« La Mutation, c’est la clé de notre évolution ». Ainsi commençait le premier film consacré aux X-Men en 2000. C’est sur cette même citation que s’achevait le second opus en 2003. Après cela, la franchise a connu pas mal de difficultés et de critiques. Il fallut attendre 2011 et la préquelle X-Men : Le Commencement pour que les mutants retrouvent les faveurs des critiques. « Mutant et fier de l’être », tel était le slogan des premiers X-Men dans les années 1960.
Après trois ans d’absence, les mutants reviennent dès le 21 mai 2014, dans un nouvel opus de la franchise, permettant de faire le pont entre passé et futur, entre l’ancienne et la nouvelle génération d’acteurs incarnant les célèbres mutants de Marvel. la Gazette Disney a assisté pour vous à ce voyage temporel des X-Men : Days of Future Past.
Mais avant de nous amuser dans les couloirs de l’esprit et du temps, un long retour en arrière s’impose pour bien comprendre l’ensemble des tenants et des aboutissants de ce nouveau film. Comme nous vous l’indiquions, la franchise a débuté en 2000, avec le premier film X-Men, sous l’œil du réalisateur Bryan Singer. L’histoire était ici simple et efficace, et permettait de présenter qui étaient les mutants, et les enjeux politiques et sociétaux que leur existence faisait peser sur le monde. Nous y découvrions ainsi Erik Lehnsherr, alias Magneto, et sa confrérie des mutants composée de Mystique, Crapaud, et Dents de Sabre ; confronté à son vieil ami Charles Xavier, alias de Professeur X, et ses X-Men Tornade, Cyclope, Jean Grey, et Wolverine.
En 2003, Bryan Singer rempile avec X-Men 2, toujours avec le même casting, qui mettait cette fois-ci plus en avant la nouvelle génération de mutants, confrontée à un terrible ennemi humain, tout droit sorti du passé oublié de Wolverine, le colonel William Stricker. Le film s’achevait sur la mort tragique de Jean Grey… et sa renaissance en Phénix Noir.
C’est entre 2003 et 2006 qu’eut lieu le tournant de la saga X-Men, avec le départ du réalisateur Bryan Singer (qui préféra s’envoler pour Metropolis), et son remplacement par le « Yes Man » Brett Ratner.
X-Men : l’Affrontement Final marque ainsi le début d’une longue période de critiques pour la franchise, aussi bien de la part des fans, que de la part de la presse spécialisée. C’est notamment la mort de plusieurs personnages importants de l’univers des mutants, principalement Cyclope, et dans une moindre mesure Jean Grey / Le Phénix Noir, qui marqua fortement les esprits. Depuis, tout le monde se pose une seule et unique question : « comment réussir à corriger les erreurs du passé ? »
Ce n’est malheureusement pas la suite qui permettra de répondre à cette question. En effet, après cet épisode, qui conclut une première trilogie, la Twenty Century Fox, détentrice des droits d’exploitation sur les X-Men au cinéma, décide de se lancer dans la production de plusieurs « spin-off », consacrés à différents mutants. Le premier (et seul, avec sa suite) à voir le jour, est consacré au mutant griffu, James Howlett dit Logan, alias Wolverine.
Comme son nom l’indique, X-Men Origins : Wolverine, du réalisateur Gavin Hood, raconte donc les origines du personnage incarné par Hugh Jackman. Si l’histoire ici racontée tient la route, c’est dans les détails que ce spin-off entre en contradiction avec certains éléments développés dans la trilogie précédente.
Malgré les mauvaises critiques, les aventures du mutant griffu eurent droit à une suite sortie en 2013. Prénommée Wolverine : Le Combat de l’Immortel, ce spin-off, réalisé par James Mangold, se place cette-fois ci après le dernier volet de la trilogie X-Men. Nous y retrouvons un Logan tourmenté par le fantôme de Jean Grey, et qui doit faire face à l’un de ses plus terribles ennemis, le Samouraï d’Argent.
Le second spin-off qui devait initialement voir le jour portait sur le personnage de Magneto. Mais après de multiples remaniements du scénario, le spin-off devint finalement une préquelle à la saga X-Men. Sorti en 2011, X-Men : le Commencement, mis en scène par le réalisateur Matthew Vaughn, racontait ainsi les aventures des jeunes Charles Xavier et Erik Lehnsherr dans les années 1960, avant qu’ils ne deviennent le Professeur X et Magneto.
Après les déceptions des deux précédents volets, ce nouvel opus marque un véritable renouveau de la franchise auprès des critiques. Au passage, le film ne se gène pas pour snober royalement le premier spin-off sur Wolverine, en réintégrant le personnage d’Emma Frost, développé dans une version différente.
Après ce long retour en arrière, nous en arrivons donc à notre nouveau volet des aventures des mutants, X-Men : Days of Future Past. Comme son nom l’indique, le film s’inspire grandement de l’arc narratif éponyme, paru en version papier dans les années 1980.
Au scénario, nous retrouvons ainsi Matthew Vaughn (qui laisse sa place de réalisateur) et Simon Kinberg (Mr. & Mrs Smith – 2005, Sherlock Holmes – 2009).
Particularité du film, l’histoire se jouant sur un double niveau temporel, il est à la fois la suite d’X-Men : le Commencement avec le passé de l’année 1973, et d’X-Men : l’Affrontement Final avec le futur de l’année 2023.
Dans un futur où les humains et les mutants ont été décimés par d’impitoyables robots sentinelles, les ultimes survivants n’ont plus grand chose à espérer de l’avenir. Dans un ultime effort pour changer le cours tragique des événements, Professeur Charles Xavier et Magnéto envoient Wolverine dans le passé, à la rencontre des jeunes mutants écorchés qu’ils ont été. Car le meilleur moyen d’arrêter la guerre reste encore de ne pas la laisser éclater.
Du fait de cette particularité, nous retrouvons l’ancienne et la nouvelle génération d’acteurs ayant incarné les mutants. Et c’est bien entendu Hugh Jackman (du fait de la longévité de son personnage), qui sert ainsi de passerelle physique entre passé et futur. L’acteur australien nous livre ici une nouvelle facette de son personnage. Bien sur, nous retrouvons un Wolverine toujours aussi enclin à la violence, mais dont les épreuves qu’il a traversé l’ont rendu plus sage et plus mesuré. Il faut dire aussi que la situation du personnage dans le film, spectateur du futur dans son propre corps du passé, n’aide pas non plus aux excès de rage folle.
Passé et futur… En dehors de Logan, deux autres personnages sont également présents dans les deux époques. Il s’agit de Charles Xavier et d’Erik Lehnsherr. Et ils ne sont pas moins de 4 acteurs pour interpréter ces deux personnages. Après 5 ans d’absence dans le rôle, Patrick Stewart retrouve le fauteuil du Professeur X du futur. Pour l’aider dans sa lutte contre les Sentinelles, il est épaulé de son vieil ami Magneto, toujours incarné par Ian McKellen.
Mais ça, c’est le futur ; car dans le passé, nous retrouvons James McAvoy dans la peau d’un Charles Xavier dépressif qui remarche miraculeusement, mais en ayant sacrifié ses pouvoirs. De l’autre côté, Micheal Fassbender reprend les pouvoirs d’un Erik Lehnsherr enfermé par le gouvernement américain depuis 10 ans pour le meurtre du président Kennedy.
Dans le futur, nous retrouvons certains mutants déjà bien connus. Halle Berry retrouve ainsi, après 8 ans d’absence, le rôle qui l’a fait mondialement connaître, celui de Tornade.
Ellen Page prend un peu plus d’ampleur avec son personnage de Shadowcat, puisque c’est grâce aux pouvoirs de la célèbre passe muraille que le voyage temporel de Logan est possible. Il s’agit ici probablement d’un clin d’œil au comics, puisque dans l’histoire d’origine, c’est la Kitty du futur qui voyage vers le passé, et non Wolverine.
Du côté des hommes, Shawn Ashmore reprend le rôle d’Iceberg, et Daniel Cudmore celui de Colossus.
Du côté des nouveaux mutants, ils sont quatre à faire leur apparition dans ce film, et c’est un casting international qui a été retenu. Chez les dames, l’actrice chinoise Fan Binbing interprète Blink, une mutante capable de se téléporter… et de créer des disques de téléportation, ouvrant ainsi des passages vers d’autres lieux plus ou moins proches.
Le français Omar Sy joue Bishop, un mutant capable de stocker l’énergie et de la libérer pour en faire une arme (un pouvoir assez analogue à celui de Sebastian Shaw dans X-Men : le Commencement).
Le mexicain Adan Canto prête ses traits à Solar, un mutant absorbant l’énergie solaire pour devenir lui-même un mini-soleil… avec les pouvoirs calorifiques que cela implique. Il est une sorte de torche humaine, sans être l’un des 4 Fantastiques.
Enfin, l’étasunien aux origines amérindiennes Booboo Stewart, interprète Warpath, le mutant surhumain, dont le pouvoir consiste à disposer d’aptitudes humaines (sens, force, endurance…) sur-développées.
Dans le passé, nous retrouvons aussi des mutants déjà bien connus de tous. « La petite fiancée de l’Amérique », Jennifer Lawrence, retrouve ainsi la peau de la mutante métamorphe Mystique. Le personnage de Raven Darkhölme est d’ailleurs l’un des éléments centraux de l’intrigue du film, car de ses choix dépend l’avenir.
Compagnon de Jennifer Lawrence à la ville, Nicholas Hoult reprend le rôle du jeune Hank McCoy. Mais alors que nous l’avions quitté en Fauve à la fin d’X-Men : le Commencement, le voici de nouveau à visage humain… aidant Charles Xavier dans sa profonde dépression.
Le temps d’une scène fugace dans un camp militaire (celle vu en scène post-générique de The Amazing Spider-Man – Le Destin d’un Héros), Lucas Till renfile le costume d’Alex Summers, alias Havok, le frère de Cyclope. Cette scène est également l’occasion de voir ou revoir d’autres mutants, dont une version jeune du Crapaud, déjà vu dans le premier X-Men.
Enfin, le dernier mutant à faire son apparition dans le passé est Pietro Maximoff, alias Vif-Argent. Il est ici interprété par Evan Peters (Kick-Ass, la série American Horror Story), qui nous livre une version plutôt comique du personnage, mais assez en rapport avec le caractère de celui-ci dans ses jeunes années. Pietro n’intervient finalement qu’assez peu dans le film, mais son apparition est l’une des scènes les plus spectaculaires. À voir maintenant ce que donnera la version Avengers – Age of Ultron de ce personnage.
X-Men : Days of Future Past, ce sont des mutants, mais pas uniquement. Si dans le futur, l’humanité et la « mutanité » a disparu, c’est à cause des Sentinelles, des machines terribles capables de s’adapter à leurs ennemis, afin de mieux les détruire. Et le concepteur de ces robots n’est autre que le Docteur Bolivar Trask, fondateur de Trask Industrie. À l’écran, c’est Peter Dinklage qui prête ses traits au scientifique, dont les intentions sont beaucoup plus ambiguës que le simple fait de vouloir détruire les mutants.
Pour l’épauler dans cette tâche, Trask est accompagné d’une organisation para-militaire dirigée par le nom moins déjà connu William Stryker, celui-là même qui voulait déjà détruire les mutants dans X-Men 2, et qui fit de Logan, le Wolverine « adamantiumé » que nous connaissons tous. Josh Helman interprète ici une version plus jeune du personnage, mais dont la haine pour les mutants est déjà bien grande.
À la réalisation, nous retrouvons enfin Bryan Singer, après 11 ans d’absence. De ce côté, pas grand-chose à dire. Singer maîtrise la caméra et les effets spéciaux, mais cela, il nous l’avait déjà démontré par la passé. Le film est proposé en 3D-relief, et si celle-ci est de bonne facture, elle n’est pas non plus transcendante (n’est pas James Cameron qui veut sur ce point).
C’est plutôt sur l’histoire que le réalisateur était attendu au tournant. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le « père des mutants » au cinéma nous livre ici une œuvre cohérente, et qui assume pleinement les erreurs du passé que nous évoquions plus haut… tout en apportant une réponse pour tenter de les réparer. Il faut dire qu’avec les voyages dans le temps, la théorie du paradoxe temporel sert ici avec brio la conclusion du film sur ce point, et l’objectif principal de ce nouvel opus est ici pleinement atteint. Le pari était pourtant loin d’être gagné d’avance, et nombre de réalisateurs se sont cassés les dents par le passé à tenter de jongler avec les époques et les paradoxes.
X-Men : Days of Future Past permet ainsi de conclure dignement la trilogie originale… voire de lui offrir une potentielle suite à travers le projet de film X-Force.
Il est cependant bien beau de baser un film sur sa conclusion, mais qu’en est-il de son contenu principal. Et bien là aussi, pari gagné. En effet, X-Men : Days of Future Past est avant toute chose la suite directe d’X-Men : le Commencement (l’histoire de voyage dans le temps n’étant finalement qu’un bon prétexte pour un potentiel reboot/suite à venir de la franchise).
Et loin de ce que laissait penser la promotion du film, le personnage principal ici, c’est bien Charles Xavier, et non plus Wolverine. Même si le personnage du mutant griffu est populaire auprès des plus jeunes, il est vraiment plaisant d’avoir une intrigue qui ne tourne pas qu’autour de sa personne, chose que la franchise avait eu tendance à faire depuis le premier X-Men.
Si le film porte le nom d’X-Men (les Hommes de Xavier), on les voit finalement très peu dans le film, ce qui engendre un déficit de scènes d’action impressionnantes. En contre-partie, nous avons droit à un recentrage de l’intrigue autour de Charles Xavier, Magneto, Wolverine… et Mystique. La mutante métamorphe a ici droit aux honneurs de la première page, car ce sont ses choix qui vont influencer l’avenir du monde. Penchera-t-elle vers son frère adoptif Charles ou vers son amour Erik ; vers la lumière ou vers l’ombre ; vers la vie ou vers la mort ? Mystique se retrouve devant un choix cornélien… et le futur entre ses mains.
Passé et futur liés en un film. L’un des liens avec la trilogie originale est clairement perceptible à travers la musique du film. Écrite par John Ottman, déjà compositeur sur le second volet de la saga, le thème héroïque d’X-Men 2 est clairement audible dans les moments clés de Days of Future Past. Le reste de la partition reste honnête, mais est cependant loin de la virtuosité de celle del’Affrontement Final.
Comme toujours avec les films X-Men, et Days of Future Past n’échappe pas à la règle, la fin du film laisse entrevoir de potentielles suites. L’information n’est pas nouvelle, puisqu’elle date de décembre 2013, mais le prochain épisode de la franchise, X-Men : Apocalypse, est programmé pour une sortie le 18 Mai 2016.
X-Men : Days of Future Past, étant un film Marvel, il n’échappe pas à la traditionnelle scène post-générique… un concept qui avait d’ailleurs été introduit pour la première fois avec X-Men : l’Affrontement Final. Pour comprendre la scène post-générique, il faut donc avoir en tête le nom du prochain volet de la franchise, Apocalypse, qui fait référence à l’un des mutants les plus puissants du monde. Une séquence qui fait déjà saliver les fans, et montre une partie de l’étendue des pouvoirs d’En Sabah Nur.
En conclusion, X-Men : Days of Future Past est l’un des meilleurs épisodes de la franchise des mutants. Moins impressionnant qu’X-Men : le Commencement en termes d’action, le film gagne en profondeur, malgré la multiplication du nombre de personnages, en ne se concentrant que sur un comité restreint.
Fan de voyage dans le temps et de paradoxes temporels, vous en aurez aussi pour votre compte, grâce à un scénario ingénieux, qui permet enfin de raccrocher l’ensemble des wagons de la saga X-Men ensembles (à l’exception du premier spin-off sur Wolverine, qui se retrouve un peu plus marginalisé du reste de la saga), et de réparer les erreurs de production commises par le passé.
X-Men : Days of Future Past, c’est à découvrir en 2D ou en 3D dans vos salles de cinéma, à partir du 21 mai 2014.