Le 8 avril sort au cinéma le 6ème long métrage des aventures de la Fée Clochette, Clochette et la Créature Légendaire, produit par le petit frère des Walt Disney Animation Studios : Disney ToonStudio.
Si avec les quatre premiers films le thème central était une saison. Le printemps avec La Fée Clochette sorti en 2008, l’automne avec Clochette et la Pierre de Lune en 2009, l’été avec Clochette et l’Expédition Féérique l’année suivante et enfin l’hiver avec Clochette et le Secret des Fées en 2012. Clochette et la Fée Pirate sorti il y a tout juste un an, était le premier long métrage Clochette à traiter d’autre chose et à se focaliser sur une nouvelle fée qui devenait autant l’héroïne du film que Clochette : Zarina, liant par la même occasion les nouvelles aventures de Clochette avec la genèse du Pays Imaginaire tel qu’on le connaît dans Peter Pan en introduisant le jeune Capitaine Crochet. Qu’en est-il de ce nouvel opus, continue-t-il dans la même direction ?
Peu après le passage d’une étrange comète verte dans le ciel, la tranquillité de la Vallée des fées se voit troublée par un énorme rugissement que même Nyx, la fée éclaireuse en charge de la sécurité des lieux, n’est pas capable d’identifier. En bonne fée des animaux, Noa décide de pousser un peu plus loin l’enquête et découvre que ce cri provient d’une gigantesque créature blessée à la patte et cachée au fond d’une grotte. Malgré son allure effrayante, cet animal qui ne ressemble à aucun autre et qu’elle baptise bientôt « Grognon », cache un vrai cœur d’or. En l’apprivoisant un peu plus chaque jour, Noa remarque l’attitude étrange de Grognon : il n’a de cesse en effet d’empiler de grandes colonnes de pierre dans chacun des endroits de la Vallée des fées où se prépare le passage des saisons. Intriguée, elle le laisse pourtant faire et tente de démontrer à Clochette et ses amies – mais aussi à Nyx et à l’ensemble des fées éclaireuses qui veulent le capturer avant qu’il ne détruise tout sur son passage -, que son nouvel ami vaut bien plus que l’aspect terrifiant qu’il inspire au premier abord… Qui sait d’ailleurs si cette créature ne pourrait pas être celle dont parle une vieille légende, celle-là même qui sauverait la Vallée d’un orage capable de la réduire à néant ?
Après Peggy Holmes qui s’est occupée de la réalisation des deux précédents films, c’est Steve Loter qui s’y colle cette fois ci. Il a déjà participé à la production et la réalisation de plusieurs séries animées Disney comme Kim Possible, Tarzan ou Les aventures de Buzz l’éclair. Du côté du scénario, il est co-écrit par Tom Rogers qui avait déjà travaillé sur Le Secret des Fées et quelques suites Disney telles que Cendrillon 2, Le Roi Lion 3.., il a été aidé ici par Bob Schooley et Mark McCorkle qui ont travaillé aussi sur de nombreuses suites, mais aussi par Kate Kondell qui avait elle travaillé précédemment sur Clochette et la Fée Pirate.
Comme déjà initié dans le précédent épisode, Clochette n’est plus vraiment la seule héroïne du film. Mais si dans Clochette et la Fée Pirate ce n’était pas dérangeant dans le sens où on la voyait une grande majorité du film, ici cela pose plus problème dans le sens où c’est vraiment Noa l’héroïne et que Clochette est reléguée en personnage secondaire que l’on ne voit même pas durant tout le film. C’est tout de même problématique lorsque l’on a pour titre Clochette et la Créature Légendaire. On s’attend forcément à la voir régulièrement. Or ici il aurait plutôt fallu appeler le film Noa et la Créature Légendaire.
De plus, on ne peut s’empêcher d’avoir une impression de déjà vu quand on regarde Clochette et la Créature Légendaire. En effet, le spectateur si il est habitué aux films d’animation ne pourra manquer certaines ressemblances avec le film du concurrent Dreamworks : Dragons. On retrouve des deux côtés deux personnages qui enfreignent les règles en étudiant une créature jugée dangereuse. Et lorsque Noa observe et étudie Grognon on ne peut que noter la ressemblance de cette fameuse scène où Harold observe Krokmou et le dessine pour son manuel sur les dragons avant de finir par être accepté par ce dernier tout comme Noa le sera avec Grognon, la créature légendaire.
Si nous continuons avec les ressemblances de cet opus avec d’autres films, certains auront peut-être remarqué la similitude physique entre Grognon et le Bandersnatch, créature mystérieuse que l’on retrouve dans le film Alice au Pays des Merveilles de Tim Burton.
A côté de ça on notera comme presque à chaque fois des incohérences avec les précédents films. En effet, dans le Secret des Fées on apprend que nos amies ailées des saisons chaudes ne peuvent se rendre dans le Pays de l’hiver où vivent les fées de l’hiver, dont Cristal, la sœur jumelle de Clochette, sous peine de voir leurs ailes se briser.
Ici, Cochette se rend un moment dans la zone hivernale du Pays Imaginaire sans sembler en souffrir… C’est bien dommage de faire fi des règles établies dans les précédents films, cela enlève de la cohérence et de la crédibilité à la saga et à l’équipe qui chapeaute le tout.
Hormis cela on a plaisir à retrouver les fées que l’on connait, même si elles ne font que pour la plupart acte de présence, Noa étant la véritable héroïne du film. C’est assez mérité, parce que Noa par son caractère jovial, drôle et mignon est la plus à même après Clochette de capter l’intérêt des enfants. Toutefois il reste quand même dommage d’avoir relégué Clochette en second voire troisième plan, tout comme certaines fées que l’on voyait dans les précédents films et qui sont ici aux abonnés absents, comme Terence, l’homme-hirondelle gardien de poussière de fée, Cristal la jolie fée de l’hiver, ou encore Zarina, nouvelle arrivée de l’épisode précédent. La production semble avoir envie d’ajouter un nouveau personnage à chaque nouvel épisode, pour ne plus l’utiliser ensuite.
Ici nous faisons la connaissance de Nyx, une fée éclaireuse que l’on avait pas encore rencontré jusqu’à présent. Nyx est une fée guerrière dans l’âme et qui prend son travail de protectrice des fées très au sérieux. Elle est assez intraitable et n’est pas du genre à discuter les ordres ou donner de deuxième chance, contrairement à Noa qui a tendance à voir le beau et le bon en chaque créature. Comme pour Clochette c’est une chanteuse qui a été choisie pour la doubler, c’est ainsi qu’Alizée qui prête sa voix à ce nouveau personnage. Et ce qu’on peut dire c’est qu’elle incarne parfaitement l’antipathie du personnage tant sa voix ne dégage aucune émotion… Grognon quant à lui, sous ses airs revêches et taciturnes se dévoile être une créature toute mignonne comme les animateurs de la saga savent le faire.
Du côté de la musique on retrouve encore une fois avec un immense plaisir Joël McNeely (tous les films de la saga Clochette, et Disney Dreams !) qui accompagne le film de notes celtiques comme pour les précédents opus. Si les musiques restent un peu moins en tête que pour les premiers films, cela reste toujours agréable et accompagne joliment le film. Cette fois-ci il a été aidé par l’auteur-compositeur-interprète Bleu, pour la partie musicale, mais également pour les quelques chansons du film.
Vous l’aurez compris Clochette et la Créature Légendaire sans être un chef d’œuvre, reste comme ses prédécesseurs un petit film adorable qui ravira le cœur de cible, c’est-à-dire les petites filles. Petits et grands craqueront devant l’amitié étrange mais touchante entre Noa et l’attachant Grognon. On peut néanmoins reprocher à DisneyToon Studio de privilégier la vente de produits dérivés autour du film plutôt que de construire une saga crédible et cohérente. C’est fort dommage puisque c’est un univers riche qui permet beaucoup de liberté et créativité. Les bruits courent que c’est le dernier film de la saga, espérons que ce ne soit pas le cas et qu’un 7ème long-métrage viendra clore la saga en bonne et due forme pour que la boucle soit bouclée avec Peter Pan, le classique dont cette saga est en quelque sorte le spin-off.