Pour retrouver la première partie, c’est par là.
Disney, une croissance basée sur les rachats
C’est en 1923 que les Disney Brothers Studios voient le jour, grâce à l’alliance de deux frères dont l’histoire et la famille marqueront à jamais le divertissement mondial, Walter Elias Disney, le créatif, et Roy Oliver Disney, le financier. Initialement spécialisé dans le cinéma d’animation et la production de court-métrages et de cartoons, le groupe se fait connaître en révolutionnant le monde de l’animation, avec les premiers dessins animés parlants (dont un certain Mickey Mouse, premier personnage parlant de l’histoire du cinéma, et aujourd’hui l’emblème du groupe), puis les premiers en couleurs. Très rapidement, le groupe change de nom pour adopter celui de Walt Disney Productions. Sous la direction de son charismatique fondateur et directeur créatif, le groupe se lance alors dans la première grande aventure de son existence, la production de Blanche-Neige et les Sept Nains, premier long-métrage d’animation. Le succès est au rendez-vous, la légende Disney commence.
Un groupe s’appuyant grandement sur les adaptations
Depuis les débuts de ses « chefs d’œuvres » dans les années 1930, le développement et la croissance des Studios Disney se basent sur un principe maître: l’adaptation. En effet, très peu des grands films d’animation du groupe sont des créations originales propres à Disney, et cela même à l’époque de Walt. Aujourd’hui, bon nombre de personnages qui sont considérés comme des personnages Disney, furent en réalité créés par d’autres artistes. Des adaptations de contes populaires (Blanche-Neige, Cendrillon, La Petite Sirène, La Reine des Neiges), en passant par les romans pour enfant (Alice au pays des Merveilles, les 101 Dalmatiens, Winnie l’Ourson, Mary Poppins, Basil détective privé) ou pour adultes (Aladdin, Le Bossu de Notre-Dame, Tarzan), sans oublier les pièces de théâtre (Peter Pan), et bien d’autres choses encore, tous furent imaginés par d’autres, avant d’être sublimés par les équipes d’animateurs de Disney.
Après la mort de Walt en 1966, et celle de son frère Roy en 1971, le Studio traverse une grande période de trouble durant les années 1970, jusqu’à la moitié des années 1980, et l’arrivée à la direction d’un certain Michael Eisner, provenant directement de la Paramount, et ayant travaillé avec Barry Diller, l’homme derrière l’explosion fulgurante de la division divertissement grand public de News Corporation. Pour éviter son rachat et son démantèlement par des sociétés financières, le groupe n’a d’autres choix que d’embrasser son destin, et de devenir lui-même un conglomérat de médias de masse. Les Walt Disney Productions deviennent donc la Walt Disney Company, qui après avoir repris assez d’ascendant, débute sa lente croissance, d’abord par la création de nouvelles filiales dans les années 1980 (Disney Channel, Touchstone et Hollywood Pictures), puis par des acquisitions dès le début des années 1990.
Miramax (1993 – 2010)
Le premier de ces rachats intervient en 1993. À l’époque, la grande tendance est de produire des films dits « indépendants », et tous les grands studios historiques se mettent à en racheter des plus petits. La Walt Disney Company n’échappe pas à la règle, et se paie alors Miramax Films, la société de production des frères Weinstein, pour 19 millions de dollars. Mais le rachat ne signe cependant pas le départ des créateurs, puisque les Weinstein resteront à la tête de Miramax jusqu’en 2005. Durant leur collaboration de 12 ans, Disney et les Weinstein offriront bon nombre de films cultes, dont tous les Tarantino jusqu’à Kill Bill vol.2, Shakespeare in Love, la saga Screamet sa parodie Scary Movie, Chicago, Gangs of New-York… autrement dit, des films qui n’ont absolument rien à voir avec le cliché de « comédie musicale fleur bleue » qui colle à la peau du groupe depuis le creux des années 1980.
En 2005, un différent éclate entre les Weinstein et Disney… ou plutôt, le PDG du groupe de l’époque Michael Eisner, alors en fin de règne lui aussi. Après des discussions, les deux frères quittent finalement Miramax et Disney « à l’amiable ». Étrangement, par les révélations sur Harvey Weinstein d’octobre 2017, cette séparation entre Disney et les créateurs de Miramax sonne tout autrement, comme si les dirigeants de l’époque savaient quelque chose et cherchaient à se débarrasser d’un poids mort, plus qu’encombrant, pour l’image de la maison-mère. Miramax survivra encore 5 ans dans le giron du groupe, mais les films qu’elle produit ont moins la côte qu’avant. Disney décide alors de se séparer de sa filiale, qui est finalement revendue 663 millions de dollars en 2010. À noter que depuis, Miramax a été à nouveau rachetée en 2016 par un autre grand groupe de média, le qatari BeIN.
American Broadcasting Company – ABC (1996 – actuellement) et autres médias télévisuels (2001 – actuellement)
En 1996, la Walt Disney Company se lance dans la plus grosse opération de rachat de son histoire (jusqu’au rachat de la 21st Century Fox), et qui fera de l’entreprise un véritable mastodonte des médias, celle du groupe ABC, l’un des trois grands réseaux historiques de la télévision américaine, pour un montant de 19 milliards de dollars.
ABC et Disney, c’est une très longue histoire d’amour, qui a débuté dès les années 1950 avec les parcs à thèmes. En effet, lorsque Walt Disney se lance dans son projet fou de créer un Disneyland à Anaheim en Californie, aucune banque ne veut le suivre sans un garant solide. Pour financer son projet, il fait donc appel à toutes les bonnes volontés, et c’est ABC qui y répond. La chaîne, qui entre alors au capital du parc, financera presque 30% de la construction de celui-ci. En échange, Disney produira une émission pour la chaîne: Disneyland, qui deviendra Walt Disney Present, puis Walt Disney’s Wonderful World of Color, avec l’avènement de la couleur à la TV. La collaboration continue entre les deux groupes, puisque Disney produira une seconde émission pour ABC, le célèbre Mickey Mouse Club, ainsi que les séries cultes Davy Crockett et Zorro. Mais la fin du contrat liant Disney et ABC, et le rachat des parts de Disneyland par la maison-mère, entraînent la fin de la collaboration entre les deux groupes.
Il faudra ainsi attendre 1996, et le rachat d’ABC par Disney, pour que les deux groupes soient à nouveau liés, cette fois de façon définitive. Avec ABC, Disney n’acquiert pas seulement une chaîne, mais bien un groupe de médias dans son ensemble, soit 11 chaînes de télévision (dont ESPN, la grande chaîne de sportive du câble/satellite), 21 stations de radio, des parts dans d’autres groupes télévisuels, ainsi que des centaines de titres de presse à travers les États-Unis.
Aujourd’hui, Disney a essentiellement conservé les chaînes de télévision et les moyens de production, soit le cœur de métier d’ABC. Les radios et titres de presse furent vendus à d’autres dans les années 2000. Depuis l’ère Disney, ABC a produit de nombreuses séries à succès, dont Alias, Desperate Housewives, Lost, Grey’s Anatomy, Once Upon A Time, Castle, Agents of Shield… et bien d’autres encore. Mais le plus grand atout d’ABC, c’est d’avoir donné à la Walt Disney Company un successeur à un Micheal Eisner en fin de règne au milieu des années 2000, en la personne de Robert « Bob » Iger, le PDG d’ABC au moment du rachat, devenu numéro deux du groupe suite à cette fusion, avant d’en devenir le numéro un dix ans plus tard.
Pour rester dans la télévision, en 2001 Disney poursuit son implantation dans ce secteur. Ainsi, après ABC, le groupe rachète à News Corporation (à l’époque la maison-mère de la 20th Century Fox) et à Saban (le papa des Power Rangers, dont Disney acquiert les droits par la même occasion), le groupe Fox Family Worlwide, maison-mère des chaînes câblées Fox Family et Fox Kids, le tout pour un montant de 5,3 milliards de dollars. Avec ce rachat, les chaînes changent de nom, mais pas d’orientation.
Fox Family devient ABC Family, et est une chaîne de « replay » d’ABC, tout en produisant cependant certaines séries propres à la chaîne comme Greek, Kyle XY, ou bien encore Pretty Little Liars. En 2016, nouveau changement de nom et d’orientation, pour l’ex Fox Life, qui devient Freeform, une chaîne à destination des adolescents, mais qui poursuit la diffusion des séries ABC Family encore en production.
Fox Kids connaît par contre une histoire un peu plus agitée, puisqu’après être devenue Jetix, elle changera complètement d’orientation en 2010, suite à la revente du catalogue Saban à son créateur, pour devenir Disney XD, version pour adolescents masculins de Disney Channel qui, elle, se tourne plus vers des programmes pour filles. Disney XD deviendra par ailleurs le canal de prédilection des productions animées Marvel et Lucasfilm, suite au rachat par Disney de ces deux autres groupes… mais nous verrons cela un peu plus loin.
Pixar Animation Studios (2006 – actuellement)
Après la télévision, Disney se recentre sur des achats plus en lien avec son cœur de métier historique, à savoir la production de films d’animation. C’est ainsi qu’en 2006, le groupe rachètera Pixar Animation Studios. Là aussi, l’histoire entre les deux groupes est ancienne, et les relations, parfois tumultueuses, faillirent s’achever en divorce plutôt qu’en mariage. Le studio d’animation fut créé en 1979, sous le nom de Graphics Group, la division informatique de Lucasfilm. L’un des premiers projets du futur « Pixar » fut de travailler sur une partie des animations du film Tron, de Disney, qui était le premier long métrage à faire appel à de l’infographie. Graphics Group était alors plus une entreprise de recherche qu’un studio de production.
En 1986, George Lucas, en proie à des problèmes financiers, est contraint de vendre Graphic Group à Steve Jobs, tout fraîchement débarqué d’Apple, et en recherche d’une nouvelle compagnie spécialisée dans l’informatique. L’ancienne filiale de Lucasfilm change alors de nom et devient Pixar, du nom de l’ordinateur que produit alors l’entreprise, le Pixar Image Computer. En effet, à cette époque, l’animation n’était qu’une composante mineure de Pixar, le plus gros de l’entreprise étant la conception et la fabrication de matériel informatique. L’animation était essentiellement là pour promouvoir les capacités du matériel, montrer ce qu’il était capable de produire. Disney était d’ailleurs l’un des plus gros clients de Pixar, le studio cherchant alors à moderniser et faciliter la technique de fabrication d’un film d’animation.
Mais au début des années 1990, la santé financière de Pixar est au plus mal. Le groupe décide alors d’abandonner complètement son cœur de métier, pour se concentrer uniquement sur la production de contenu animé. Là aussi, Disney a grandement contribué à cette mutation, en signant en 1991, dès la restructuration financière de Pixar achevée, un contrat de distribution exclusive pour les trois premiers films produits par le studio. Quatre ans plus tard, le premier film de Pixar déboule sur les écrans, et est un véritable succès, aussi bien public que critique. Toy Story devient alors l’un des films d’animation les plus rentables de tous les temps, et se classe comme le plus gros succès de l’année 1995. Dans la foulée, Disney signe alors avec Pixar un second contrat, portant sur la coproduction de cinq films supplémentaires, en plus des trois initialement prévus, et acquiert 5% du capital du studio.
En 2004, à l’approche du terme du contrat, Pixar souhaite une renégociation de celui-ci, mais plus avantageuse pour le studio. En effet, même si les coûts de production et les bénéfices étaient partagés à 50%, les créations originales de Pixar tombaient, elles, dans le giron de Disney, sans contrepartie. Durant toute cette année 2004, les relations entre les deux studios vont s’envenimer, au point que Steve Jobs, alors PDG de Pixar, déclare publiquement à la presse, être en recherche d’un nouveau studio partenaire. En réponse, Disney annonce de son côté la création de son propre studio de films d’animation par ordinateur. Ces désaccords sont essentiellement du fait du PDG de Disney de l’époque, Michael Eisner, alors en fin de règne. Cependant, le départ de l’ancien président, et l’arrivée de Robert Iger à la tête de Disney, changent la donne, et les négociations reprennent courant 2005. Et celles-ci aboutissent à quelque chose de plus gros qu’un simple contrat de distribution, puisque Disney finit par racheter Pixar début 2006, pour 7,4 milliards de dollars, dont la moitié en actions Walt Disney Company, faisant ainsi de Steve Jobs, le premier actionnaire individuel de Disney. Mais ce rachat ne signifie par pour autant la fusion pure et simple de Disney et Pixar, ce dernier conservant une certaine indépendance, notamment dans la gestion du personnel, et du processus créatif de ses films.
Marvel Entertainement (2009 – actuellement)
Dans la catégorie des rachats effectués par Disney, c’est probablement celui de Marvel Entertainement, qui est le premier à faire beaucoup de bruit, notamment au sein des communautés geek et Disney Fan. En août 2009, Disney annonce à la surprise générale, qu’elle rachète Marvel Entertainement pour 4,3 milliards de dollars. La grande mode des années 2000, ce sont les films de super-héros, et grâce à cela, les concurrents de Disney font énormément de profits. Mais plutôt que de se payer une simple licence et de l’adapter, comme l’ont fait la 20th Century Fox, Sony, Universal ou Paramount, Disney décide de suivre la voie déjà tracée par Time-Warner, acheter directement un éditeur de Comics, et ainsi acquérir l’ensemble de ses licences. Le choix n’est cependant pas énorme pour Disney, DC Comics, la maison-mère de Batman, Superman ou Wonder Woman étant déjà dans le giron de son concurrent. Ce sera donc Marvel, l’autre gros éditeur de comics, et concurrent éternel de DC, qui sera choisi par Disney.
Ce rachat fut un véritable coup de maître pour Disney, car outre la popularité supérieure des héros Marvel auprès du public, l’entreprise dispose également d’une situation économique saine, et ce grâce au cinéma, alors qu’elle était déclarée en faillite dans les années 1990. De plus, Disney met ainsi bon nombre de ses concurrents dans l’embarras, en récupérant des droits sur des films et des licences qu’ils avaient eux-même produits. En somme, les concurrents déboursent, mais c’est Disney qui encaisse une partie des bénéfices, sans rien investir. On retrouve ce cas sur les licences cinématographiques Spider-man et X-Men, obligeant ainsi respectivement Sony et la 20th Century Fox à produire des films sur ces deux licences, s’ils ne veulent pas perdre les droits d’utilisation cinéma. La pilule sera encore plus amère pour Universal, qui a développé tout un secteur de son second parc à thèmes floridien sur les héros Marvel, et qui va devoir, outre payer un droit d’utilisation à Disney jusqu’à expiration du contrat de licence, procéder à une refonte complète de cette partie du parc. Mais le grand perdant de l’histoire fut certainement la Paramount, initiatrice de l’Univers Cinematrographique Marvel, aujourd’hui devenu la franchise la plus rentable de l’histoire du cinéma et la référence en matière de personnages coexistant dans un univers partagé commun sur grand écran.
Pour revenir à Disney, en intégrant Marvel dans son giron, le groupe met ainsi la main sur près de 5 000 personnages différents et de nombreuses franchises à succès, tels Spider-Man, X-Men, Iron Man, Hulk, Thor ou bien encore Captain America, et les Gardiens de la Galaxie. Mais outre les franchises, Marvel c’est aussi un savoir-faire dans l’édition de comics et dans le merchandising, chose dont Disney est très friand, afin de nourrir les lands et boutiques de ses parcs à thèmes.
Ainsi, il y a huit ans, ce rachat a fait grincer par mal de dents, notamment chez les fans de Marvel, qui craignaient une « mickeysation » de leurs héros. Mais force est de constater que des années plus tard, toutes les craintes se sont envolées, et que tout comme Pixar, ABC, ou même Miramax en son temps, la nouvelle filiale a conservé, et son indépendance, et son équipe dirigeante qui a fait le succès de la marque ces dernières années.
Lucasfilm Ltd. (2012 – actuellement)
Dernier rachat en date de Disney dans le secteur du cinéma, avant celui de la 21st Century Fox, celui de Lucasfilm Limited à la fin 2012, pour la somme de 4,06 milliards de dollars. Tout comme pour Marvel trois ans plus tôt, l’acquisition de Lucasfilm est une véritable surprise, d’autant plus que le groupe fondé et dirigé jusqu’à présent par George Lucas, ne produit plus grand chose depuis la fin de la prélogie Star Wars en 2005, et le dernier volet des aventures d’Indiana Jones en 2008, en dehors de la série animée The Clone Wars.
Mais Disney n’avait pas lancé cette opération sans raison valable. En effet, depuis le début de cette année 2012, George Lucas et ses équipes s’étaient secrètement lancés dans la pré-production de la suite de la célèbre saga Star Wars. Lucas savait cependant qu’il ne pourrait mener à bien le projet à son terme (l’homme ayant presque 70 ans à ce moment, et préférant sans doute se consacrer désormais à autre chose) et préféra donc revendre sa société au groupe de média qui était l’un de ses partenaires privilégiés depuis déjà de nombreuses années.
Car l’histoire entre Lucasfilm et la Walt Disney Company, c’est un peu comme celle entre Disney et ABC, c’est-à-dire un long dimanche de fiançailles. En effet, avant de proposer son scénario du premier Star Wars à la 20th Century Fox (encore « elle » diront certains, comme quoi, le destin des deux groupes était écrit depuis de nombreuses années), George Lucas s’était initialement tourné vers Disney qui avait refusé de produire le film. Grand mal en eut pris aux décisionnaires de l’époque chez Disney, car Star Wars devint en 1977 le film le plus rentable de tous les temps.
Mais l’association entre Lucas et Disney n’en était pas pour autant définitivement enterrée, puisque dans les années 1980, la firme de Burbank se rapproche du créateur de Star Wars pour la réalisation de deux attractions : un film en 3D stéréoscopique, plus connu sous le nom de Captain EO, et un simulateur de vol sur la célèbre franchise galactique, Star Tours. Et bien entendu, le succès est au rendez-vous. Si aujourd’hui, la première attraction a disparu des parcs Disney, la seconde reste l’une des expériences principales d’une visite dans les parcs, et encore plus depuis la mise en place en 2011 d’une version modernisée de l’attraction, avec Star Tours : l’Aventure Continue. Ceux deux attractions seront rejointes dans les années 1990 par deux nouvelles sur une autre franchise à succès de Lucasfilm, Indiana Jones Adventure et Indiana Jones et le Temple du Péril.
Mais plus qu’une licence ultra-populaire sur le point d’être relancée au cinéma, l’achat de Lucasfilm est aussi l’acquisition par Disney de toutes les filiales techniques, et notamment ILM et Skywalker Sound, deux des plus gros studios spécialisés dans les effets spéciaux pour l’un, et les effets sonores pour l’autre. Désormais, toute grosse production cinématographique qui cherche les meilleurs en termes de technique, devront donc s’adresser à des filiales de la Walt Disney Company, qui touche ainsi de l’argent de ses concurrents pour la réalisation des effets spéciaux et sonores de leurs films, tout en assurant ainsi une réduction des coûts pour elle-même, sur ces deux postes pour ses propres productions.
Tout comme pour Marvel et Pixar, Lucasfilm conserve une relative autonomie dans son fonctionnement et ses choix. De plus, l’intégration à The Walt Disney Company permet ainsi de créer une véritable synergie de groupe, en retrouvant notamment des produits Star Wars en plus grand nombre dans les parcs, ou bien de favoriser la diffusion des productions Lucasfilm sur les chaînes du groupe, dont la série Star Wars Rebels sur Disney XD. Et pour le moment, malgré ce que l’on peut penser de la qualité des productions Lucasfilm, force est de constater que financièrement, les résultats sont largement au rendez-vous pour la maison-mère et son dirigeant Bob Iger. La stratégie de rachat de masse, qu’il a entrepris depuis son arrivée à la tête de la Walt Disney Company, porte pleinement ses fruits, et fait du groupe créé par Walt et Roy Disney, la première entreprise de divertissement mondial.
BAMTech Media (2016 – actuellement)
C’est en août 2016, puis en août 2017, que se déroule le dernier rachat significatif de la Walt Disney Company, celui de 75% de BAMTech Media pour 2,58 milliards de dollars. BAMTech est une star’up de la Tech, créée par la Major League Baseball, afin de retransmettre en direct ou en différé, via un service de vidéos à la demande, des événements sportifs liés au baseball et au hockey sur glace. En parallèle, BAMTech diversifie rapidement son activité, en devenant la société en charge de développer et gérer l’offre de streaming de la chaîne HBO, ainsi que les programmes en ligne de la WWE, la célèbre fédération de catch aux Etats-Unis.
Cherchant à contrer la perte des abonnés de son réseau de chaînes de sports ESPN, et devant le succès fulgurant de la jeune entreprise, Disney rentre alors au capital de BAMTech Media pour 30%. L’idée de Disney est alors de créer une « Netflix du sport » en se servant de BAMTech pour développer l’offre en ligne d’ESPN. Toutefois, le projet reste au stade embryonnaire à ce moment, des discussions étant en cours avec Reed Hastings pour un éventuel rachat de Netflix par Disney. Cependant, la tentative d’OPA sur Netflix ne dépasse pas le stade de la rumeur de presse, et un an plus tard, la Walt Disney Company devient l’actionnaire majoritaire de BAMTech en montant à 75% du capital de l’entreprise. L’objectif est désormais clair et fixé: se servir du savoir-faire de BAMTech, et notamment de son algorithme d’analyse en ligne des habitudes des consommateurs, pour ouvrir dès 2018 la plateforme de vidéos à la demande d’ESPN, et dès 2019 pouvoir proposer un concurrent à Netflix sur le créneau de la vidéo à la demande en matière de films et de séries. Mais sur ce dernier point, reste une problématique, celle du catalogue et des moyens de production.