Après Vice Versa, Le Voyage d’Arlo (The Good Dinosaur en V.O.) est le dernier né des Studios Disney•Pixar. Année donc exceptionnelle pour le studio à la lampe, puisqu’il nous offre son second film en six mois. Tout comme leur précédente production, Pixar nous offre ici une nouvelle œuvre originale au milieu de toutes les suites et préquelles déjà sorties ou à venir.
Mais que vaut cette histoire mêlant dinosaures et êtres humains, rencontre totalement impossible en dehors des voyages temporels ou des parcs du Jurassic ? on vous donne son avis sur Le Voyage d’Arlo.
C’est en 2010 que l’on commence à entendre parler d’une production Pixar mettant en scène un jeune garçon et son dinosaure. À l’époque, alors que la production de Là-Haut bat son plein, quasiment rien d’autre ne filtre qu’une image issue d’un making-of sur laquelle apparait des concepts art de ce nouveau projet de film.
Il faudra cependant attendre 2012 pour que le film ait un nom. Ce sera donc « The Good Dinosaur », avec une sortie prévue au printemps 2014. Bob Peterson, co-réalisateur de Là-Haut, est alors attaché à la réalisation du film. Mais à la fin de l’été 2013, il quitte subitement le projet. La date de sortie du film est alors repoussée sine die, et le projet s’endort pour un temps.
Concepts d’origine de 2010, extraits du making-of de Là-Haut
Il faut attendre un peu plus d’un an, en octobre 2014, pour que « The Good Dinosaur » retrouve un réalisateur en la personne de Peter Sohn, dont c’est le premier long-métrage. Peter Sohn n’est cependant pas un inconnu chez Pixar, puisqu’il a œuvré en temps qu’animateur sur certaines productions maison (Le Monde de Nemo, Les Indestructibles, Ratatouille, et Rebelle), mais il prête également sa voix au frère de Rémy, Émile, dans la version originale de Ratatouille.
En arrivant à la réalisation de « The Good Dinosaur », Peter Sohn réécrit complètement le script pour se l’approprier pleinement. Le Voyage d’Arlo était né. Si le concept de base reste inchangé, c’est à dire les aventures d’un dinosaure et d’un petit garçon, l’histoire est elle complètement renversée, le personnage principal étant désormais le dinosaure, et le petit garçon son compagnon de route.
Concepts après la réécriture du scénario par Peter Sohn fin 2014
Et si l’astéroïde qui a radicalement bouleversé la vie sur Terre n’avait jamais heurté notre planète ?
Découvrez le grand voyage d’Arlo, jeune Apatosaure au grand cœur, maladroit et craintif, qui va faire la rencontre et prendre sous son aile un étonnant compagnon : un petit garçon sauvage, très dégourdi, prénommé Spot.
Durant leur périple, en parcourant des terres aussi hostiles que mystérieuses, Arlo va apprendre à affronter ses peurs et découvrir ce dont il est réellement capable.data:image/gif;base64,R0lGODlhAQABAAAAACH5BAEKAAEALAAAAAABAAEAAAICTAEAOw==
Le Voyage d’Arlo – Bande-annonce officielle
Arlo, c’est donc le personnage principal de notre histoire. Jeune Apatosaure, dinosaure de la famille des diplodocus (comme ses illustres prédécesseurs Petit-Pied et Aladar), Arlo est le petit dernier d’une fratrie de trois petits. S’il n’est pas bien grand, bien fort et bien courageux par rapport à son frère et à sa sœur, il est toutefois l’enfant en lequel son père met le plus d’espoir.
C’est finalement par la force des choses, (un accident qui conduira le petit Apatosaure à se retrouver loin de chez lui) qu’Arlo prendra enfin son destin en main, à travers un voyage initiatique fortuit pour retrouver sa famille et sa maison.
Très rapidement dans le récit, Arlo fera la rencontre d’un petit garçon humain nommé Spot. Ne s’exprimant que par des gestes ou des bruits, Spot s’avère être le personnage comique du film (parfois aux dépends d’Arlo d’ailleurs !) mais aussi l’un des plus touchants. Sous ses airs de bon petit chien fidèle, Spot se révèlera être un allié de choix pour Arlo dans sa découverte du monde et de ses dangers. De par son histoire Il sera également l’ami qui aidera Arlo à se dépasser et à transformer ce voyage en véritable quête initiatique.
L’objectif premier d’Arlo dans son voyage, c’est de retrouver sa famille. Celle-ci est composée d’Henry son père, d’Ida sa mère, et des frères et sœurs d’Arlo, Buck et Libby. La famille d’Arlo est ce que l’on pourrait qualifier une famille de fermiers typique de l’Amérique profonde, qui vit principalement grâce à la culture du maïs. Henry est un bon père de famille très protecteur, Ida est une mère de famille travailleuse, Buck est une vraie force de la nature avec un côté assez brut, et Libby une fille espiègle et toujours prête à faire des blagues à ses frères pour leur faire faire ses tâches.
Dans son long voyage de retour, la première véritable personne étrangère que croisera Arlo, c’est Le Collectionneur. Il s’agit d’une sorte de tricératops capable de se camoufler en arbre. Conséquence de cela, ses cornes accueillent une faune des plus diverses et variées. Le contrat entre le Collectionneur et ses hôtes est simple : il assure leur protection, et en retour ceux-ci lui assurent des services. Bien que son apparition à l’écran soit anecdotique, c’est grâce au Collectionneur que débutera réellement la relation d’amitié entre Arlo et Spot.
Si la rencontre avec le collectionneur est assez fortuite, il n’en est pas de même pour celle avec la famille des T-Rex. Et contrairement à leur apparence effrayante, ces dinosaures se révéleront être de précieux alliés pour Arlo et Spot dans le grand voyage de retour. Ainsi, si la famille d’Arlo est une famille typique de cultivateurs américains, la famille T-Rex est l’archétype de la famille de cow-boys du midwest conduisant son troupeau de bétail. Menée par Butch le père tyrannosaure, suivi de Ramsey son fils et Nash sa fille, cette famille unie va aider Arlo à s’affranchir de ses peurs, pour mieux affronter les dangers du monde sauvage et de la vie.
Mais sur son chemin, Arlo fera également quelques rencontres pas forcément toujours amicales. A commencer par Coup de Tonnerre, un ptérodactyle qui a vu la tempête… d’un peu trop près ! Accompagné de ses acolytes, il causera quelques déboires au duo formé par Arlo et Spot. C’est le personnage complètement dérangé du film, à la fois drôle et effrayant !
Et des rencontres effrayantes Arlo en fera d’autres lors de son voyage, car comme dans tout bon film de dinosaures qui se respecte, Le Voyage d’Arlo sera l’occasion de croiser un groupe de Vélociraptors, mené par Bubbha. Notons au passage que ce groupe de charognards, tous guidés par leur estomac, n’est pas sans rappeler le célèbre trio de hyènes vu dans Le Roi Lion, par sa composition et par les répliques !
D’un point de vue graphique, Le Voyage d’Arlo franchit une nouvelle étape, avec un photo-réalisme de l’image poussé à un tel niveau que cela en devient troublant. Les paysages sont tellement grands et d’une telle splendeur que vous aurez l’impression de voyager réellement au cœur de l’Amérique sauvage, source d’inspiration des équipes de Pixar pour ce film. Chaque film du studio apportant une amélioration graphique particulière (l’animation et la texture des poils / cheveux sur Monstres et Compagnie et sur Rebelle, l’animation aquatique et les mouvements de l’eau sur Le Monde de Nemo, etc.), c’est ici la texture et l’animation des nuages, ainsi que les ambiances lumineuses de jour, qui ont bénéficié du travail de recherche des génies de Pixar.
Afin de trancher avec ce caractère réaliste des paysages, il a été choisi d’adopter pour les personnages un style plus cartoonesque, en accentuant notamment leurs traits… technique utilisée sur bon nombre des productions Pixar mettant en scène des créatures de chair et de sang. Cependant, le style pixarien des personnages n’empêche pas les textures de ces derniers d’être là aussi poussées à l’extrême au niveau du réalisme. Regardez un peu les empreintes digitales d’Arlo, ainsi que les pliures de ses articulations.
Sur ces magnifiques images, il fallait bien entendu une musique à la hauteur pour sublimer l’atmosphère et les émotions du film. Pour Le Voyage d’Arlo et comme ce fut le cas pour Rebelle, les studios Pixar se sont éloignés des habituels cousins Randy et Thomas Newman ou de Michael Giacchino pour confier la bande originale aux frères Mychael et Jeff Danna. Leur nom est clairement moins connu mais Mychael a tout de même composé les musiques de L’Odyssée de Pi ou encore de Little Miss Sunshine. Jeff lui est surtout connu du grand public pour son travail sur les adaptations des jeux vidéo Resident Evil ou Silent Hill au cinéma.
Pour Le Voyage d’Arlo, ils livrent une partition sans grand thème fort (vous n’aurez aucune musique en tête à la sortie du cinéma) mais qui accompagne efficacement le récit. De quelques notes un peu country qui plantent le décor plutôt rural de l’introduction aux quelques envolées un peu plus épiques qui invitent au voyage et à la contemplation des paysages grandioses, cette bande originale fait le travail tout en restant discrète. Un peu à la manière de ce que fait Michael Giacchino parfois justement. Une musique efficace donc, agréable à l’écoute même en dehors du film, mais qui ne restera pas dans les têtes assurément.
Avant de conclure, laissons la parole à quelques personnes ayant déjà vu le film, pour qu’elles vous donne leur avis sur ce nouveau né des studios Pixar. Et pour la première fois, nous accueillons l’avis de l’un de nos confrères de DLRP Express.
Techniquement bluffant et avec des personnages forts, Le Voyage d’Arlo s’avère être un excellent divertissement pour toute la famille. On pourra toutefois lui reprocher un certain manque d’ambition par rapport au pitch de départ et une histoire convenue qui font que l’on ne retrouve pas Pixar là où on pouvait l’attendre, surtout après l’originalité d’un Vice-Versa. Mais ne boudons pas notre plaisir, deux productions du studio à la lampe en quelques mois, et quand même de grande qualité, on n’en demande pas plus. Surtout pour ce Voyage d’Arlo qui atteint au final parfaitement sa cible familiale pour les fêtes de fin d’année.