Alors que la première mondiale Londonienne a eu lieu fin octobre, Dans l’ombre de Mary, la promesse de Walt Disney ne sort que maintenant sur nos écrans.
Premier film à mettre en scène Walt Disney, ce Biopic est la genèse de l’adaptation de Mary Poppins et le bras de fer qui eu lieu entre Walt Disney et P.L. Travers, l’auteur du livre. Il ne peut tomber plus à point puisque nous fêtons cette année les 50 ans du film.
Dans l’ombre de Mary, la promesse de Walt Disney raconte cette rencontre de deux créateurs qui ne pourraient être plus dissemblables.
Walt Disney vit sous le soleil de Californie, est enjoué et veut faire rêver au travers de l’image et P.L.Travers, bien que d’origine Australienne, vit dans la brume Londonienne, est froide et distante et ne croit qu’en l’écrit : autant vous dire que deux mondes se confrontent.
Walt Disney a promis 20 ans plus tôt à ses filles qu’il adapterait leur histoire favorite : Mary Poppins, mais c’est sans compter sur l’entêtement de P.L. Travers qui ne veut pas que son personnage soit dénaturé/pillé. Mais les ventes littéraires baissant avec les difficultés financières qui en découlent, elle se retrouve obligée d’étudier plus avant cette proposition jusqu’alors éconduite.
Mary Poppins est à l’origine une série enfantine de 8 livres dont 4 sont publiés au moment où se situe le film.
Ils se composent d’une suite d’aventures sans liant réel entre eux, un peu comme des épisodes qui se déroulent entre l’arrivée de la nounou dans la famille et son départ. Comme souvent l’auteur a donné à ses personnages des morceaux de sa propre histoire d’où sa crainte farouche qu’un étranger ne s’en empare.
Pourtant qui mieux que Walt Disney à qui on a déjà « volé » le personnage d’Oswald pourrait le mieux comprendre ses réticences ?
Il a donné, chose exceptionnelle, un droit de regard sur le script à P.L.Travers pour l’assurer du respect de son personnage.
Nous voilà emmenés dans le Hollywood des années 60, pendant les deux semaines qui ont vu la naissance du chef d’œuvre aux 5 Oscars que nous connaissons aujourd’hui…
Le casting est époustouflant tant sur les deux rôles titres que sur les rôles plus secondaires.
Emma Thompson après avoir enfilé les habits de nounou dans Nanny McPhee enfile à présent ceux de la créatrice d’une autre nounou célèbre.
Elle est une P.L.Travers acerbe à souhait, sans sur-jouer la chose évitant la caricature.
Sa palette de jeu arrive presque, si ce n’est à nous faire aimer son personnage, au moins à nous faire éprouver un peu d’empathie.
Tom Hanks est lui aussi assez surprenant en un Walt Disney aux yeux rieurs et au sourire enjôleur. Certes on n’évoque pas (c’est tout juste si on effleure discrètement un ou deux), les cotés plus sombres de l’homme. Mais un biopic tourné par Disney sur Walt Disney et portant plus sur un morceau de son œuvre que sur l’homme ne pouvait en être autrement.
Le reste des acteurs est tout aussi fantastique avec une mention spéciale pour Paul Giamatti en chauffeur si attachant.
Un site Américain s’est livré quant à lui à une comparaison physique entre l’acteur dans le film et le personnage réel qu’il incarne, jugez par vous-même, certaines ressemblances sont assez frappantes.
La musique n’a rien à envier au casting de choix. Thomas Newman, déjà connu chez Disney pour Wall-E et le Monde de Nemo, livre une partition magnifique pour accompagner cette histoire.
Il était d’ailleurs comme les deux fois précédentes nominé aux Oscars qui se sont déroulés le 2 mars.
Il nous entraine des plaines d’Australie à l’effervescence Californienne avec une facilité déconcertante, le tout émaillé de morceaux musicaux de Mary Poppins que les frères Sherman travaillent pour notre plus grand plaisir.
Ce film a néanmoins tout pour me déplaire.
Je ne suis pas très cliente des biopics en général. Cette manie de flirter entre la vérité et la fiction m’indispose toujours légèrement. Celui-ci ne fait pas exception à la règle car on retrouve le travers de Disney de toujours lisser les choses et cette recherche perpétuelle du « happy end » dont sont émaillés ses adaptations.
Je ne suis pas friande des flashbacks à répétition, ce dont le film fourmille (un peu trop ?), nous racontant par le menu l’enfance difficile de la jeune enfant qui exorcisera son histoire plus tard dans les livres qu’elle écrira.
L’histoire est prévisible puisqu’on en connaît la fin, on sait tous que Mary Poppins a été finalement adapté en film.
Et pourtant, j’ai adoré ce subtile mélange entre le rire et les larmes, le jeu magnifique et la musique envoutante, tout à contribué pour me faire oublier l’Histoire pour regarder l’histoire.
Certes on pourrait reprocher les libertés dans la chronologie ou dans les faits évoqués, mais ils sont intelligemment articulés pour servir l’histoire. Un exemple en est le tournage d’une scène à Disneyland en Californie où les décors et les costumes des personnages ont remonté le temps. Il reste quelques approximations dues aux évolutions du parc qui n’étaient pas modifiables, mais l’effet y est.
On pourrait aussi regretter les nombreux flashbacks qui ralentissent le rythme créant quelques longueurs. Mais ils sont dans le même temps une mine d’information sur P.L. Travers et la compréhension de ses personnages.
Et tout en étant prévisible l’histoire est finement articulée dans sa manière de nous être racontée, les libertés historiques prises renforçant encore ce sentiment.
Le seul vrai reproche à faire à ce film c’est la traduction de son titre. Outre le fait qu’on perd le clin d’œil à Tom Hanks et son « il faut sauver le soldat Ryan », on perd surtout un vrai lien avec l’histoire. Ce n’est pas dramatique en soit mais commercialement parlant c’est trop long, et citer Walt Disney dans le titre va laisser penser à tord que le film tourne autour de lui et donc induire en erreur.
Ce film divisera peut être sur la forme, mais c’est une performance d’acteurs incroyable. Il est universel dans sa confrontation de talents créateurs et dépasse en cela la relation Walt Disney/P.L.Travers. Serait-il une pure fiction qu’il n’y perdrait rien.
Alors le plus simple c’est de foncer le voir et vous nous direz ensuite ce que vous en avez pensé.