Cette année 2018, c’est Marvel Studios qui a l’honneur d’ouvrir la saison des films de super-héros au cinéma. Et après une année 2017 placée sous le signe des suites et reboot, c’est un personnage original qui a droit à son propre film solo, Black Panther. Bien qu’introduit il y a deux ans dans Captain America : Civil War, T’Challa, alias la Panthère Noire, n’avait jusque-là pas encore bénéficié de son propre film. Mais ce sera chose faite donc à partir du 14 février en France. Alors, que valent réellement les aventures du premier super-héros noir de l’histoire des comics ? La Gazette de Mickey vous amène au Wakanda pour vous donner son avis.
Comme bon nombre de personnages de Marvel, la Panthère Noire est née de l’imagination de Stan Lee et Jack Kirby, durant l’année 1966. L’Amérique est alors en plein tourment social, avec le mouvement pour les Droits Civiques des afro-américains, et Marvel a déjà frappé un grand coup avec ses X-Men, dont les histoires ne sont pas sans rappeler les luttes de Malcolm X et Martin Luther King. La Maison des Idées a alors l’audace de mettre en avant un super-héros noir, le premier de l’histoire des comics. Mais bien plus encore, la Panthère Noire, T’Challa de son nom civil, est un authentique africain, le souverain respecté d’une nation secrète, puissante, et très évoluée sur le plan technologique, le Wakanda. Au fil de ces nombreuses années d’aventures, T’Challa fera notamment partie des Avengers, et épousera Ororo Munreo, alias la mutante Tornade.
Mais dans l’Univers Cinématographique Marvel (MCU), nous n’en sommes pas encore là. En effet, lors de notre première rencontre avec T’Challa dans Captain America : Civil War, celui-ci accompagnait son père T’Chaka, roi du Wakanda, à une conférence de l’ONU relative aux Accords de Sokovi. Mais, lors du discours de ce dernier devant l’assemblée, le prince héritier assistait à la mort de son père dans l’attentat de Vienne. Alors que tout semble accuser Bucky Barnes, le Soldat de l’Hiver, T’Challa revêtait le costume de Black Panther pour partir à sa recherche. Dans le conflit qui s’ensuivit entre super-héros, et opposant notamment Captain America à Iron Man, Black Panther se rangea d’abord derrière Tony Stark. Mais lorsqu’il découvrit que le véritable coupable de la mort de son père était Helmut Zemo, qu’il arrêta et livra à la Task Force d’Everett Ross, T’Challa changea de camp, et apporta même une aide précieuse à Steve Rogers, en offrant un asile politique secret au Soldat de l’Hiver.
L’histoire de Black Panther reprend donc là où s’était achevée celle de Captain America : Civil War, à peine quelques semaines plus tard précisément. Pour mener à bien l’écriture de ce film ambitieux du fait d’un casting principal entièrement composé de noirs américains (là aussi une première pour un film de super-héros, où les minorités visibles jouent plutôt les seconds rôles), Marvel Studios a décidé de laisser carte blanche au réalisateur et scénariste du film, Ryan Coogler (Fruitvale, Creed : l’Héritage de Rocky Balboa). Pour l’aider dans sa tâche, celui-ci a été épaulé par Joe Robert Cole (Amber Lake, la série American Crime Story). Et si le film respecte bien la trame principale du comics dont il s’inspire, vous pourrez ressentir clairement la pâte particulière des deux scénaristes, notamment avec les nombreuses références aux problèmes actuels des noirs américains dans la société. Très clairement, Black Panther est un film engagé, sans doute le plus politisé des films du MCU, avec un esprit pas très loin du slogan « Black Power »… des Black Panthers.
Après les événements qui se sont déroulés dans Captain America : Civil War, T’Challa revient chez lui prendre sa place sur le trône du Wakanda, une nation africaine technologiquement très avancée. Mais lorsqu’un vieil ennemi ressurgit, le courage de T’Challa est mis à rude épreuve, aussi bien en tant que souverain qu’en tant que Black Panther. Il se retrouve entraîné dans un conflit qui menace non seulement le destin du Wakanda, mais celui du monde entier…
Personnage principal du film, T’Challa, alias Black Panther, devient donc ici le nouveau roi du Wakanda, pays africain quasi-secret, et très avancé sur le plan technologique. Toujours interprété par Chadwick Boseman (Gods of Egypt, Captain America : Civil War), nous retrouvons ici un T’Challa toujours aussi déterminé, mais en proie à certains doutes, notamment vis-à-vis de secrets du passé de son bien-aimé père, feu le roi T’Chaka. Le personnage devient même plus attachant qu’il ne l’était jusqu’à présent, en révélant ainsi ses fragilités. Mais lorsqu’il revêt le costume de Black Panther, la figure protectrice du Wakanda, les faiblesses disparaissent, et T’Challa devient alors un véritable animal dont le seul objectif est la justice pour son peuple.
Mais bien que sur-homme par les bienfaits du Vibranium, le précieux métal qui fait la richesse technologique du Wakanda, Black Panther n’en reste pas moins vulnérable sur certains aspects, et notamment vis-à-vis de la gent féminine, dont Nakia, espionne du royaume et héritière de l’une des tribus fondatrices du pays. Si pour ce premier film, celle qui pourrait devenir la future Malice (une super-méchante ennemie de la Panthère Noire dans les comics) n’a pas une attitude très hostile envers T’Challa, bien au contraire, elle n’en reste pas moins une guerrière redoutable contre laquelle il ne vaut mieux pas se frotter. À l’écran, c’est Lupita Nyong’o (12 Years A Slave, Star Wars : Le Réveil de la Force, Le Livre de la Jungle) qui donne vie à ce personnage de femme forte et aux convictions bien marquées.
Parmi les femmes qui entourent T’Challa, nous avons sa mère, la Reine Ramonda, et sa petite sœur, la princesse Shuri. Si la première a plus un rôle de conseillère matriarche pour son fils, la seconde est, elle, beaucoup plus active au côté de son frère, puisqu’elle est la responsable scientifique du Wakanda, qui a pour charge la surveillance de l’exploitation du Vibranium, et le développement des différentes applications qu’il offre. Shuri occupe ainsi le rôle d’assistante technique de Black Panther, comme pouvait l’être Jarvis pour Iron Man. À noter que dans les comics, il lui est aussi arrivé de devenir ponctuellement la Panthère Noire… peut-être des pistes à creuser pour d’hypothétiques suites ?
C’est Angela Bassett (Malcolm X, Tina, Contact, Bienvenue chez les Robinson, la série American Horror Story) qui joue le rôle de Ramona, tandis que Shuri, la fille de cette dernière, est interprétée par la jeune Letitia Wright (Ready Player One, La série Humans) qui crève littéralement l’écran.
Des femmes fortes, il y en a décidément beaucoup autour de T’Challa. Mais la plus importante, en terme de rang, est certainement Okoye, la chef des Dora Milaje. Ces dernières constituent l’unité d’élite du roi du Wakanda, en charge de la protection du trône du pays. Outre leur mission de garde du corps de la famille royale, Okoye et les Dora Milaje sont aussi les gardiennes des traditions du Wakanda. De fait, elles sont chargées de faire appliquer les rituels de couronnement, et peuvent décider de renverser un roi dont les actions seraient jugées mauvaises pour la sûreté du pays, avec l’appui du conseil royal des cinq tribus. Jouée par Danai Gurira (Clochette et la Créature Légendaire, la série The Walking Dead), Okoye est une guerrière aussi forte que sage, et une précieuse alliée de Black Panther.
Mais dans l’entourage de T’Challa, il y a aussi des hommes. Parmi ceux encore en vie, nous pouvons citer W’Kabi et Zuri. Interprétés respectivement par Daniel Kaluuya (Get Out, les séries Skins et Black Mirror) et Forest Whitaker (La Mutante, Le Dernier Roi d’Ecosse, Zulu, Rogue One), le premier est l’un des membres du conseil royal des cinq tribus, en charge de la surveillance des frontières du Wakanda, tandis que le second est le grand prêtre du pays.
Au Wakanda, les morts ont aussi un rôle à jouer. Et dans la famille royale encore plus. Le film nous permet donc de retrouver T’Chaka, le père de T’Challa, dans des scènes oniriques dignes de séquences du Roi Lion. C’est John Kani (Endgame, Captain America : Civil War, Le Roi Lion « 2019 ») qui reprend ici son rôle, notamment dans les scènes se passant à notre époque.
Car d’autres fantômes du passé de T’Challa vont faire surface, et notamment N’Jobu, le frère cadet de T’Chaka, et potentiel prétendant au trône du Wakanda, mystérieusement disparu depuis des années lors d’une mission d’espionnage aux États-Unis. Ici, c’est Sterling K. Brown (les séries American Wives, American Crime Story, et This Is Us) qui interprète ce personnage.
Si les espions du Wakanda sont présents partout sur le globe, ceux des États-Unis ne sont eux aussi jamais bien loin. Nous retrouvons donc l’Agent Everett K. Ross de la CIA, ex-responsable de la Task Force, en charge d’arrêter le Soldat de l’Hiver suite à l’attentat dans lequel le roi T’Chaka a trouvé la mort. Mais dans Black Panther, ce personnage joué par Martin Freeman (H2G2 : Le Guide du Voyageur Galactique, la trilogie Le Hobbit, Captain America : Civil War, la série Sherlock) prend plus d’importance, et devient un peu le nouveau Phil Coulson du roi T’Challa. Le personnage se rapproche ainsi plus de la version originelle des comics, à savoir le principal agent de liaison entre le Wakanda et le monde extérieur.
Bien entendu, qui dit film de super-héros, dit aussi antagonistes. Dans Black Panther, ceux-ci sont plusieurs. Le premier est M’Baku, alias l’Homme-Singe, interprété par Winston Duke. Puissant seigneur de la sixième tribu constituant le Wakanda, M’Baku ne désire qu’une chose : prendre le trône du Wakanda et imposer le culte du dieu gorille à la place de celui de la panthère noire. Et lorsque la mort de T’Chaka survient, imposant les rituels de sélection d’un nouveau roi parmi les six tribus historiques du royaume, l’occasion est trop belle pour tenter de gagner le pouvoir.
Le deuxième antagoniste de Black Panther, nous l’avions déjà croisé dans Avengers : l’Ere d’Ultron. Il s’agit d’Ulysses Klaue, le trafiquant de Vibranium. Toujours joué par Andy Serkis (les trilogies du Seigneur des Anneaux et du Hobbit, la saga La Planète des Singes, Avengers : l’Ere d’Ultron, la postlogie Star Wars), le film permet de creuser là aussi un peu plus le personnage. Mais alors que nous l’avions laissé avec un bras en moins, le voici désormais doté d’une prothèse avec canon magnétique intégré, ne le rendant que plus dangereux pour notre héros. Les scènes entre Klaue et Everett sont d’ailleurs assez drôles, car elles ne sont pas sans rappeler la confrontation entre Bilbon Sacquet et Golum.
Dernier antagoniste du film, et non des moindres, Erik Stevens, alias N’Jadaka, alias Killmonger. Ancien militaire chargé notamment de déstabiliser les régimes politiques ennemis des États-Unis, Killmonger profite de la période de troubles laissée par la mort du roi T’Chaka, pour tenter de prendre le contrôle du Wakanda. Car bien qu’Américain, celui qui s’est allié à Ulysses Klaue pour arriver jusqu’à sa destination finale, possède bien des origines wakandaises, et a donc toute légitimité à pouvoir prendre au titre de Black Panther. Mais plus que le contrôle du pays, le personnage interprété par Michael B. Jordan (Red Tails, Chronicle, Les 4 Fantastiques, Creed : l’Heritage de Rocky Balboa) veut complètement renverser l’ordre mondial, en se servant de la technologie du Wakanda pour appliquer les mêmes méthodes que les suprématistes blancs… mais à la mode suprématiste noire.
Comme au scénario, c’est donc Ryan Coogler (Fruitvale, Creed : l’Héritage de Rocky Balboa) que nous retrouvons à la réalisation de Black Panther. Si la réalisation du film en elle-même (cadrages, lumières, plans) est assez conventionnelle et dans la droite lignée des autres films Marvel, la direction des acteurs est, elle, plutôt originale et assez déroutante en VO. En effet, bien que les comédiens soient quasiment tous d’origine américaine, ils interprètent pour la plupart des personnages africains, la Wakanda étant un pays fictif d’Afrique centrale. Ainsi, lorsqu’ils s’expriment en anglais dans leur dialogue, la majorité des acteurs ont dû prendre un accent africain pour coller au plus près à leur personnage, et renforcer ainsi la réalité de l’action.
Cette imprégnation africaine s’illustre magnifiquement sur le plan technique du film, donnant littéralement vie à ce royaume fictif du Wakanda. Que ce soit les costumes, les bâtiments, les vaisseaux, les traditions, le langage oral ou corporel, tout dans ce film transpire et magnifie cette Afrique de rêve, ultra-technologique et secrète qu’est le Wakanda, véritable personnage à part entière du film. Une mention spéciale est à accorder à la séquence animée d’introduction du film, présentant l’histoire du Wakanda, et notamment l’arrivée sur terre du Vibranium, réalisée tout en particules de sable.
Enfin, cette forte présence africaine, vous pourrez aussi la retrouver, et surtout la ressentir, à travers la musique du film, composée par le suédois Ludwig Göransson (Fruitvale, Top Five, Creed : l’Héritage de Rocky Balboa) et le rappeur Kendrick Lamar. Mélange de percussions traditionnelles et de sons plus urbains, la partition de Black Panther apporte la touche finale à ce gâteau qu’est le Wakadan. Après quelques années de bandes originales assez insipides, les dernières productions de Marvel Studios semblent ainsi avoir trouvé la bonne musique à jouer.
Bien entendu, qui dit film Marvel, dit Scènes Post-Générique. Comme depuis quelque temps maintenant, celles-ci sont au nombre de deux, la première en milieu de générique, et la seconde à la toute fin. Et là aussi, comme sur les dernières productions, l’une des scènes permet de conclure le film, tandis que la seconde ouvre sur celui à venir. Et pour une fois, les deux scènes ont une certaine utilité.
La première se déroule quelque temps après la fin des événements de Black Panther, et permet de répondre à l’une des questions qui est posée tout au long du film : le Wakanda va-t-il enfin s’ouvrir sur le reste du monde, et révéler ce qu’il est vraiment ? Mais outre cette réponse, la scène fait aussi écho à la situation chaotique dans laquelle se trouve les Avengers à la suite de leur « guerre civile », et les conséquences que cela pourrait avoir pour la suite.
La seconde scène se passe quelques jours avant Avengers : Infinity War, et fait écho à l’une des scènes post-générique de Captain America : Civil War, dans laquelle nous assistions notamment à la mise en hibernation de Bucky Barnes, alias le Soldat de l’Hiver, suite à la perte de son bras dans le duel qui l’avait opposé à Iron Man.
Après une année 2017 très comédies super-héroïques, 2018 s’ouvre donc ici avec un Black Panther beaucoup plus sérieux et posé que les précédents films de Marvel Studios (il faut dire que la guerre de l’Infinité n’est plus très loin, ce qui ne sera pas propice à la rigolade). Si l’intrigue est finalement assez prévisible (surtout si vous avez vu la bande annonce du prochain Avengers), le film en lui-même propose une ambiance et des environnements inédits pour un film de super-héros, porté par un casting trois étoiles, où les seconds rôles n’ont rien à envier au personnage principal, et où les femmes ont une place de choix (Black Widow et Gamora ne seront bientôt plus les seules femmes à défendre l’univers des dangers). Rendez-vous à partir du 14 février 2018 pour faire plus ample connaissance avec T’Challa, alias Black Panther, et son royaume du Wakanda.