Il était une fois dans un royaume lointain, une princesse vraiment pas comme les autres… Lorsque Flynn Rider, le bandit le plus recherché du pays, se réfugie dans une mystérieuse tour, il se retrouve pris en otage malgré lui par Raiponce, une belle jeune fille à l’impressionnante chevelure dorée de 20 mètres de long aux pouvoirs surpuissants, qui ignore qu’elle est en fait une princesse kidnappée depuis son enfance par une méchante sorcière, Mère Gothel. L’étonnante geôlière de Flynn cherche un moyen de sortir de cette tour où elle est enfermée depuis des années pour enfin découvrir le monde qu’elle n’a jamais connu. Raiponce passe alors un accord avec le séduisant brigand… C’est le début d’une aventure délirante bourrée d’action, d’humour et de sentiments, au cours de laquelle l’improbable duo va rencontrer un cheval super-flic, un caméléon à l’instinct de protection surdéveloppé et une bande de voleurs très « bruts »… Voici enfin une aventure au poil (à la tête) qui n’est pas tirée par les cheveux !
2010 est l’année du grand retour des animations Disney à l’ancienne, avec tout d’abord la Princesse et la Grenouille en janvier, grace auquel les studios ont rénoué avec les contes de fées. En effet le dernier conte adapté datait de 1991 avec la Belle et la Bête. Cette année est également placée sous le signe des princesses avec deux nouvelles venues dans la grande famille Disney avec Tiana et Raiponce, les numéros 9 et 10 respectivement. Mais si La Princesse et la Grenouille fut l’occasion de retrouver l’animation traditionnelle à la main, Raiponce est le tout premier conte de fée réalisé en 3D!
Ce choix a fait couler beaucoup d’encre alors que le film était encore en préparation, et beaucoup de fans ont eut peur d’une certaine ressemblance avec les films d’animation Dreamworks tel que Shrek ou encore Dragons sortis récemment. Il est vrai que les bandes annonces qu’on a pu voir sur le film donnent à penser que Disney a voulu axer la promotion de Raiponce sur l’humour, humour qui est plus l’apanage des studios Dreamworks que Disney, plutôt que sur la romance et la magie comme ils le font habituellement. Toutefois on ne peut en aucun cas dire que Raiponce a un lien de parenté avec l’Ogre vert une fois qu’on l’a vu : il est plus qu’évident, même frappant que Raiponce est « Disney » jusqu’au bout des cheveux! Chaque fibre de ce film rappelle les chefs d’œuvres passés, que ce soit dans le crayonné des personnages, dans la musique, ou dans le design des scènes.
En effet, Raiponce n’est pas sans rappeler plusieurs grands classiques ; tout d’abord on ne peut s’empêcher de faire un rapprochement entre Raiponce et Quasimodo. Tous deux sont cachés aux yeux du monde par leurs protecteurs, et vivent reclus, soit dans une Tour isolée dans la forêt, soit dans le clocher de la Cathédrale Notre Dame. Tous deux rêvent de voir le monde extérieur et de se rendre pour l’une à la Nuit des lanternes, pour l’autre à la Fête des Fous. Ce qu’il finissent par faire en cachette, défiant ainsi l’autorité de leur figure paternelle ou maternelle. Mais il serait bien réducteur de qualifier Raiponce de Quasimodo au féminin, même si tous deux semblent avoir développé un sens artistique aigu. Cette jolie princesse à la blonde et longue chevelure possède son propre caractère, qui est tout en contrastes. A première vue elle parait tout en innocence, en candeur et en fragilité, mais le film nous dévoile une jeune fille de 18 ans avec une volonté et un courage qui ne fléchissent pas et sa propension à rêver et à tout faire pour réaliser ses rêves est sans limite. Visuellement Raiponce arrive à exprimer une candeur toute enfantine, et pourtant paradoxalement à côté, elle a un vrai côté ado qui donne lieu à quelques scènes assez drôles et réalistes, notamment lorsqu’elle est prise entre deux sentiments: l’allégresse et la culpabilité. Tout comme le plus barbare des malfrats, ou comme le plus indomptable des canassons, on est irrémédiablement séduit par ce petit bout de femme qui n’en a pas moins une volonté de fer et un courage sans fin pour réaliser le rêve de sa vie. Elle n’hésite pas à faire chanter Flynn Rider, un bien charmant bandit qui s’est réfugié par accident dans sa tour, alors qu’elle est terrifiée. De plus son joli minois n’est pas sans rappeler celui d’une autre grande rêveuse qui souhaitait découvrir un monde qui lui était aussi interdit: Ariel, la petite sirène. La physionomie de Raiponce ressemble à celle de la jolie rousse. En effet toutes deux ont le même nez retroussé, et de grands yeux expressifs qui reflètent aussi bien leur émerveillement que leur grande candeur. Et ce n’est pas étonnant quand on sait qu’elle sont toutes les deux animées par Glen Keane!
Si Ariel avait un poisson comme meilleur ami, Raiponce, elle, a un petit caméléon qui répond au nom de Pascal. C’est LE personnage mignon du film. Personne n’est à l’abri de succomber au charme et à la légèreté qu’apporte ce petit animal, qui n’en possède pas moins un caractère bien à lui. S’il ne parle pas, il sait néanmoins bien se faire comprendre par sa petite bouille expressive : chacune de ses apparitions vous arrachera un sourire ou un rire à coup sûr! Autre personnage secondaire tout aussi drôle: Maximus, le cheval de la garde royale. Chacune de ses apparitions est un moment empli d’humour, on peut dire qu’il forme un assez bon duo comique avec Flynn qu’il prend en chasse comme un policier. Il est loin du fier destrier du prince charmant qu’on peut voir habituellement, comme Samson, le cheval du Prince Philippe dans la Belle au Bois Dormant, mais il est là sans conteste pour apporter au dessin animé une touche humoristique. Si Pascal est la mascotte mignonne, Maximus est le comique du film.
Mais ce n’est pas pour autant que le film est dépourvu d’humour quand Maximus n’est pas là, bien au contraire. L’humour est constamment là du début jusqu’à la fin du film, ce qui différencie pleinement Raiponce des autres contes de fées Disney qui, s’ils s’accordent quelques scènes drôles, sont plutôt centrés sur la romance entre le prince et la princesse. Ici, chaque personnage a sa petite scène pour faire rire.
Autre personnage qui ne manque pas de nous arracher quelques sourires : Flynn Rider, le nouveau « prince charmant » qui est ici un voleur patenté. Ce jeune homme recherché partout dans le Royaume mort ou vif, est imbu de sa personne et sûr de lui, persuadé de pouvoir échapper à tous et de doubler ses complices. Et quand Raiponce fait de lui son prisonnier, il pense pouvoir lui échapper en faisant son numéro de charme. C’est un Don Juan qui n’a pas l’habitude de voir que son charme n’opère pas sur une jolie demoiselle. Mais s’il parait superficiel de prime abord, il est attachant et aussi séduisant que drôle. Son histoire est touchante et lui donne un côté sensible et fragile que les autres Princes Disney n’affichent pas habituellement. Il est un bon mélange des anciens personnages masculins tel que Aladdin, John Smith et Naveen, avec sa petite touche bien à lui.
Qui dit nouveau Disney dit nouveau méchant. Mère Gothel est bien différente de ses prédécesseurs. Elle donne un semblant d’amour à Raiponce, à qui elle fait croire qu’elle est sa mère. Elle la surprotège par pure égoïsme et narcissisme comme si elle n’était ni plus ni moins qu’une fontaine de jouvence. Grâce à ses manipulations elle arrive à faire croire à Raiponce en un certain sentiment de sécurité qui l’empêche de chercher à enfreindre la règle de sa mère, qui est de mettre le nez dehors. Mais elle a un côté pathétique parce qu’au final la seule chose qui l’intéresse c’est sa jeunesse, et c’est cette quête impossible qui la rend faible, dépendante, et qui la conduira à sa perte. Ce côté pathétique la place en dessous des quelques méchants charismatiques que compte Disney, comme Ursula, Jafar, Scar ou encore plus récemment le Dr Facilier, et c’est bien dommage!
Certes le film est bien loin de l’histoire originelle des frères Grimm, mais l’essentiel a été gardé, à savoir les légendaires longs cheveux blonds de la belle jeune fille recluse dans sa tour solitaire, où Mère Gothel vient la rejoindre en montant grâce à la chevelure de la belle. Certes, normalement Raiponce n’est pas princesse et le prince charmant est un vrai prince, les mésaventures sont aussi plus sanglantes, néanmoins le côté tragique que prend ce conte est gardé, et une part du dénouement aussi. On peut même dire que la version de Disney avec son histoire de cheveux magiques surpasse la version des frères conteurs allemands. Le scénario ainsi changé retrouve la bonne dynamique qu’avait pu avoir la Petite Sirène, la Belle et la Bête, ou encore la Princesse et la Grenouille.
Mais ce qui fait également que Raiponce est un grand film, c’est sa bande son. Qui de mieux que le génialissime Alan Menken, accompagné de Glenn Slater pour les paroles, pouvait signer la bande originale de ce nouveau conte Disney? Si Randy Newman s’en était sorti avec les honneurs pour la Princesse et la Grenouille, le film n’arrivait pas vraiment à retrouver le côté comédie musicale que revêtaient les grands films des années 90, tels que la Petite Sirène, La Belle et la Bête, Aladdin, ou encore Le Bossu de Notre Dame,…, dont toutes les bandes sons ont été réalisées par Alan Menken évidemment. Sa dernière participation dans un dessin animé Disney date de 2004 avec la Ferme se Rebelle, mais sa dernière collaboration avec Disney remonte à 2007 avec le film Il Était une Fois , qui lui permet de renouer avec le conte en plus de la comédie musicale. Avec un compositeur si talentueux à la barre, Raiponce ne pouvait que s’inscrire dans la continuité de ces grands classiques Disney que sont des dessins animés musicaux, qui ont marqué le nouvel âge d’or de Disney dans les années 90.
Pour ce qui est de la version française, si la voix de Mère Gothel, doublée par Isabelle Adjani, et chantée par Sophie Delmas, semble avoir moins de charisme que la voix originale qui rappelle beaucoup celle de Ursula si on en juge les quelques extraits qui fleurissent sur le web. Le choix de Maéva Méline (Raiponce) et Romain Durris (Flynn) est convaincant. La sélection de ce dernier a semble t il partagé les fans. Mais sa performance est appréciable, même si il lui manque ce petit côté comique et charmeur que possède naturellement l’acteur américain Zachary Levi. Ce n’est pas Romain qui fait la voix chantée du voleur, mais Emmanuel Dahl, qui avait déjà fait la voix chantée de Hercule. Magique. Enfin le choix de Maéva Méline avec sa voix si douce colle au personnage autant que Mandy Moore dans la version originale, et même peut-être d’avantage. Dans la voix de cette dernière c’est surtout la force sous-jacente et le courage de Raiponce qui transparait. Tandis que dans l’interprétation de Maèva, c’est la douceur, l’innocence, et l’incroyable candeur enfantine d’une ado de 18 ans qui n’a jamais mis les pieds dehors qui ressort. Au final, elles se valent toutes les deux, et incarnent parfaitement les deux facettes d’une même princesse.
Avec un scénario enchanteur, des personnages attachants et drôles, un visuel magnifique, et des musiques divines, comment ne pas succomber au charme envoûtant de Raiponce? Tous les ingrédients d’un grand Disney comme les studios savaient si bien les faire, sont réunis! Après la Princesse et la Grenouille, et maintenant Raiponce, un nouvel âge d’or serait-il en marche? Affaire à suivre…
En attendant rendez-vous dans votre cinéma le plus proche dés le 1er Décembre, ou aux avant-premières qui ont lieu au Grand Rex (dès le 17 Novembre), et à Disneyland Paris avec votre Passeport Annuel Dream (27 et 28 Novembre) ou votre Carte actionnaire (13 Novembre)!