« Il y a bien longtemps, dans une galaxie lointaine, très lointaine… ». Cette phrase d’accroche, vous la connaissez très certainement, puisqu’elle introduit depuis 1977, chaque film de l’une des plus célèbres franchises cinématographiques, Star Wars. Un an à peine après l’Épisode VII : Le Réveil de la Force, la célèbre franchise est déjà de retour au cinéma, mais pour la première fois, avec un film dérivé, se déroulant dans le même univers, mais mettant en avant des personnages et des actions de second plan par rapport à la saga basée sur l’histoire de la famille Skywalker. Que vaut donc ce Rogue One, premier des films de la collection « A Star Wars Story » ? La Gazette de Mickey vous en dit un peu plus, et vous livre son avis, sans spoiler, ou presque !
Le 30 octobre 2012, la Walt Disney Company annonce en grande pompe le rachat de Lucasfilm, le groupe de George Lucas, et détenteur des droits de la célèbre saga Star Wars. Dans la foulée, Lucasfilm, désormais dirigé par la productrice de Steven Spielberg, Kathleen Kennedy, révèle travailler depuis quelques mois à la pré-production d’un nouveau film Star Wars, suite directe de l’Episode VI: Le Retour de Jedi. Il s’agit bien sûr de l’Épisode VII : Le Réveil de la Force.
Mais en parallèle, Disney annonce très rapidement le lancement d’une première série de films dérivés de la franchise. Cependant, tout comme pour l’épisode VII, la pré-production de ces nouveaux long-métrages avait bien débuté avant le rachat de Lucasfilm, sous la houlette de George Lucas lui-même.
Cependant, le grand créateur de la franchise ayant définitivement pris sa retraite après la vente de sa société à Disney, il fallait trouver une nouvelle équipe créatrice pour porter ces projets risqués de films dérivés. En effet, plusieurs histoires sont en compétition à ce moment : l’une racontant le vol des plans de la première Étoile de la Mort par l’Alliance Rebelle, l’autre racontant la jeunesse d’Han Solo, et enfin une troisième histoire centrée sur le personnage du célèbre chasseur de primes Boba Fett, fils-clone de Jango Fett (la source génétique de l’armée de clones de la République dans la Prélogie Star Wars)
C’est finalement la première de ces histoires qui est retenue pour inaugurer la série de films « A Star Wars Story ». Idée originale de John Knoll (superviseur des effets spéciaux chez Industrial Light & Magic pour la Prélogie Star Wars, la saga Pirates des Caraïbes ou bien encore Avatar) et Gary Whitta (scénariste pour la série animée Futurama, Le Livre d’Eli, After Earth), ce sont les scénaristes Chris Weitz (A la Croisée des Mondes – La Boussole d’Or, Cendrillon (version live de 2015)) et Tony Gilroy (la saga Jason Bourne), qui ont développé l’essentiel de la trame de ce qui allait devenir Rogue One, du nom du commando ayant réussi le vol des plans de l’Étoile de la Mort.
Rogue One : A Star Wars Story nous entraîne aux côtés d’individus ordinaires qui, pour rester fidèles à leurs valeurs, vont tenter l’impossible au péril de leur vie.
Ils n’avaient pas prévu de devenir des héros, mais dans une époque de plus en plus sombre, ils doivent absolument dérober les plans de l’Étoile de la Mort, l’arme de destruction ultime de l’Empire.https://www.youtube.com/embed/ox6Dsbvp7ng
Rogue One se déroule donc juste avant le début de l’Épisode IV : Un Nouvel Espoir. Si vous connaissez déjà la saga Star Wars, le fond politique, la situation, et un certain nombre de personnages ne vous seront donc pas inconnus. Nous retrouvons ainsi d’un côté l’Alliance Rebelle, secrètement menée par les anciens sénateurs loyalistes Mon Mothma et Bail Organa. Genevieve O’Reilly et Jimmy Smits reprennent ainsi leur rôle respectif, 11 ans après l’Épisode III : La Revanche des Sith. De l’autre côté, l’Empire est toujours gouverné d’une main de maître par l’Empereur Palpatine, notamment grâce à l’appui de l’armée impériale, composée d’un état-major puissant et de soldats en nombre, les Stormtroopers, qui, rappelons-le, ne sont plus des Clones à ce moment de l’histoire, mais des engagés, volontaires ou non. Et bien entendu, qui dit Empire dit forcément Dark Vador, véritable bras droit et homme d’action de Palpatine.
Cependant, si ces personnages connus et d’autres, sont présents dans Rogue One, leur rôle n’est que secondaire, et sert à raccrocher l’intrigue du film à celle de la grande Histoire de la saga.
Le film raconte avant-tout l’histoire de Jyn Erso, une jeune femme rebelle, dont l’enfance a été bouleversée par l’Empire. Recueillie par Saw Gerrera, elle deviendra alors une véritable guerrière de la rébellion naissante, avant de prendre conscience que les actions qu’elle menait n’étaient pas forcément bonnes. C’est finalement l’Alliance Rebelle qui sortira Jyn de sa retraite, suite à la découverte d’un étrange message en provenance de son père, Galen Erso. Felicity Jones (Une Merveilleuse Histoire du Temps, Inferno) incarne à merveille ce rôle de femme guerrière indépendante, pleine de convictions, et prête à tout pour faire tomber l’Empire.
Si Jyn est le côté pile d’une pièce de monnaie de la Rébellion, alors son côté face est très certainement le capitaine Cassian Andor. Tout comme Jyn, Cassian fait partie de cette génération dont l’enfance a été réduite à néant par l’Empire. Il intègre lui aussi très jeune l’Alliance Rebelle et ne la quittera jamais. Véritable espion de la Rébellion, il est aussi et avant tout l’un de ses meilleurs assassins, toujours prêt à suivre les ordres, même les plus terribles, à la lettre. Mais Cassian n’en est pas pour autant une machine sans émotion, ce qui au final, rend attachant ce personnage de soldat discipliné interprété par Diego Luna (Le Terminal, Harvey Milk, Elysium).
Pour accompagner nos deux héros, une véritable équipe de choc se forme pour devenir les têtes de pont du commando Rogue One. Le premier membre est très certainement K-2SO, le droïde de Cassian Andor. Véritable mélange en un seul robot de C-3PO et de R2-D2, K-2SO n’est pas un droïde comme les autres, puisque c’est un droïde impérial… ou plus exactement un droïde de l’Empire qui a été reprogrammé par l’Alliance Rebelle afin de servir comme espion à Cassion Andor lors de ces diverses missions. C’est Alan Tudyk (I Robot, Les Mondes de Ralph, La Reine des Neiges, Zootopie, Vaiana – La Légende du Bout du Monde), expert américain en doublage, qui prête sa voix à cet androïde attachant et pas comme les autres dans la version originale du film.
Autre membre du commando Rogue One, Bodhi Rook a une histoire bien particulière. En effet, avec Jyn Erso, c’est aussi par lui que l’intrigue du film débute. Pilote de cargo impérial, il découvre grâce à Galen Erso, la véritable nature de l’Étoile de la Mort, et prend ainsi conscience de toute la cruauté de l’Empire. Bodhi devient ainsi malgré lui le messager, celui que les Rebelles recherchent à tout prix, car lui seul détient la clé de la véritable nature de la nouvelle station spatiale de l’Empire. À l’écran, Riz Ahmed (Or Noir, Jason Bourne) interprète ce pilote qui semble totalement dépassé par les événements, mais qui sait toutefois conserver son calme et sa lucidité dans les situations les plus périlleuses.
Si les Jedi ne sont pas présents dans Rogue One, nous retrouvons toutefois des adeptes du côté lumineux de la Force. C’est notamment le cas de Chirrut Îmwe, ancien élève des gardiens du temple sacré de Jedha, le lieu saint le plus important pour les Jedi. Bien que Chirrut soit aveugle, il n’en demeure pas moins un véritable maître des arts martiaux Jedi, et manie aussi bien le bâton que Maître Yoda ne manie le Sabre Laser. C’est la star du cinéma d’arts martiaux hongkongais, Donnie Yen (Hero, Shanghai Kid 2, Ip Man), qui joue cet adepte de la Force.
Binôme inséparable de Chirrut Îmwe, Baze Malbus est une sorte de garde de corps, toujours prêt à assurer les arrières de son ami non-voyant. Bien qu’il ne soit pas croyant en la Force, Baze a un immense respect envers les convictions de Chirrut. Et par-dessus tout, il déteste l’Empire. Pour prêter corps à ce guerrier, c’est l’acteur-réalisateur chinois Jiang Wen (la série Un Pékinois à New-York, Les Démons à Ma Porte) qui a été retenu.
Outre les membres du commando Rogue One, d’autres nouveaux personnages gravitent autour de l’équipe. À commencer par Saw Guerrera. Ceux qui ont suivi la série animée Star Wars – The Clone Wars connaissent déjà le personnage, puisque Saw Guerrera était à l’époque un résistant de la République face à l’invasion de son monde par l’armée Droïde des Séparatistes. Mais avec l’avènement de l’Empire, Saw est devenu l’un des fondateurs de l’Alliance Rebelle. Il finira cependant par la quitter, la jugeant trop molle, pour créer un groupe de résistants violents, œuvrant contre l’Empire sur Jedha. C’est Forest Whitaker (La Mutante, Bird, Le Dernier Roi d’Écosse), qui interprète ce vieux guerrier usé par le temps et les batailles.
Autre personnage important de l’histoire, Galen Erso, le père de Jyn. Galen est un brillant scientifique, spécialiste des cristaux Kyber (les célèbres cristaux utilisés par les lames des sabres laser des Jedi). D’abord recrue volontaire de l’Empire, Galen et sa famille décident de se cacher de celui-ci lorsqu’il découvre la véritable nature du projet auquel sert son travail : la création d’une super-arme laser pour la nouvelle station spatiale impériale, l’Étoile de la Mort. Mais Galen est cependant rattrapé par ses anciens employeurs, usant de chantage pour le forcer à poursuivre ses travaux. Mads Mikkelsen (Casino Royal, le Choc des Titans, Doctor Strange, la série Hannibal), plutôt habitué aux rôles de méchant, interprète ici un père de famille prêt à tout pour protéger les siens de la menace de l’Empire.
Si de façon générale, l’Empire est l’antagoniste majeur de Rogue One, l’incarnation de cet antagonisme se fait essentiellement à travers Orson Krennic, le Directeur de la recherche scientifique militaire de l’Empire. Aussi froid et manipulateur que le Grand Moff Tarkin, et aussi colérique que Dark Vador, le Directeur Krennic est un homme ambitieux, dont l’espoir secret est de prendre le contrôle de sa création, l’Etoile de la Mort, une fois celle-ci opérationnelle. Ben Mendelsohn (Vertical Limit, Autralia, The Dark Knight Rises, la série Bloodline) s’est glissé dans les habits de ce personnage comparable aux scientifiques nazis de la seconde guerre mondiale.
Pour l’épauler dans ses actions les plus abjectes, le Directeur Krennic peut compter sur sa garde personnelle, composée de Death Troopers. Il s’agit d’une escouade de soldats d’élite des Stormtroopers, entièrement vêtus de noir, et appartenant à la Marine Impériale. Ils avaient notamment pour mission d’assurer la protection des hauts dignitaires de l’Empire. Contrairement à leurs homologues Stormtroopers, les Death Troopers sont de véritables soldats, n’ayant pas peur de la mort, et pleinement volontaires de leur actes, bien qu’ils soient directement sous les ordres des hauts gradés de l’armée impériale.
La réalisation de Rogue One : A Star Wars Story n’a pas été une mince affaire. Le poids était lourd pour celui qui devait porter à la fois le premier film dérivé de l’univers Star Wars ET une histoire faisant directement le lien avec le tout premier film de la saga, celui par qui tout a débuté. Paradoxalement, c’est à un jeune réalisateur avec peu d’expérience que Disney et Lucasfilm confièrent ce projet, Gareth Edwards (Godzilla le remake de 2014). Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le pari est pleinement réussi. Gareth Edwards a pleinement réussi à s’éloigner de la réalisation traditionnelle Star Wars (le générique déroulant, les changements de scène avec effacement, les Jedi et les Sith), tout en nous offrant un film de guerre et d’espionnage se déroulant DANS l’univers Star Wars. Cela permet ainsi d’apporter une véritable nouvelle vision à la saga, et de rapprocher réellement le spectateur de l’histoire vécue par les protagonistes de Rogue One. La réalisation d’Edward nous offre ainsi certains des plus beaux plans jamais vus jusque-là dans un Star Wars, notamment lors de certaines séquences, où la 3D-relief apporte réellement un plus non-négligeable.
Mais pour en arriver à un tel niveau, Gareth Edwards a grandement profité de l’expérience d’ILM et de son superviseur des effets spéciaux, John Knoll. Le film marie ainsi habilement prises de vue réelles, marionnettes, maquillage, et infographie. Une infographie qui a atteint un tel niveau de perfection qu’elle en arrive à reproduire l’effet « maquette » des vaisseaux de l’époque de la Trilogie Classique. C’est notamment le cas de l’Étoile de la Mort (aka l’Étoile Noire dans la version française de 1977), qui se fait ainsi bien plus menaçante que jamais, tout en nous révélant une force de frappe pouvant être chirurgicale, et pas seulement bourrin comme nous y étions habitués jusqu’à présent.
Outre l’Étoile de la Mort, le film nous permet de voyager sur quatre nouvelles planètes. Plus précisément trois nouvelles, puisque la première, Yavin IV, est déjà bien connue de tous les fans de la Saga, pour être la première base de l’Alliance Rebelle, et théâtre de la fameuse bataille de Yavin IV, qui verra la destruction de l’Étoile de la Mort. La reproduction de Yavin IV est tout bonnement sidérante, et donne réellement l’impression que les deux films Star Wars qui mettent en avant la base rebelle ont été tournés à quelques semaines d’intervalle.
Autre planète visitée par nos héros, Jedha. Il s’agit d’une planète désertique, connue pour être l’un des lieux saints de l’ancien Ordre Jedi. Mais Jedha est aussi connue pour être une véritable source de cristaux Kyber, d’où l’attrait de l’Empire pour cette planète, en plus d’être l’un des derniers foyers des adorateurs de la Force. Certains diront « encore une planète désert ». Mais à la différence de Tatooine ou de Jakku, le désert de Jedha fait plus penser à celui de l’Ouest américain, avec ces grands mesas et ses cavernes troglodytiques.
Ambiance différente cette fois sur Eadu, planète montagneuse et pluvieuse, abritant le centre de recherches scientifiques de l’Empire.
Enfin, l’acte final de Rogue One se déroule sur Scarif, la planète océan tropical. Scarif, c’est clairement l’endroit où vous voudriez prendre vos vacances, si l’Empire n’avait pas fait de cette planète l’une de ces principales et surtout le siège des archives impériales. Pour assurer sa protection, Scarif bénéficie d’un imposant bouclier, à l’image de celui déployé autour de la seconde Étoile de la Mort lors de sa construction autour de la lune d’Endor.
Derrière la partition, nous retrouvons une nouvelle fois le compositeur chouchou des studios Disney, Michael Giacchino (Les Indestructibles, Space Mountain Mission 2, Ratatouille, Là-Haut, la saga Star Trek, John Carter, A la Poursuite de Demain, Zootopie, Doctor Strange). Et après son travail sur Jurassic World, nous pouvons clairement dire que Giacchino est l’héritier naturel et légitime de John Williams. Le célèbre compositeur de la saga peut tranquillement prendre sa retraite, la relève est assurée haut la main par la génération actuelle. Même si à la première écoute, il est difficile de retenir un thème principal, l’harmonie de la musique avec les images est parfaite, et le style est très clairement celui de l’univers Star Wars.
Si de prime abord, le projet de film dérivé de l’univers Star Wars pouvait sembler discutable, force est de constater que Rogue One : Star Wars Story est un excellent film de la célèbre franchise, voire au-dessus de l’Épisode VII. S’éloigner des codes classiques de la saga, pour nous proposer une vision de l’univers d’un point de vue plus « humain » et moins « mystique » prouve largement que la galaxie créée par George Lucas est une source inépuisable d’histoires en tout genre, et qu’il n’est absolument pas nécessaire d’être « skywalkerocentré » pour avoir un bon film. Loin de la dénaturer, Rogue One : A Star Wars Story permet de renforcer le rôle de la Trilogie, tout en assurant un bon raccordement avec la Prélogie, formant ainsi un pont entre les deux époques. Et si finalement, c’était ça la fonction de cette série « A Star Wars Story » ?