Le 14 décembre 2017, la Walt Disney Company s’est offert un cadeau de Noël avant l’heure, en annonçant le rachat de la majeure partie des actifs de la Twenty First Century Fox, la maison-mère des mythiques studios de la Fox, pour la modique somme de 52,4 milliards de dollars. L’entreprise fondée par les frères Roy et Walt Disney, et dirigée par Robert Iger depuis une dizaine d’années, mettait ainsi fin à une rumeur de presse, qui enflait depuis le début du mois de novembre. Mais quelle histoire se cache derrière ce méga rachat, aboutissant à la création du plus grand groupe de divertissement n’ayant jamais existé ? La Gazette de Mickey vous livre les clés de cette folle nouvelle qui, comme les précédents rachats de Disney, risque de faire encore couler beaucoup d’encre et de pixels.
La 21st Century Fox, une major d’Hollywood
Quand une major comme la Walt Disney Company rachète une autre grande major d’Hollywood comme la 21st Century Fox, de nombreuses questions se posent. Mais avant d’y répondre, il est important de savoir qui est donc cette fameuse entreprise qui va être rachetée par les adeptes de l’Oncle Picsou, son histoire, et notamment les liens qui peuvent la rapprocher de sa nouvelle maison-mère. Car la « Fox », c’est une histoire tout aussi vieille que celle de Disney, faite de succès et d’échecs, dont l’histoire est étrangement analogue à celle de son nouveau propriétaire.
Une major issue d’une première série de fusions
L’histoire du groupe qui a donné aujourd’hui la 21st Century Fox est aussi vieille que l’industrie du cinéma. Elle commence quelques années avant la naissance des Disney Brothers Studios, par la création en 1913 d’une société de production cinématographique, et d’une société de distribution de films (chaîne de cinéma), qui fusionnent en 1915 pour donner naissance à la Fox Film Corporation, du nom de William Fox, créateur du groupe et pionnier de l’industrie du divertissement de masse. La Fox est là avant-tout pour créer du contenu pour les cinémas du groupe. En effet, dans les débuts du cinéma, les grands studios étaient souvent propriétaires de leur propre chaîne de cinéma, afin d’assurer la distribution de leurs films plus facilement.
Bien que les premiers studios voient le jour dans le New-Jersey, non loin du siège historique de la Fox, New-York, des opportunités se présentent dès 1917 sur la côte ouest du pays, où le climat de Los Angeles s’avère plus clément que celui de la grosse pomme pour la réalisation de films. Puis en 1926, le groupe acquiert les terrains de ce qui constitue encore à ce jour le cœur névralgique des studios de cinéma du groupe, et son actuel siège social, les Fox Studios à Century City, un quartier ouest de Los Angeles, au sud de la commune de Beverly Hills.
Durant les années 1920, la Fox est l’un des studios pionnier du cinéma parlant, et innove avec son procédé Movietone, permettant d’enregistrer l’image et le son sur une même bobine. Avec la popularité grandissante de ses productions, la Fox devient alors l’une des Majors d’Hollywood, et vient concurrencer la MGM, alors plus gros studio de l’époque. Quand, en 1927, Marcus Loew, l’un des créateurs de la MGM, meurt, William Fox propose à la famille de racheter ses parts. Son objectif est de prendre le contrôle de son concurrent. Mais Louis B. Mayer, toujours à la tête du studio qu’il a créé et qui porte son nom, ne compte pas l’entendre de cette oreille, et grâce à ses appuis politiques, réussit à faire jouer les lois anti-trust et à faire échouer le projet de fusion entre la Fox et la MGM. Cet épisode intervient en même temps que la crise financière de 1929, durant laquelle William Fox perd la majeure partie de sa fortune. Acculé, le producteur est contraint de déclarer son entreprise en faillite en 1935.
Parallèlement, un petit studio indépendant, Twentieth Century Picture, voit le jour en 1933, grâce à des anciens d’United Artists, de Warner Bros. et de Fox Film Corporation, le tout grâce à des fonds prêtés par Louis B. Mayer, le patron de la MGM. Dès ses premières productions, Twentieth Century Picture s’illustre admirablement. Quand, en 1935, se présente l’opportunité de racheter Fox Film Corporation, les dirigeants de Twentieth Century Picture n’hésitent pas, et tel David qui mangerait Goliath, The Twentieth Century-Fox Film Corporation, plus communément appelée 20th Century Fox, voit le jour le 31 mai 1935.
Durant les dix années qui suivent, la 20th Century Fox redresse considérablement la barre, tant et si bien qu’elle parvient même à doubler la MGM certaines années. Son succès repose essentiellement sur la production de films biographiques populaires et de comédies musicales, deux genres particulièrement en vogue dans un monde qui sombre de plus en plus vers la seconde guerre mondiale, et qui a besoin de se changer les idées.
Avec la fin de la guerre, le studio réoriente sa stratégie et produit des films plus sérieux et adultes, qui redorent l’image de la 20th Century Fox auprès de la critique. Mais le succès du studio fait des jaloux, et au début des années 1950, le groupe est contraint de se séparer de son réseau de salles de cinéma par les nouvelles lois anti-trust. Les années 1950 marquent le retour du peplum, et le studio, avec La Tunique, offre ainsi au monde le premier film en Cinemascope, un format grand spectacle qui sera adopté par l’ensemble des autres studios d’Hollywood, et qui reste encore à ce jour l’une des normes de base du cinéma moderne. Le groupe n’en oublie pas moins l’un de ses genres de prédilection, la comédie musicale, avec notamment des adaptations de pièces de Broadway comme Carrousel, le Roi et Moi, ou bien encore Oklahoma !. Mais la grande star de la 20th Century Fox, durant les années 1950, c’est bien entendu la sulfureuse Marylin Monroe, avec des films comme Niagara, Les Hommes Préfèrent les Blondes, Comment Épouser un Millionnaire, ou bien encore Sept Ans de Réflexion.
Avec les années 1960, la 20th Century Fox se lance dans des super-productions de plus en plus ambitieuses et onéreuses pour les finances du studio. Cette décennie verra ainsi l’arrivée, sur les écrans, du film de guerre le plus impressionnant sur la seconde guerre mondiale, Le Jour le Plus Long, du film le plus cher de l’histoire du cinéma à l’époque, avec Cléopâtre, porté par la nouvelle reine du box office Elizabeth Taylor, du film qui sera l’un des plus gros succès du cinéma encore à ce jour, la Mélodie du Bonheur avec Julie Andrews, ou bien encore d’un des premiers films de science-fiction qui marquera l’histoire du cinéma moderne, La Planète des Singes, avec Charlton Heston.
Enfin, les années 1960 marquent le début du développement de 20th Century Fox Television, la filiale du studio en charge de la production de séries et de téléfilms pour les trois grandes chaînes nationales américaines de l’époque. On lui doit notamment à cette époque les séries Perdus dans l’Espace, Le Frelon Vert, ou bien encore la série live-action Batman.
Mais la fin de cette décennie est marquée par une suite de déconvenues au box-office, qui pousse les actionnaires du studio à remanier l’équipe dirigeante, qui reste quasiment inchangée depuis la fusion de la Fox et de Twentieth Century, il y a de cela 35 ans.
Les années 1970 se passent sous de bons auspices pour le studio et sa nouvelle direction. La première moitié de cette décennie, ce sont les films catastrophes qui ont les faveurs du public, et la 20th Century Fox n’échappe pas au phénomène, en produisant notamment l’Aventure du Poséidon, ainsi que le nouveau film le plus cher de l’histoire du cinéma à l’époque, La Tour Infernale (co-produit avec le concurrent Warner Bros., tellement le coût du film était important). Sur la seconde moitié des années 70, ce sont les films d’horreur qui ont la côte. Le studio dégaine alors avec La Malédiction et ses suites, ainsi qu’Alien de Ridley Scott. Durant cette décennie, le studio n’en oublie pas moins les styles qui ont fait son succès, les films musicaux et les adaptations biographiques, avec notamment le Rocky Horror Picture Show d’un côté, et French Connection de l’autre, premier film à être classé R (interdit aux moins de 17 ans) aux États-Unis. Mais le gros succès de la 20th Century Fox reste bien entendu la saga Star Wars de George Lucas, dont les trois premiers films sortent à la fin de cette période, et deviennent des succès mondiaux (bien que le studio n’ait produit que le premier film, les suivants l’étant directement par Lucas via sa société Lucasfilm).
Côté télévision, le groupe surfe sur ses succès au box-office et les adapte en séries. Ce sera ainsi le cas de MASH, ou bien de La Planète des Singes. Mais ce sont surtout les téléfilms qui marqueront cette décennie pour la filiale 20th Century Fox Television, avec notamment The Swiss Family Robinson (et sa déclinaison en série) pour ABC, nouvelle adaptation du Robinson Suisse, que les Walt Disney Studios avaient notamment déjà porté sur grand écran en 1960, avec Les Robinson des mers du Sud.
Les succès du studio aiguisent les appétits de nouveaux investisseurs, Marc Rich et Marvin Davis, qui prennent son contrôle à parts égales (37,5 % chacun) en 1981, avec l’aide de la toute jeune News Corporation, le groupe de presse de l’australien Rupert Murdoch, qui entre alors au capital du studio à hauteur de 25 %.
L’intégration au groupe News Corporation
Malheureusement pour le studio, ces nouveaux actionnaires majoritaires n’étaient pas aussi impliqués et propres que les précédents. Ainsi, en 1984, Marc Rich ayant fui les Etats-Unis pour avoir escroqué le fisc et pactisé avec l’Iran, ses parts dans la 20th Century Fox sont revendues à l’actionnaire minoritaire News Corporation. À peine quelques mois plus tard, Marvin Davis revend également ses parts à News Corporation ; la 20th Century Fox n’est plus un studio indépendant, mais bien la propriété intégrale, et l’une des composantes majeures d’un grand conglomérat de média. Pour que l’opération aboutisse, Murdoch devient donc citoyen américain, et déplace le siège social de son entreprise, d’Adelaïde à New-York.
Pour redresser la situation financière délicate de la 20th Century Fox, le mania des médias fait appel à Barry Diller, alors président de la Paramount et grand artisan du sauvetage, dans les années 1970, de cet autre studio mythique. Le projet de Diller est simple : pour que le studio soit rentable, il faut diversifier la production, et passer par la création d’une chaîne de télévision avec publicité, qui diffuserait ainsi les contenus du studio… Et cela tombe bien, le réseau MetroMedia est à vendre. L’ensemble des opérations de rachat de la 20th Century Fox et de MetroMedia par News Corporation est finalisé entre 1985 et 1986, et cette même année voit la naissance du quatrième réseau national de télévision aux Etats-Unis, avec Fox Broadcasting Company, plus communément appelée FOX.
Après ces grandes manœuvres, les années 1980 et 1990 seront marquées par un retour en grâce de la 20th Century Fox au cinéma, et cela en produisant des films tous dans des styles très différents les uns des autres, mais qui trouvèrent leur public. Cocoon, A la poursuite du Diamant Vert, Highlander, Piège de Cristal, Maman j’ai Raté l’Avion, Predator, Hot Shots !, Speed, Independence Day, ou bien encore le Docteur Dolittle ne sont que quelques exemples de premiers films de nouvelles franchises qui voient le jour durant ces deux décennies, sans compter la poursuite de la saga Alien. Et ces franchises ne sont que la face immergée de l’iceberg de puissance que redevient la 20th Century Fox, qui nous offre également, à cette époque, des films allant de Wall Street à Legend (l’un des premiers grands rôles de Tom Cruise au cinéma), en passant par Abyss, Point Break, Madame Doubtfire, Edward aux Mains d’Argent, Roméo+Juliette, Volcano, Mary à tout Prix, ou bien encore les dessins animés Richard au Pays des Livres Magiques, et Anastasia.
Avec la vague du cinéma d’auteur des années 1990, le studio crée en 1994 son propre label, Fox Searchlight Pictures, qui offrira au public The Full Monty (l’un des premiers films de Robert Carlyle, le terrible Rumplestiltskin de la série d’ABC Once Upon A Time). En 1997, le groupe acquiert une petite entreprise spécialisée dans les effets spéciaux, Blue Sky Studios, afin de la faire travailler sur ces grosses productions, notamment le dernier volet de la saga Alien, ou bien encore Fight Club. Mais c’est encore une fois l’un des films les plus chers de l’histoire du cinéma, et ayant une nouvelle fois demandé une co-production (avec la Paramount cette fois), qui assurera à la 20th Century Fox, l’hégémonie sur le box-office mondial, avec le Titanic de James Cameron, nouveau plus gros succès de l’histoire du cinéma à l’époque.
Mais c’est essentiellement à la télévision que la croissance du groupe News Corporation est la plus impressionnante, et 20th Century Fox Television se met à produire quasi-exclusivement pour la chaîne FOX, puis pour ses petites sœurs. Les années 1980, mais surtout les années 1990, seront ainsi riches pour le monde de la série télé, car la FOX bouscule les codes avec des séries beaucoup plus modernes que les traditionnelles séries policières ou comiques-familiales, dont sont abreuvés les foyers américains par les trois grandes chaînes historiques. 20th Century Fox Television va donc créer pour sa société sœur, les séries Mariés Deux Enfants, 21 Jump Street (qui révèlera Johnny Deep), The Simpsons, Les Dessous de Palm Beach, X-Files, Le Caméléon, Ally McBeal, Dharma & Greg, Buffy Contre les Vampires (adaptée d’un film du studio du début des années 1990), The Practice, That ’70s Show, Roswell, Les Griffin, ou bien encore Futurama.
Le groupe se lance également dans la production d’émissions TV, dont la plus célèbre, COPS, est l’ancêtre de ce qui deviendra la télé réalité dans la décennie suivante. En moins de quinze ans, l’explosion de la chaîne FOX est telle, qu’elle en vient à concurrencer réellement ABC, NBC, et CBS sur les audiences. Outre la qualité des programmes, c’est l’augmentation des fréquences hertziennes détenues par la Fox Broadcasting Company, notamment par l’affiliation de nombreuses chaînes locales au réseau FOX dans les années 1990, et l’acquisition d’importants droits sportifs (notamment sur les puissants matchs de football américain) qui permettent à la chaîne de réussir un tel exploit.
Avec la croissance fulgurante de la télévision par câble et satellite, News Corporation se lance dans la création de plusieurs nouvelles chaînes thématiques durant les années 1990. La première de celles-ci est Fox Kids, devenue aujourd’hui Disney XD. Conçue initialement comme une plage horaire jeunesse des chaînes affiliées au réseau FOX, et diffusant des programmes Disney, dont la première version de la série La Bande à Picsou, Fox Kids devient une chaîne à part entière en 1990, suite à la rupture du contrat entre la FOX et la Walt Disney Company, afin de venir concurrencer la toute jeune Disney Channel. La chaîne diffuse alors des productions de Warner Bros, et notamment Les Animaniacs et la série Batman des années 1990. Mais, suite à la création de The WB Television Network en 1995, Fox Kids perd une nouvelle fois une grande partie de ses contenus. La chaîne s’allie alors avec Saban Entertainement, et récupère les droits sur de nombreuses productions animées japonaises, alors très populaires, ainsi que sur la franchise Power Rangers, dont la 20th Century Fox produira plusieurs films dans cette décennie.
1994 voit l’arrivée de la petite sœur de la FOX sur la câble, FX. Depuis son origine, la chaîne diffuse des émissions en direct depuis New-York, ainsi que des grands classiques de la 20th Century Fox. Malheureusement, la formule ne prend pas, et en 1997, la programmation est totalement remaniée. FX devient alors une sorte de « replay » de la FOX, en rediffusant les séries qui ont fait le succès de sa grande sœur nationale, et en retransmettant des événements sportifs, comme du base-ball ou de la NASCAR.
Avec ces succès dans l’acquisition de droits sportifs, News Corporation lance alors plusieurs chaînes de sport au niveau local. Le réseau FOX Sports Networks (FSN), voit ainsi le jour en 1996, à partir du réseau Prime Network, racheté au groupe Turner Broadcasting System (la maison-mère des chaînes TCM, CNN, et Cartoon Network, aujourd’hui filiale du groupe Time Warner), et se compose d’une vingtaine de chaînes de sport local aux Etats-Unis. Là aussi, le succès est rapidement au rendez-vous, la croissance des parts de marché du sport à la télévision étant exponentielle depuis le milieu des années 1990.
Cette même année, News Corporation décide de se lancer sur le créneau de la chaîne d’information en continue, avec la sulfureuse FOX News. Flairant une absence de représentation télévisuelle pour un média conservateur, il est décidé que la chaîne sera donc principalement orientée vers la population la plus sensible aux idées Républicaines. Et c’est un succès, puisqu’en se plaçant comme la seule chaîne d’information conservatrice américaine, FOX News arrive rapidement à faire de l’ombre à ses concurrentes CNN et MSNBC, plus libérales.
En 1997, News Corporation lance sa chaîne la plus premium, avec National Geographic Channel. Le groupe profite ainsi du fait d’être l’éditeur du très prestigieux magazine scientifique National Geographic, pour en proposer une déclinaison télévisuelle, et ainsi partir en concurrence directe avec Discovery Channel et History Channel, alors seules chaînes de télévision présentes sur le créneau des chaînes documentaires et éducatives. Grâce à l’aura du nom Nat Geo, et à la qualité de ses programmes, la petite nouvelle ne tarde pas à se faire un nom et à venir concurrencer ses aînées.
Toujours cette année-là, News Corporation rachète Family Channel au groupe de chaînes évangéliques CBN, et la renomme Fox Family. Pour une meilleure synergie de groupe, il est décidé de regrouper Fox Family et Fox Kids sous un même toit, Fox Family Worldwide, filiale de la FOX.
En parallèle, le groupe de Rupert Murdoch entame également une expansion de son réseau télévisuel à l’international, notamment en entrant au capital du réseau britannique Sky (l’équivalent du Groupe Canal + au Royaume-Uni, en Italie, et en Allemagne), et en créant STAR (Satellite Television Asia Region), équivalent de la 20th Century Fox et de ses nouvelles filiales TV, mais centrée sur le marché asiatique. La Walt Disney Company participe d’ailleurs partiellement à cette aventure, via la création d’une chaîne de sport commune, ESPN STAR Sports.
Avec les années 2000, News Corporation renforce son leadership au cinéma et à la télévision. Côté 20th Century Fox, le studio est l’un des premiers à explorer, avec succès, un nouveau genre de film, le film de super-héros. Si le cinéma avait déjà connu des adaptations de Batman et Superman, ce sont cette fois les héros de Marvel qui seront à l’honneur. En effet, en grandes difficultés financières à la fin des années 1990, la maison des idées avait vendu les droits d’adaptation d’un certain nombre de ces personnages à la Fox. C’est notamment le cas des X-Men, qui seront les premiers à ouvrir le bal en 2000. Suivront, avec plus ou moins de succès, Les 4 Fantastiques, Dardevil, ou bien encore Elektra.
Si les comédies musicales se font rares dans les années 2000 (seul Moulin Rouge sera produit sur cette période par le studio), les comédies, elles, sont légions, avec notamment l’explosion de trois franchises : Big Mamma, Treize à la Douzaine, et La Nuit au Musée. En parallèle, le studio continue de produire régulièrement des blockbusters comme Minority Report, I Robot, et des films-catastrophes, avec notamment le remake du Jour où la Terre s’Arrêta, Phénomènes, ou bien encore Le Jour d’Après, premier blockbuster faisant écho à la problématique du réchauffement climatique. Mais c’est avec Avatar, signé une nouvelle fois du maître James Cameron, que le groupe explose une nouvelle fois le box-office mondial, en battant 10 ans plus tard, son propre record. Avec ce film, la 20th Century Fox se place comme pionnière de la nouvelle ère du cinéma en 3D qui s’ouvre alors.
L’argent ne faisant pas tout, c’est la filiale Fox Searchlight Pictures qui se charge de produire les films qui rapporteront des récompenses et du prestige au studio. Et sur ce point, les années 2000 seront particulièrement prolifiques, avec des films comme Little Miss Sunshine, Juno, ou bien encore Slumdog Millionnaire.
Enfin, cette décennie de succès sera aussi marquée par l’émergence de Blue Sky Studios. Devant les succès rencontrés par Pixar et Dreamworks sur les films d’animation, la Fox veut aussi sa part du gâteau. Ainsi, au début du troisième millénaire, il est décidé de réorienter l’activité de Blue Sky vers la production de films d’animation. C’est ainsi que verra le jour une nouvelle franchise bien lucrative, L’Âge de Glace.
Côté télévision, le début de la décennie est marqué principalement par la vente de la filiale Fox Family Worlwide (et des chaînes Fox Family et Fox Kids) à… la Walt Disney Company. Tandis que Fox News devient la première chaîne d’information américaine sous la présidence de George W. Bush, la chaîne mère FOX prend la place de leader des chaînes nationales, notamment grâce à des émissions de télé réalité comme The Simple Life (avec Paris Hilton et Nicole Ritchie), et avec le télé-crochet American Idol (La Nouvelle Star en France).
Côté séries, la FOX et sa petite sœur FX profitent d’une nouvelle vague de productions-maison du studio. Les chaînes du groupe, mais également des réseaux concurrents, vont ainsi diffuser durant cette période, les succès Malcom, 24, The Shield, Earl, Nip/Tuck, American Dad, Bones, How I Met Your Mother, Prison Break, The Unit, Burn Notice, Sons of Anarchy, Modern Family, ou bien encore Glee. Côté programmation sportive, le réseau FOX muscle également son jeu, en arrivant à récupérer une partie des droits de la puissante NFL, la ligue de football américain, dont notamment le Superbowl, ainsi que les droits sur plusieurs sports automobiles.
Avec la montée d’Internet, l’explosion du téléchargement illégal et le début des nouveaux modes de diffusion (représentés notamment par Netflix qui commence à monter en puissance), News Corporation rejoint l’aventure Hulu, service de Vidéo à la Demande, et entreprise en joint venture réunissant les grands studios d’Hollywood. Enfin, à l’international, la décennie est marquée par la montée en puissance des réseaux Sky et STAR. Le groupe de Rupport Murdoch se prépare même à racheter intégralement le premier. Plus rien ne semble arrêter News Corporation dans son ascension vers la domination de l’univers du divertissement de masse au niveau mondial.
Mais malheureusement pour l’histoire du studio 20th Century Fox et ses nouvelles filiales, le tournant des années 2010 sera le début d’un lent déclin, involontairement provoqué par les déboires de sa maison-mère, News Corporation. En effet, entre 2010 et 2012, le scandale « News of the World » éclate au grand jour au Royaume-Uni. News of the World était le plus puissant et plus ancien tabloïd anglais encore en activité. Comme de nombreux titres de presse (The Sun, The Times, The Wall Street journal, The New York Post, etc), il s’agissait d’un des journaux détenus par News Corporation. Or, en 2010, le tabloïd est impliqué dans un scandale politico-médiatique d’écoutes illégales de personnalités, dont la famille royale britannique. De nombreux responsables de l’administration britannique sont contraints à la démission par cette affaire, et les responsables de News of the World condamnés à des peines de prison. L’émotion suscitée par cette affaire outre-Manche, a même contraint Rupert Murdoch, également sujet de sa Majestée du fait de sa nationalité australienne, à s’expliquer devant une commission spéciale du Parlement britannique. Les conséquences de l’affaire sont telles, que devant la pression populaire, News Corporation renonce même à racheter l’intégralité du réseau Sky.
Le mal étant fait, News Corporation et son fondateur devaient disparaître, pour que ces filiales, toutes entachées par le scandale, puissent rebondir. En 2013, le groupe est alors scindé en deux entités : d’un côté News Corp, héritière directe de l’ancienne News Corporation et regroupant la majeure partie des titres de presse encore détenus par la famille Murdoch ; et de l’autre, 21st Century Fox, maison-mère de toutes les activités média de masse développées depuis le rachat de la 20th Century Fox dans les années 1980, aussi bien côté production, que diffusion de contenus. Pour parachever le tout, Rupert Murdoch commence à se retirer des affaires, au profit de ses enfants. S’il reste le coprésident du conseil d’administration de News Corp et de 21st Century Dox au côté de son fils Lachlan, il cède totalement la direction générale de cette dernière à son autre fils, James.
Deux ans avant la scission du groupe, celle qui est aujourd’hui la 21st Century Fox avait acquis la société de production d’émissions télé Shine. Cofondée en 2001 par Elisabeth Murdoch, la fille de Rupport Murdoch, Shine est rapidement devenu un gros producteur international d’émissions à succès, notamment avec les formats Masterchef, The Voice, The Island, ou Super Nanny. Avec la consolidation de la production TV du milieu des années 2010, Shine fusionne avec son grand rival, Endemol (créateur des formats Loft Story, La Ferme Célébrité, Patron Incognito, Star Acadamy, etc. et propriétaire du concours Miss France), pour donner naissance, fin 2014, au plus gros producteur de flux télévisé au monde, EndemolShine Group, dont la 21st Century Fox possède la moitié du capital.
Cette même année 2014, le groupe revend à sa filiale Sky (qu’elle détient toujours à presque 40 %), l’intégralité des participations de la Fox dans les réseaux Sky Italia et Sky Deutschland. Mais deux ans plus tard, la 21st Century Fox revient à la charge, et lance une nouvelle OPA sur le groupe Sky, après la tentative avortée quelques années plus tôt, suite au scandale « News of the World ». Et cette fois semble être la bonne, les autorités britanniques ayant donné un premier accord sur cette opération courant 2017, même si des recours contre ce rachat restent encore à purger dans les mois à venir, et malgré un avis mitigé de l’autorité de la concurrence anglaise (le scandale autour de la famille Murdoch ayant toujours du mal à passer). Toutefois, la nouvelle situation induite par la proposition de rachat de 21st Century Fox par la Walt Disney Company pourrait changer la donne dans cette affaire.
Côté cinéma, la première moitié des années 2010 n’est pas spécialement marquée par une forte proportion de nouveautés pour le studio. Celui-ci se repose beaucoup sur ses lucratives franchises, et en relance même des anciennes, comme La Planète des Singes, ou tente de relancer des franchises de studios concurrents, comme avec le troisième volet du Monde de Narnia, récupéré auprès de Disney. C’est essentiellement la filiale Seachlight Pictures qui tire son épingle du jeu, avec de nombreux films une nouvelle fois récompensés, comme 127 heures, Black Swan, Twelve Years a Slave, ou bien encore The Grand Budapest Hotel ; tandis que Blue Sky arrive enfin à trouver un successeur à l’Âge de Glace, avec la nouvelle franchise Rio. Cependant, la situation des productions cinéma du studio-mère, 20th Century Fox, semble s’améliorer ces dernières années, avec un retour au succès pour de nouvelles productions et franchises, comme Kingsman, Seul sur Mars, The Revenant, Le Crime de l’Orient Express, ou bien avec les dernières adaptations de l’univers X-Men, comme Deadpool ou Logan.
À la télévision, la situation n’est pas forcément meilleure pour les chaînes du réseau FOX. La chaîne-mère perd le leadership au profit de CBS. La perte d’une partie des droits sportifs, conséquence indirecte du scandale « News of the World », oblige le groupe à revoir complètement son offre de chaînes sportives câblées, avec la réorientation de deux chaînes en généralistes sportives, Fox Sports 1 et 2. Et les séries, lancées avec succès dans les années 2000, connaissent un essoufflement notable, sans nouveau contenu majeur venant les remplacer derrière, à l’exception des séries Empire et Sleepy Hallow pour la FOX, ainsi qu’American Horror Story, American Crime Story, Fargo, et Legion, toutes dévolues à la petite sœur FX. Seules Fox News et National Geographic semblent éviter le trou d’air télévisuel, même si la chaîne d’info du groupe perd elle aussi en puissance, malgré le fait qu’elle conserve sa place de leader.