Mercredi 1er juin sortait sur nos écrans de cinéma le nouveau film de Walt Disney Picture, Alice de l’Autre Côté du Miroir, suite directe du succès de 2010 de Disney, Alice au Pays des Merveilles, réalisé par Tim Burton. Si le célèbre réalisateur à l’univers particulier cède son fauteuil de metteur en scène pour ce nouvel opus, il conserve toutefois la casquette de producteur. Mais que vaut donc cette suite inspirée de la suite éponyme écrite par Lewis Carroll ? La Gazette Disney vous livre son avis sur le film et vous invite à retourner au Pays des Merveilles en passant à travers le Miroir.
Mais avant de parler de cette suite, petit retour en arrière et petit rappel sur la première aventure live de la jeune Alice Kingsleigh. Après un premier voyage au Pays des Merveilles alors qu’elle était encore une enfant, Alice se retrouve une nouvelle fois attirée par le mystérieux lapin blanc, alors qu’elle se trouvait à une réception où Hamish Ascot, jeune noble arrogant et fils de l’ancien associé de son père, l’a demandée en mariage.
De retour dans le monde fabuleux de son enfance, Alice découvre que celui-ci a bien changé et est devenu plus sombre depuis qu’Iracebeth, la terrible Reine Rouge de Cœur, a complètement pris le pouvoir avec l’aide d’Ilosovic Stayne, le Valet de Cœur, et surtout d’une terrible créature, le Jabberwocky.
Cependant, une prophétie du Pays des Merveilles annonce l’arrivée prochaine du Jour Frabieux, qui verra la chute de la tyrannique Reine Rouge, et la mort du Jabberwocky, tué de la main d’Alice. Pour l’aider dans sa quête, Alice pourra compter sur l’appui de ses anciens amis du Pays des Merveilles, et notamment celui de Tarrant Hightopp, alias le Chapelier Fou, ainsi que celui de Mirana, la douce Reine Blanche, et sœur d’Iracebeth. Lors de la bataille finale entre les cartes à jouer et les pièces d’échec, la prophétie est accomplie, et le Pays des Merveilles est libéré.
Après sa victoire, Alice regagne le monde réel en ayant mûri, refuse la demande en mariage d’Hamish, et décide de partir faire le tour du monde en succédant à son père au commandement de son bateau.
En 2010, Alice au Pays des Merveilles réalise l’une des meilleures performances de l’année. Le film se classe second au box office mondial annuel (derrière Toy Story 3), avec plus d’un milliard de dollars de recettes. Devant un tel succès, la tentation était grande pour Disney de lancer une suite. Mais l’attente sera longue. En effet, Tim Burton décide de se désengager de la réalisation du projet, mais conserve toutefois le siège de producteur du film. Il faudra donc attendre trois ans pour que la nouvelle équipe de production se mette en place, et trois années de plus pour que « De l’Autre Côté du Miroir », qui s’inspire pour partie du livre de Lewis Carroll narrant la suite des aventures d’Alice, voit enfin le jour.
A l’instar de son père, Alice Kingsleigh a sillonné mers et océans durant des années avant de regagner l’Angleterre. De retour à Londres, poursuivant un papillon, elle passe à travers un miroir magique qui la ramène tout droit au royaume fantastique du Pays des Merveilles. Là-bas, elle retrouve ses amis le Lapin Blanc, Absolem, le Chat du Cheshire et le Chapelier Fou. Mais celui-ci n’est plus que l’ombre de lui-même : il a perdu sa fantaisie et sa folie. Face à cette situation, Mirana, la Reine Blanche, confie à Alice une mission : emprunter la Chronosphère – un globe de métal situé à l’intérieur de la Grande Horloge du temps – afin de remonter dans le passé. Pour la jeune fille, cela sous-entend retrouver des amis – et des ennemis – à des moments antérieurs de leur vie. Ce n’est qu’au prix de cette quête périlleuse, de cette course contre le Temps en personne, qu’Alice pourra sauver le Chapelier avant qu’il ne soit trop tard…
C’est à Linda Woolverton (La Belle & la Bête, Le Roi Lion,Maléfique), la scénariste du premier opus live d’Alice, que l’on doit donc le script d’Alice de l’Autre Côté du Miroir. Celui-ci s’inspire de façon large du second livre écrit par Lewis Carroll, notamment via une large utilisation des jeux de mots, qui sont la marque de fabrique de l’auteur.
Toutefois, une large part d’inédit a été introduite dans le récit, notamment avec l’intrigue principale du film qui tourne autour d’un voyage dans le temps pour sauver le Chapelier Fou. Et petit miracle, le film arrive à ne pas se prendre les pieds dans les paradoxes temporels, en appliquant à la lettre la vision du voyage dans le temps imaginée par H.G.Wells, l’auteur de La Machine à Explorer le temps, l’un des contemporains du créateur d’Alice.
Passons à présent aux personnages du film, et en premier lieu, l’héroïne principale du film, Alice Kingsleigh, toujours interprétée par la ravissante Mia Wasikowska. C’est une Alice plus mûre que nous retrouvons ici, renforcée par son voyage de 4 années autour du monde. Mais plus mûre ne signifie pas que notre héroïne a perdu de sa « plusoyance », bien au contraire, puisqu’elle est toujours prête à porter secours à ses amis du Pays Imaginaire, et à défier l’ordre victorien établi dans le monde réel. Cette aventure sera l’occasion pour notre héroïne d’acquérir de la sagesse et du recul par rapport à son état d’esprit enfantin du tout premier film.
Face à Alice, nous retrouvons le principal antagoniste du film, le Temps. C’est Sacha Baron Cohen qui joue à merveille ce personnage atypique, qui peut être à la fois drôle et à la fois très sérieux. Car le Temps, bien plus qu’un concept, est avant-tout une personne, qui contrôle la vie et la mort de chacun des habitants du Pays des Merveilles. Ami ou ennemi, difficile d’en dire plus sans en dévoiler plus sur l’intrigue du film. Cependant, comme tout un chacun, le Temps a une faiblesse (outre son amour pour la Reine Rouge), puisqu’il est soumis au pouvoir de la Chronosphère, l’artefact qui contrôle la Grande Horloge du Temps, mais qui permettrait également de sauver le Chapelier.
En parlant du Chapelier Fou, alias Tarrant Hightopp, dont Johnny Depp a repris le rôle, celui-ci est moins présent dans le film, même si une grande partie de la promotion du film tourne autour de lui, et que l’intrigue principale concerne son personne (« Il faut sauver le Chapelier »). Nous découvrons cependant une autre facette du personnage, plus sombre, plus triste, en raison de la disparition tragique de sa famille, et plus particulièrement celle de son père, Zanik Hightopp (joué par Rhys Ifans), le Chapelier officiel de la cour royale du Pays des Merveilles. Le voyage d’Alice à travers l’Océan du Temps nous permet ainsi de mieux comprendre toute la folie qui anime ce personnage haut en couleur.
Mais Alice n’est pas la seule à chercher à voyager dans le temps. C’est aussi le cas d’Iracebeth, alias la Reine Rouge, toujours interprétée par Helena Bonham Carter. Folle de jalousie après la victoire de sa sœur Mirana la Reine Blanche (Anne Hathaway), elle cherche à tout prix à se venger et à récupérer le contrôle du Pays des Merveilles, quitte à détruire le cours du temps et à séduire le Temps en personne pour obtenir la précieuse Chronosphère. Les voyages dans le passé seront ainsi l’occasion de découvrir pourquoi la Reine de Cœur est devenue aussi méchante, et surtout d’en apprendre plus sur le terrible secret que cache la Reine Blanche. Tout n’est pas forcément aussi manichéen que cela ne le paraît de prime abord.
Parmi les autres personnages du Pays des Merveilles, vous pourrez croiser à nouveau Mac Twist le Lapin Blanc (Michael Sheen), le Papillon Absolem (Alan Rickman, dont c’est ici le dernier rôle avant sa mort en janvier dernier), Chess le Chat de Cheshire (Stephen Fry), les jumeaux Tweedledee et Tweedledum (Matt Lucas), Bayard le chien de St-Hubert (Timothy Spall), ou bien encore les amis proches du Chapelier : Le Lièvre de Mars (Paul Whitehouse) et le Loir Mally Umkin (Barbara Windsor). Mais les deux nouveaux personnages secondaires marquants de cette suite sont très certainement les parents de Mirana et d’Iracebeth, le roi Oleron (Richard Armitage) et la reine Elsemere (Hattie Morahan), dont la lucidité d’esprit tranche très franchement avec le caractère excentrique des autres habitants de leur royaume.
Outre les personnages du Pays des Merveilles, nous retrouvons aussi une série d’anciens et de nouveaux visages du côté du monde réel. Alice retrouve donc sa mère, Helen Kingsley (Lindsay Duncan), dont la situation financière s’est dégradée depuis le départ de sa fille, en raison de la mort de Lord Ascot, associé d’affaire de notre héroïne, et père d’Hamish Ascot (Leo Bill), le prétendant qu’Alice avait éconduit à la fin du premier film, qui cherche ainsi à se venger de cette humiliation.
Hamish ira même jusqu’à faire interner Alice dans l’asile psychiatrique du Docteur Addison Bennet (Andrew Scott). Heureusement, elle pourra compter sur l’aide de James Harcourt (Edward Speleers), fidèle employé de son entreprise d’import/export.
A la réalisation de ce second volet, nous retrouvons le britannique James Bobin, à qui l’on doit notamment les films ayant signé le grand retour des Muppets au cinéma (Les Muppets – Le Retour, et Muppets Most Wanted). Si la réalisation n’est pas des plus avant-gardistes, Bobin fait plutôt bien le boulot et s’inspire très largement de l’univers mis en place par Tim Burton, assurant ainsi une bonne cohérence visuelle d’ensemble pour les deux films. Quelques trouvailles sont cependant à noter, comme la mise en œuvre de la Chronosphère, la machine qui fait fonctionner le Temps lui-même, qui fait là aussi furieusement penser à la Machine à Explorer le Temps de H.G. Wells.
Une impression crève l’écran : le rendu visuel de ce Alice de l’Autre Côté du Miroir est un véritable chef-d’œuvre, et ce pour beaucoup de raisons. La première est le développement de l’univers du Pays des Merveilles, véritable réussite dans ce second opus. Les paysages à l’herbe verdoyante et aux cerisiers fleuris contrastent avec le repère du Temps, très sombre et très mécanique. Toujours en restant dans le registre des contrastes : les deux faces du Miroir proposent deux visions très décalées, avec le Pays des Merveilles d’un côté, et le Londres du XIXème siècle de l’autre. Le film nous offre ainsi de nombreux moments de grâce, frôlant la perfection en alliant créativité et technique visuelle.
Comme évoqué plus haut, une autre raison de la réussite visuelle peut se résumer en un personnage : le Temps. Mais attardons-nous sur sa demeure : une forteresse implantée au milieu d’une gigantesque horloge, rien que ça ! Les équipes techniques ont tenu à soigner les moindres détails de ce personnage-clé du film. Le Temps est alors entouré de sbires robotiques, nommés les secondes, les minutes, ou encore les heures selon leur taille. Tous les aspects du concept du temps sont déclinés de façon à rendre le lieu attractif et surtout visuellement surprenant. À l’image du Château de la Reine Rouge dans Alice au Pays des Merveilles, le repère du Temps est le lieu principal, où vont se chasser-croiser tous les protagonistes du film.
Enfin, du côté de la musique, nous retrouvons Danny Elfman à la composition de la bande originale. L’artiste classique s’est inspiré largement de son propre travail sur le premier volet d’Alice, en nous proposant quelques remix bienvenus. Mais des nouveautés sont également à entendre, notamment en ce qui concerne les musiques tournant autour du Temps.
Et bien entendu, comme pour le premier film, Alice de l’Autre Côté du Miroir n’échappe pas à un générique de fin pop-rock. La chanteuse P!nk succède donc à Avril Lavigne, et interprète le titre Just Like Fire que nous vous proposons de découvrir ci-dessous.
En conclusion, Alice de l’Autre Côté du Miroir est une très bonne suite à Alice au Pays des Merveilles. En terme d’histoire, de personnes inédits, d’effets spéciaux et de musique, ce second volet est supérieur au film de Tim Burton, même si vous pourrez aisément sentir la pâte du maître sur le style propre au Pays des Merveilles. Le film mêle ainsi très habilement deux œuvres, De l’Autre Côté du Miroir et La Machine à Explorer le temps, sans en dénaturer l’une ou l’autre, mais plutôt en leur rendant hommage.
Si vous avez aimé le premier Alice, celui-ci vous plaira aussi très certainement. Et si vous n’avez pas trop aimé le premier, vous risquez d’être très surpris par celui-ci. Bonne séance.