrow de s’en apparer.
Un peu plus loin, les duellistes sont bien de retour, avec le remplacement du Capitaine de l’Inferno par une femme pirate. Une réhabilitation qui a donc décidé de mettre un point d’honneur à promouvoir l’égalité homme/femme, quitte à dévier de la réalité historique. En effet, s’il y a bien eu des femmes pirates dans l’histoire, celles-ci étaient une exception, et surtout, elles étaient loin d’être aussi féminines que les deux personnages ici mis en avant par ces changements.
Nous voici à présent dans la scène de la ville en feu. Ici aussi, peu de changements sont à signaler, si ce n’est une remise en état générale de l’ensemble des Audio Animantronics. Le principal changement visible dans cette partie de l’attraction est le remplacement de certains effets de flammes (système de tissu soufflé et éclairé) par des projections de flammes… avec le défaut que certains écrans ne sont parfois pas très centrés, rendant la structure de projection assez visible, notamment pour les effets de flammes dans les poutres au niveau de la seconde chute.
Après la seconde chute, nous arrivons enfin dans les cavernes où à côté du squelette à sa barre, nous retrouvons le Capitaine Hector Barbossa qui tente de nous attaquer, alors que la foudre révèle sa vraie nature de pirate maudit. Si de prime abord, l’effet est plutôt saisissant, vous vous rendrez vite compte que nous sommes très loin de la transformation de Jack Sparrow dans la dernière version de l’attraction, ouverte à Shanghai. En effet, chez nous, la transformation de Barbossa consiste en un simple éclairage de l’Audio Animatronic par une lampe UV, révélant ainsi une surcouche de peinture rendant le personnage « fantomatique ».
Enfin, nous arrivons dans la séquence du trésor, nous retrouvons une dernière fois le Capitaine Jack Sparrow assis sur son trône au sommet de son tas d’or. Si pour le coup, l’intégration du personnage est ici beaucoup plus impressionnante et majestueuse que dans les versions américaines, nous regretterons le double doublage français-anglais de l’Audio Animatronic, où l’on sent bien que c’est Johnny Depp qui fait la partie chantée, et Bruno Choël, son doubleur officiel français, pour la partie en dialogue.
Quel bilan tirer de la rénovation de l’attraction Pirates of the Caribbean ? Pour nous, il s’agit d’un bilan contrasté. D’un point de vue technique, il n’y a quasiment rien à dire, la réhabilitation est une réussite totale, malgré les petits couacs déjà constatés dans 2-3 scènes. D’un point de vue scénaristique par contre, il y a clairement à boire et à manger. Si les éléments issus directement des rénovations américaines de l’attraction s’intègrent plutôt bien à notre version, les nouveautés dont nous avons la primeur nous laissent quelque peu pantois, et contribuent à casser encore plus l’ancienne storyline.
Si vous n’avez pas l’occasion de vous rendre prochainement sur le parc, et que vous voulez vous faire un premier avis, nous vous invitons à regarder la vidéo en 4K et en Extreme Low Light (procédé permettent de capter la lumière dans des environnements sombres) de la nouvelle version de l’attraction, tournée par nos amis de DLP Welcome, à qui nous devons également la majeure partie des photos prises dans l’attraction.
La sortie de l’attraction s’effectue toujours par sa boutique, Le Coffre du Capitaine. Comme pour la file d’attente, la boutique n’a pas changé, mais profité d’un bon nettoyage et d’une modernisation de son éclairage. Côté produits, vous pourrez toujours vous procurer la photo de l’attraction (dont le cadre décoratif est toujours le même), et retrouver l’ensemble du merchandising autour des pirates et de la franchise cinématographique Pirates des Caraïbes.
Pour terminer la découverte des différentes mises à jour de la zone Pirates of the Caribbean, direction le Blue Lag… pardon, le Captain Jack’s – Le Restaurant des Pirates. Officiellement, la nouvelle storyline du restaurant est la suivante : « Le Blue Lagoon était le restaurant d’Angelica Teach, la fille de Barbe Noire. Mais cette dernière a perdu son établissement lors d’un pari avec Jack Sparrow. En tant que nouveau propriétaire, le célèbre capitaine a donc entrepris de redécorer le restaurant pour le mettre aux couleurs des pirates. »
Cela, c’est la théorie, car en pratique, à part le changement de la boucle musicale pour des gigues (ancienne boucle audio extérieure de la zone), l’ajout de drapeaux pirates aux murs, de pancartes « wanted », et la mise en place de lampions façon « fête au village », rien d’autre n’a été fait. Vous retrouverez donc toujours le même mobilier avec les chaises en forme de feuilles géantes, et une carte qui évolue assez peu en termes d’offres, mais dont les prix ont augmenté significativement.
À part vouloir caser du Jack Sparrow partout, quitte à y aller aux forceps, nous nous demandons bien ce qui a pu passer par la tête des imagineers pour nous sortir un projet de rethématisation aussi léger mais clairement impactant. Il s’agit ici assurément de la grande déception de cette rénovation de la zone.
En conclusion, trois mots peuvent qualifier cette rénovation de la zone Pirates of the Caribbean à Disneyland Paris : franchisation à outrance. Si l’intention était bonne, le résultat est lui plutôt mitigé, plus particulièrement pour les puristes que nous pouvons être. Si d’un point de vue technique et soin esthétique du travail, il n’y a vraiment pas de grandes remarques à avoir, c’est réellement du côté scénaristique qu’il y a eu un excès d’intégration de la franchise au matériau original, couplé à des changements plus que douteux de certaines scènes d’origine, afin de coller à la bien-pensance de notre temps. Si les parcs à thèmes ne doivent pas être des musées, tordre la réalité historique pour coller au paradigme de nos sociétés modernes n’est pas pour autant une excuse acceptable.
Gageons toutefois que si ces changements nous font râler, ils sauront être largement appréciés par la majorité des visiteurs lambda, qui réclamaient à cor et à cri depuis des années du Jack Sparrow dans l’attraction qui a inspiré le personnage, et qui inspire à présent l’attraction elle-même.