Le 31 octobre prochain sortira au cinéma le 16ème long métrage réalisé par Tim Burton, Frankenweenie. Ce film est également le deuxième long métrage d’animation qu’il réalise et le premier produit par Disney. Nous l’avons vu pour vous en avant première, et voici notre critique, alors suivez-nous avec ce poétique et horrifique nouveau conte fantastique de Tim Burton !
Après la mort soudaine de Sparky, son chien adoré, le jeune Victor fait appel au pouvoir de la science afin de ramener à la vie celui qui était aussi son meilleur ami. Il lui apporte au passage quelques modifications de son cru… Victor va tenter de cacher la créature qu’il a fabriquée mais lorsque Sparky s’échappe, ses copains de classe, ses professeurs et la ville tout entière vont apprendre que vouloir mettre la vie en laisse peut avoir quelques monstrueuses conséquences
Critiqué depuis plusieurs années, Tim Burton nous montre ici qu’il n’a rien perdu de son brillant talent de conteur. Il signe avec Frankenweenie son grand retour à ses anciennes amours, le stop-motion ou image par image et les films d’horreur qu’il chérit depuis sa tendre enfance. 28 ans après le court-métrage de 1984 qui précipita Burton hors des Studios Disney, il nous présente enfin son Frankenweenie comme il l’imaginait ! Si d’aventures vous n’aviez pas aimé le court-métrage original, pas de panique car si l’histoire reste la même, la version de 2012 est bien plus aboutie et a ce petit je-ne-sais-quoi qui font de certains films de Burton des petits bijoux, son étrange petite étincelle onirique, qui fait à la fois rêver et frissonner. On pourrait dire que Frankenweenie est dans la lignée des deux précédents films d’animation nés de son imagination : L’Etrange Noël de Mr Jack et Les Noces Funèbres !
Frankenweenie est la touchante histoire d’un petit garçon qui ne peut se résoudre à vivre sans son meilleur ami, son compagnon à quatre pattes Sparky ! Il va alors tout faire grâce au pouvoir de la science pour le faire revivre. Avec un nom comme Victor Frankenstein, autant dire que son destin était tout tracé ! Mais Sparky n’a de commun avec le monstre de Frankenstein qu’être un « cadavre » réanimé, parce que autant vous dire qu’il est difficile de lui résister, il est monstrueusement adorable ! Il est attachant, curieux, joueur et d’une fidélité à toute épreuve envers Victor qui n’a que lui comme ami. Et c’est sa présence qui va donner au film un petit côté léger qui contrebalancera avec le thème qui pourrait être perçu comme morbide et l’ambiance délicieusement terrifiante !
Victor est lui aussi attachant, c’est un jeune garçon solitaire, un petit génie en puissance, qui ne s’intéresse qu’à la science et à son chien, si bien qu’il parait étrange aux yeux de son père. Mais à côté de ses autres camarades il est loin d’être le plus étrange, entre Edgar « E » Gore, le bossu, personnage loufoque par excellence, l’effrayante et bizarre « La Drôle de Fille » et son chat, Mr Whiskers, tout aussi effrayant, le génie machiavélique Toshiaki, l’excentrique professeur Mr Rzykruski, la mélancolique et solitaire Elsa Van Helsing, sa jolie voisine qui vit chez son tyrannique oncle.Tim Burton nous offre ici encore une ode à la différence et une critique de l’habitant hypocrite des banlieues résidentielles américaines au travers de sa large palette de personnages.
Toutefois les habitués de Tim Burton risquent d’avoir une sensation de déjà vu, et pas seulement parce que le long métrage est très fidèle au court-métrage (à part l’ajout de nouveaux personnages et des autres « monstres de Frankenstein » créés par ses camarades), mais surtout par la ressemblance graphique entre les personnages de Frankenweenie et certains des autres films du fantasque réalisateur. Victor Frankenstein pour commencer, est le portrait craché de Victor Van Dort le héros des Noces Funèbres sorti en 2005 :
Victor des Noces Funèbres et Victor de Frankenweenie…
Le voisin du petit Victor, le tyrannique maire Burgemeister n’est pas sans rappeler Mr Everglot, et la mère de Victor a des airs à Victoria Everglot, eux aussi des personnages des Noces Funèbres. Et c’est sans oublier Elsa Van Helsing qui ressemble étrangement à Lydia dans Beetlejuice, et ceci ne peut-être du hasard puisque dans la version originale Elsa est doublée par Winona Ryder qui interprétait Lydia dans le film de 1988 réalisé également par Tim Burton. Toutefois Elsa ressemble plutôt à la version animée de Lydia. De la même manière, les fans de Burton retrouveront beaucoup dans « La Drôle de Fille » le poème et les dessins de « Staring Girl » !
Staring Girl et la « Drôle de fille »
Enfin l’architecture de la ville de New Holland est l’archétype même de la petite banlieue résidentielle que Burton utilise régulièrement dans ses films, comme pour Edward aux Mains d’Argent par exemple, et ce n’est d’ailleurs pas un hasard, ces banlieues lui sont inspirées directement de Burbank où lui même a grandit.
Ce film est bourré de références aux vieux films d’horreur, comme tout d’abord évidement Frankenstein, rappelé par le nom du héros, Victor Frankenstein, mais aussi par le « monstre » ressuscité, ici représenté par l’adorable Sparky, ou bien encore l’étrange assistant Igor transformé ici en Edgar « E » gore. Les plus attentifs n’auront pas manqué de remarquer que la tortue Shelley renvoie au nom de l’auteur de Frankenstein, Mary Shelley. On peut également retrouver des références à Dracula, avec Elsa Van Helsing, et le chat-vampire ! Enfin, on retrouve les créatures des plus vieux films d’horreur : Le Loup-Garou (1941), La Momie (1932), L’étrange Créature du lac noir (1954) et Godzilla (1954), qui ont toutes marqué la jeunesse du petit Tim. Cependant le côté horrifique que peuvent prendre certaines scènes est toujours contrebalancé par l’humour, parfois un brin loufoque, car Frankenweenie reste un film d’animation familial, même si il est toutefois plus noir et plus macabre que l’Etrange Noël de Mr Jack ou Les Noces Funèbres car cette fois il traite directement de la mort d’un être cher et de son acceptation ou non et certaines scènes peuvent marquer les enfants les plus sensibles, notamment lors de l’apparition des monstres cauchemardesques cités ci-dessus.
Malgré tout il reste au film quelques clins d’œil un peu plus légers et drôles pour ceux qui les remarqueront. Citons notamment le film diffusé au cinéma de New Holland pendant le film : Bambi, ou la présence d’une tombe dans le cimetière des animaux où il est écrit « Goodbye Kitty » avec un funeste clin d’œil à « rose bonbon » Hello Kitty !
Découvrez ci-dessus un extrait du film !
Niveau musique vous reconnaitrez sûrement le fidèle acolyte de Burton, Danny Elfman. Comme toujours ses musiques sont magnifiques, et subliment l’histoire, tantôt émouvantes, tantôt angoissantes quand il le faut. Pourtant si lorsque vous aviez vu L’Etrange Noël de Monsieur Jack, ou Les Noces Funèbres, un air vous était resté en tête, ici une fois n’est pas coutume aucune mélodie ne reste en mémoire sitôt le film terminé, si ce n’est la chanson du générique de fin « Strange Love » interprétée par Karen O, qui avec son rythme et sa voix étrange colle parfaitement au film.
En définitive si à la base Frankenweenie peut manquer d’originalité puisqu’il s’agit du remake d’un court-métrage, la version 2012 dépasse allègrement celle de 1984, tant au niveau réalisation, bien plus profonde et aboutie, que par la beauté de l’image, sublimée par le stop-motion et l’image en noir et blanc. Tim Burton nous livre ici un film très personnel qui lui tient à cœur, et près de 30 ans après il nous le présente enfin tel qu’il l’avait conçu.
Alors si vous êtes déjà fan du génial réalisateur, n’attendez plus, courrez vite dans votre cinéma le plus proche le 31 octobre, car sans conteste Frankenweenie est sa meilleure réalisation de ces dernières années !
Mais si vous n’avez encore jamais eu l’occasion de voir un de ses films, ou que vous êtes indécis, pas de panique, Frankenweenie vous comblera également si vous aimez les vieux films d’horreur en noir et blanc, ou plus personnellement si vous avez eu enfant un animal de compagnie vous serrez sans conteste emporté par la touchante histoire d’amitié entre Victor et Sparky, que même la mort n’a pu éteindre…
Par ailleurs si vous aimez l’univers de Tim Burton, ou que vous voulez tout simplement vous y plonger sachez qu’à l’occasion de la sortie au cinéma de Frankenweenie Disney Chanel propose le 30 octobre une soirée spéciale dés 20h avec la diffusion pour la première fois du court-métrage de 1984 Frankenweenie, suivi d’un entretien avec Tim Burton à 20h30 et de l’Etrange Noël de Monsieur Jack à 20h45 ! De quoi passer une fantastique soirée à la veille d’Halloween ! This is Halloween, this is Halloween… !