Alors que l’année dernière, les studios Pixar nous offraient deux films d’animation, c’est cette année au tour de la filiale historique, Walt Disney Animation Studios, de passer à l’attaque. Après Zootopie en début d’année, devenu le second plus gros succès commercial du studio d’animation derrière La Reine des Neiges (et troisième plus gros succès commercial de l’année 2016 dans le monde), Disney espère renouveler l’exploit et poursuivre cette année historique pour le groupe, avec Vaiana, la Légende du Bout du Monde. Mais ce nouveau film de princesse en est-il vraiment un ? Avant sa sortie au cinéma prévue le 30 novembre 2016, On vous donne son avis sur cette aventure au milieu du Pacifique.
Vaiana est une histoire originale, inspirée par les légendes de Polynésie, cette vaste région océanique située dans le Pacifique, entre Hawaï au nord, l’Île de Pâque à l’Est, et la Nouvelle Zélande à l’Ouest, et caractérisée par ses très nombreuses îles volcaniques. C’est en 2012 que la pré-production du film commence, avec un voyage de recherche effectué par les deux réalisateurs à Tahiti, aux Samoa, et aux Fidji. Il faudra cependant attendre 2014 pour que Disney officialise le projet.
Vaiana ou Moana ? Suivant le pays où vous vous trouvez, l’héroïne qui donne son nom au film a un nom différent. Le prénom original de l’héroïne, Moana, signifie « océan, mer profonde » en maori. Cependant, une obscure histoire de droit d’auteur sur le terme Moana dans un certain nombre de pays d’Europe oblige Disney à renommer sa nouvelle princesse. Elle devient donc Vaiana pour une grande partie du marché européen, signifiant « eau de roche » en tahitien.
Mais revenons-en au film et à son histoire. C’est à Taika Waititi (le réalisateur néo-zélandais du futur Thor – Ragnarok) que l’on doit le script initial de Vaiana – La Légende du Bout du Monde. Celui-ci sera ensuite retravaillé par Jared Bush (scénariste et réalisateur de Zootopie) ainsi que par les deux réalisateurs, Jon Musker et Ron Clements (La Petite Sirène, Aladdin).
Il y a trois mille ans, les plus grands marins du monde voyagèrent dans le vaste océan Pacifique, à la découverte des innombrables îles de l’Océanie. Mais pendant le millénaire qui suivit, ils cessèrent de voyager là-bas. Et personne ne sait pourquoi…
Vaiana, la Légende du Bout du Monde, raconte la passionnante aventure d’une jeune fille téméraire qui se lance dans un voyage audacieux pour accomplir la quête inachevée de ses ancêtres et sauver son peuple. Au cours de sa traversée du vaste océan, Vaiana va rencontrer Maui, un demi-dieu. Ensemble, ils vont accomplir un voyage épique riche d’action, de rencontres et d’épreuves…. En accomplissant la quête inaboutie de ses ancêtres, Vaiana va découvrir la seule chose qu’elle a toujours cherchée : elle-même.
L’histoire de Vaiana commence avec les contes et légendes qui ont bercé son enfance. Une enfance que l’on suit, apprenant à la découvrir, que ce soit son caractère ou ses envies. Après cette introduction, l’intrigue principale peut enfin commencer : Motunui, l’île où vit la tribu dont Vaiana se meurt. La seule solution pour arriver à sauver tout le monde est littéralement de prendre le large, afin de retrouver le demi-dieu Maui, l’obliger à restituer le Cœur de Te Fiti, pierre magique appartenant à la grande déesse des îles, dont le vol est à l’origine de la malédiction touchant le Pacifique, et ainsi sauver les îles de l’archipel.
Oubliez donc l’idée d’un film de princesse et son côté « gnangnan » ; Vaiana, la Légende du Bout du Monde est avant tout un film d’aventure, avec un grand A. Toute la famille y trouvera donc son compte, et d’autant plus les adultes en raison du côté très épique de cette histoire.
Personnage principal donnant son titre au film, Vaiana est une véritable héroïne moderne, loin de la princesse Disney classique, rappelant par certains aspects Merida avec son côté rebelle et têtue. Fille unique et héritière du chef de Motunui, Vaiana est l’élue du dieu Océan, entité séculaire omniscience et omnipotente assurant sa protection, et qui lui a confié la mission de sauver le monde en restituant le Cœur de Te Fiti. Vous aimerez la suivre à travers ses désirs d’évasion et de découverte du vaste océan se trouvant par-delà son île et la barrière de corail. Et vous l’apprécierez forcément pour sa détermination et son courage, afin de protéger et sauver sa tribu.
Afin d’accomplir sa mission, Vaiana doit en premier lieu retrouver Maui, demi-dieu polymorphe dont l’existence a bercé les légendes qu’a entendues notre héroïne dans son enfance. Important dans la dynamique du film, tantôt arrogant, tantôt se remettant profondément en question sur lui-même et ses actes, Maui est l’un de ces personnages que l’on adore détester, un sale gosse mais qui a un bon fond. Le duo qu’il forme avec Vaiana se rapproche plus d’une relation grand-frère / petite sœur, que de la classique relation amoureuse.
Les principales personnes que cherche à sauver Vaiana sont ses parents, Tui et Sina. Tui, son père, est le chef avenant et respecté de l’île Motunui. Il désire que Vaiana lui succède à la tête de son peuple mais appréhende l’attrait de sa fille pour l’océan et le monde situé de l’autre côté de la barrière de corail.
Sina est la mère et le soutien infaillible de Vaiana. Espiègle, vive et tenace, Sina est sensible à l’appel du large qui obsède sa fille, mais elle veille également à la protéger contre les dangers légendaires qui pourraient la menacer.
L’autre personnage important dans la famille de notre héroïne, c’est sa grand-mère et confidente, Tala. Elle est le personnage qui lance l’histoire, en racontant à sa petite fille les légendes de la tribu de Motunui, et en lui faisant prendre conscience de la véritable nature de la malédiction qui touche leur île. C’est également d’elle que Vaiana tient son lien intime avec l’océan. Bien que son fils Tui ne soit autre que le chef très pragmatique de leur tribu , Tala ne se laisse dicter sa conduite par personne, quitte à passer pour la folle du village.
Dans sa quête, Vaiana pourra également compter sur Heihei, un coq pas très malin, l’idiot du village, en somme. Complètement détraqué, suicidaire, chanceux, déséquilibré, fêlé, idiot, bête, sot, loufoque ou encore attardé, sont les nombreux mots qualifiant ce compagnon de voyage dont vous aimerez voir les déboires. Il constitue bien malgré lui le principal élément comique du film.
Autre compagnon animalier de Vaiana, Pua, son petit cochon apprivoisé. Il est aussi attendrissant et débordant d’énergie qu’un petit chiot. C’est malheureusement un personnage qu’on aurait souhaité voir plus, tant ses traits sont adorables, et tant la promotion du film et son merchandising le mettaient en avant. Car c’est bien la spécificité de ce film : au final il se déroule principalement non pas avec deux, mais bien avec un seul compagnon animalier d’aventure, à savoir le poulet plutôt que le cochon.
Dans leur quête pour rapporter le Cœur de Te Fiti, Vaiana et Maui devront affronter plusieurs ennemis. Les premiers à croiser leur route, ce sont les mignons Kakamoas, une drôle de bande de pirates fous en forme de noix de coco que rien ne peut arrêter. Ces personnages sont tout droit inspirés du folklore polynésien… mais leur design en forme de noix de coco est une pure création Disney
Autre ennemi de nos héros, mais principalement de Maui, Tamatoa est un crabe géant nombriliste qui habite Lalotai, le royaume des monstres. Ce crustacé vaniteux refuse d’être un simple « ramasse-miettes marin » et essaie de surmonter son complexe en se parant de tout ce qui brille. Par certains aspects, ce personnage rappelle beaucoup un autre monstre marin imaginé par les réalisateurs du film, Ursula la sorcière des mers. À noter que le nom de Tamatoa vient tout droit de la plus prestigieuse et ancienne dynastie royale de Polynésie.
Mais le principal antagoniste du film, c’est Te Ka, la toute puissante sorcière de lave, inspirée de la déesse du feu polynésienne. Depuis des siècles, elle cherche à récupérer le Cœur de Te Fiti, afin d’étendre son pouvoir sur monde… tout du moins, c’est ce que pensent nos héros, notamment avec la malédiction qui touche Motunui. Mais à l’image des pouvoirs d’Elsa dans la Reine des Neiges, les choses ne sont pas si simples, et les objectifs de Te Ka ne sont peut-être pas aussi manichéens que son apparence de monstre de lave ne le laisse penser.
À la réalisation du film, nous retrouvons donc deux vieux de la vieille de chez Disney, John Musker et Ron Clements, le duo à l’origine du début du nouvel âge d’or dans les années 1990, avec des films comme La Petite Sirène, Aladdin, ou bien encore Hercule. Après sept ans d’absence, nous retrouvons donc Musker et Clements, pour ce qui s’annonce comme l’un des derniers films du duo avant leur retraite (ils ont tous les deux 63 ans). Et une nouvelle fois, ils innovent en nous proposant la première princesse Disney océanienne, après avoir donné vie respectivement à la première princesse orientale avec Jasmine, puis à la première princesse noire américaine avec Tiana de La Princesse et la Grenouille.
Vaiana, la Légende du Bout du Monde, c’est aussi le premier film en animation par ordinateur de Musker et Clements. Sur ce point, Disney est une nouvelle fois irréprochable, et égale très largement les dernières productions Pixar, avec un photo-réalisme des environnements et paysages à couper le souffle.
Du côté du graphisme des personnages, on retrouve là aussi la pâte Disney. Mais cette fois, adieu à l’anorexie, et place à des personnages humains aux formes généreuses, caractéristiques des peuplades de Polynésie. Quant à Maui et ses tatouages, ces derniers ne sont pas sans rappeler les peintures animées sur les poteries dans Hercule, autre film de Musker et Clements. L’animation de ces tatouages, qui racontent la vie du demi-dieu, a d’ailleurs été faite à l’ancienne, en superposant une animation traditionnelle sur celle réalisée à l’ordinateur. C’est véritablement la première fois que l’animation traditionnelle se met ainsi au service de celle par ordinateur, et non l’inverse.
Cette sublimation de l’animation permet de mieux faire ressortir la place des sentiments dans le récit, que ce soit les expressions du visage pour exprimer les émotions des personnages, ou bien le réalisme des paysages qui sont reproduits et nous transportent, non sans envie d’évasion de l’autre côté de la planète. Bien que le film soit avant tout une grande aventure, les moments d’émotion sont toutefois nombreux et efficaces, notamment lors des numéros musicaux.
Car qui dit film d’animation Disney, dit forcément comédie musicale, avec ses chansons et ses musiques très très entêtantes. Comme pour la Reine des Neiges, nous retrouvons un duo d’artistes à la réalisation de la partition. Côté chansons, c’est Lin-Manuel Miranda, la nouvelle coqueluche de Broadway avec le musical Hamilton, qui est à la manoeuvre, et nous offre différents types de chansons, reprenant pour partie des sonorités polynésiennes, et pour autre un style plus rap et R&B.
Côté musique, Mark Mancina (Speed, Tarzan, Frère des Ourses) assure une bonne cohérence d’ensemble, en se collant plutôt bien au style de Lin-Manuel Miranda, notamment par une réorchestration symphonique des thèmes du film.
Dynamique, trans-générationnel, aux paroles simples et efficaces, tous les éléments sont réunis pour que ça marche. Et après seulement une séance de cinéma, la bande son du film est déjà devenue une drogue. C’est notamment le cas de How Far I’ll Go (Le Bleu Lumière dans sa version française), la chanson phare du film, qui va très certainement hanter les parents au même titre que Libérée Délivrée depuis trois ans.
Avant de conclure, voici les avis plus personnels de nos reporters sur ce nouveau film des studios Disney.
« Oubliez la Reine des Neiges et les autres princesses Disney. Vaiana, la Légende du Bout du Monde n’est pas une simple princesse Disney, c’est une véritable héroïne moderne à laquelle les enfants peuvent facilement s’identifier. Avec son graphisme irréprochable et sa musique entraînante, la jeune polynésienne a tout pour vous faire fondre et oublier la froide idole des plus jeunes enfants »
« Ce film pour la famille surprendra plus d’un jeune adulte et adulte, en plus des enfants qui seront conquis !
De mon avis, c’est une véritable surprise ! Je ne m’attendais pas à un film d’aventure de ce type mais à un énième film de princesse Disney. Une excellente surprise combinée à une réussite dans la production, images, design, histoire et humour qui, combinés à une bande originale entraînante et parfaitement réussie, m’a conquis, dépassant toutes mes attentes ! On veut une suite ! ! ! ! »
Véritable film testament du duo Musker et Clements, Vaiana, la Légende du Bout du Monde devrait ravir petits et grands. Pour prendre la mer avec notre héroïne et ses amis, rendez-vous dans vos cinémas à partir du 30 novembre 2016. Et si vous êtes sur Paris, n’hésitez pas à profiter des séances exclusives du Grand Rex, qui propose dores et déjà le dernier film des studios d’animation Disney.