Après la seconde suite de Cars en août dernier, les studios Pixar reviennent déjà en cette fin d’année 2017 pour nous proposer un film original, Coco. Premier grand film musical du studio à la lampe, Coco compte les aventures de Miguel, jeune musicien incompris par sa famille vivante, et qui se retrouve par inadvertance dans le Monde des Ancêtres, auprès de sa famille disparue, afin de percer le grand secret entourant les Rivera : Pourquoi la musique est-elle bannie dans la famille ? Musique, vol, meurtre, trahison et rancœur sont au centre de l’intrigue de Coco. On vous en dit un peu plus sur ce film qui risque fort de vous faire verser beaucoup de larmes.
C’est en avril 2012 que John Lasseter, directeur de la branche animation chez Disney, annonce la mise en chantier du projet Dia de Los Muertos, un nouveau film de Pixar, ayant pour thème la traditionnelle fête des morts au Mexique, dont la réalisation a été confiée à Lee Unkrich (coréalisateur du Monde de Némo et des Indestructibles, réalisateur de Toy Story 3). Il faut cependant attendre 2015 pour voir le projet revenir sur le devant de la scène lors de l’Expo D23, avec un nom officiel : Coco.
Mais à ce moment, l’histoire même du film est encore floue. Seul le thème initial reste connu, à savoir le fait que l’intrigue se déroule durant Dia de Los Muertos, et mettra en scène des vivants, des morts, et des créatures du folklore mexicain. Nous apprenons par la même occasion que la musique aura une place importante dans l’histoire de Coco… dont on ignore toujours de qui il s’agit. Pour faire de son idée initiale une histoire complète, et donner ainsi naissance à Miguel et toute sa famille, Lee Unkrich s’entoure de deux autres scénaristes, Adrian Molina (le court-métrage Party Central) et Matthew Aldrich (Cleaner).
Depuis déjà plusieurs générations, la musique est bannie dans la famille de Miguel. Un vrai déchirement pour le jeune garçon dont le rêve ultime est de devenir un musicien aussi accompli que son idole, Ernesto de la Cruz. Bien décidé à prouver son talent, Miguel, par un étrange concours de circonstances, se retrouve propulsé dans un endroit aussi étonnant que coloré : le monde des ancêtres, où il se lie d’amitié avec le sympathique arnaqueur Hector. Ensemble, ils vont accomplir un voyage extraordinaire qui leur révèlera la véritable histoire qui se cache derrière celle de la famille de Miguel…
Coco, c’est donc avant tout l’histoire de Miguel Rivera, un jeune Mexicain qui rêve de devenir non pas cordonnier comme le reste de famille, mais chanteur, comme son idole de toujours et ancienne célébrité locale, Ernesto de la Cruz. Bien qu’elle ait été bannie de la famille Rivera depuis des générations, Miguel est réellement passionné par la musique ; c’est d’ailleurs un véritable artiste, même s’il n’a jamais pu exprimer son talent devant les autres jusque-là. Et comme toute personne passionnée, il est donc prêt à tout, y compris à s’opposer aux membres de sa famille, aussi bien vivants que morts, pour pouvoir enfin faire ce qu’il aime et ainsi être vraiment lui-même.
Dans le monde des vivants, Miguel doit faire face à son père et à sa mère, ainsi qu’à ses cousins, oncles et tantes. Mais c’est avec Mamá Abuelita, sa grand-mère paternelle et matriarche de la famille Rivera, que les relations sont le plus tendues, notamment pour tout ce qui touche de près ou de loin au domaine musical. Seule Mamá Coco, l’arrière-grand-mère de Miguel, et celle qui donne son nom au film, semble comprendre l’attrait de son arrière-petit-fils pour la musique, elle qui est la dernière des Rivera encore vivante à avoir connu la musique et le pourquoi de son bannissement, puisque cela résulte du départ du père de Coco, ce dernier préférant vivre de la musique que de vivre en famille, à en croire la légende familiale.
C’est en tentant de prouver à ses proches vivants le pouvoir de la musique, que Miguel se retrouve par inadvertance dans le Monde des Ancêtres. Là-bas, sa famille morte, du grand-père aux grands-oncles et tantes, ne se montre pas plus compréhensive que la vivante vis-à-vis de cette passion honnie de tous. Il faut dire que chez les Ancêtres, c’est Mamá Imelda, l’arrière-arrière-grande-mère de Miguel (et mère de Coco), qui règne avec une poigne de fer sur la famille Rivera. Et comme c’est elle qui a banni la musique de la famille, suite au départ sans retour de son mari, elle se refuse donc à accorder sa bénédiction de retour dans le monde des vivants à Miguel sans contrepartie : qu’il arrête la musique pour toujours.
Ses Ancêtres refusant de lui accorder sa bénédiction sans contrepartie, Miguel décide alors de partir à la recherche du dernier membre de la famille qu’il ne connaît pas vraiment, son arrière-arrière-grand-père, le musicien qui a quitté Mamá Imelda. Et si celui-ci n’était autre que son idole de toujours, Ernesto de la Cruz ? Il faut dire que les deux partagent en commun l’amour de la musique, et tous les indices que Miguel a pu rassembler semblent mener vers lui. Après tout, Ernesto de la Cruz n’avait-il pas la même guitare que celle de l’homme au visage arraché présent sur la photo de famille avec Imelda ? Et c’est cette même guitare qui a conduit Miguel du monde des vivants vers le Monde des Ancêtres, le jour de Dia de Los Muertos.
Mais que ce soit de son vivant ou après sa mort , Ernesto de la Cruz reste une célébrité qu’il n’est pas facile d’approcher. Pour l’aider dans sa quête d’une bénédiction ancestrale, Miguel pourra donc compter sur l’aide précieuse d’Hector, un disparu vagabond, piégé dans le Monde des Ancêtres, car personne n’expose sa photo lors de Dia de Los Muertos. Entre les deux, le deal est simple : Hector, qui est une ancienne connaissance de De la Cruz, introduira Miguel auprès de celui-ci ; et de son côté, le jeune garçon exposera une photo d’Hector, dès qu’il sera revenu dans le monde des vivants, afin qu’il puisse venir sur terre voir sa fille le jour de Dia de Los Muertos.
Outre Hector, Miguel pourra, dans sa quête, compter sur l’aide de Dante, un chien errant qui est devenu son ami, et qui l’a mystérieusement suivi dans le Monde des Ancêtres. Peut-être parce que Dante n’est pas un chien comme les autres, mais un Alebrije, un esprit protecteur et guide des âmes dans le Monde des Ancêtres ; allez savoir.
Si la nature de Dante reste à déterminer, il n’en est pas de même pour Pepita, la grande Alebrije de la famille Rivera, qui donnera quelques difficultés à nos amis lors de leur fuite à travers la cité des morts. Il faut dire que Pepita est une gardienne familiale zélée, et que si elle ne retrouve pas Miguel à temps, avant la fin de Dia de Los Muertos, celui-ci sera piégé pour toujours dans le Monde des Ancêtres.
Après des années de développement, Lee Unkrich et Adrian Molina nous livrent donc avec Coco une fable sur la vie et sur la mort, mais surtout une histoire de rédemption et de pardon. Un pardon qui peut même intervenir bien après notre mort, et qui nous apprend que même après celle-ci, l’amour d’une seule personne peut suffire à maintenir en vie celui que vous avez été de votre vivant.
Visuellement, Coco est sublime, et arrive à magnifier et rendre un réel hommage à la culture mexicaine. Car plus que Dia de Los Muertos, c’est bien le Mexique qui est à l’honneur avec Coco, que ce soit par son style musical très hispanique, ou bien par des clins d’œil à des célébrités mexicaines disparues comme l’artiste-peintreFrida Kahlo.
Que ce soit en termes d’histoire ou de visuel, Coco ne souffre donc pas de réel défaut ; c’est quasiment un sans-faute.
Mais là où Coco se distingue le plus par rapport aux autres films de Pixar, c’est par sa musique. Il s’agit très certainement du film le plus musical et chantant du studio à la lampe, tant et si bien qu’il pourrait être facilement pris pour un film de Walt Disney Animation Studio. Mais cela à une différence près : contrairement à un Disney classique, les personnages de Coco ne chantent pas principalement pour exprimer leur sentiment, comme dans une comédie musicale traditionnelle, mais bien parce que la chanson fait partie de l’intrigue elle-même, et se justifie de par l’action qui se passe à l’écran.
Pour mener à bien cette tâche, c’est toute une équipe qui s’est occupée de la musique de Coco, à commencer par le compositeur Michael Giacchino (Vice-Versa, Zootopie, Rogue One : A Star Wars Story, Spider-Man : Homecoming), qui encore une fois, nous livre une partition juste. Du côté des chansons, c’est principalement le coréalisateur Adrian Molina qui nous retrouvons à l’œuvre sur les textes, accompagné de la compositrice Germaine Franco (Happy Feet). À noter enfin la participation du couple star d’auteurs/compositeurs de Broadway, Kristen Anderson-Lopez & Robert Lopez (La Reine des Neiges), qui a donné à Coco sa chanson titre, Remember Me… une chanson qui a la particularité d’avoir différents sens, suivant qui la chante dans le film, et le rythme auquel elle est jouée.
Encore une fois, les studios Pixar nous proposent ici une réflexion profonde sur le sens de la vie, comme eux seuls savent le faire dans le cinéma d’animation. Il est difficile d’en dire plus sans divulgacher le film et ses nombreux rebondissements. Les thèmes abordés par Coco sont d’une puissance émotionnelle très forte, et risquent d’en bouleverser plus d’un à la vision du film. Si, assurément, un long métrage doit remporter cette année l’oscar du meilleur film d’animation, c’est bien Coco, tant il est rare de tomber sur un film capable de vous retourner de la sorte. Alors, n’oubliez-pas de prendre votre paquet de mouchoirs pour le découvrir au cinéma, à partir du 29 novembre prochain, et depuis ce mercredi sur Paris en avant-première au Grand Rex.